Légendes urbaines – Débit de bière

 

« Débit de bière »… J’ai photographié cette inscription décolorée sur le flanc sud de la vieille bâtisse qui s’élève place du Rumat, au bord du Countirou, sous la route de Limoux, i. e. à l’endroit qu’on appelait jadis le Bascou 1Cf. La dormeuse blogue : Al Bascou, la maison de l’écorcheur ; Al Bascou – Autrefois, à l’aile du pont ; La dormeuse blogue 2 : A Mirepoix – Le quartier de Lilo – L’Isle et le Bascou.. C’était là jadis le siège de l’affachoir, l’abattoir, et, sur l’esplanade qui s’étend devant l’affachoir, l’emplacement du foirail. Les bêtes venaient alors, sur pied, majoritairement du pays basque, alors producteur des spécimens les plus recherchés, et représenté à Mirepoix par des commissionnaires très actifs. D’où le nom de Bascou. Ces commissionnaires feront des affaires particulièrement juteuses pendant la guerre franco-espagnole des années 1793-1795, puis 1808-1814, dans le cadre de la fourniture aux armées. L’affachoir, à partir des années 1840, a été converti en relais des postes de Castelnaudary. Le foirail, témoin de l’ancienne importance de la place de Mirepoix concernant le négoce et le traitement des produits de l’élevage des bovins, s’est maintenu jusque dans les années 1950.

On buvait après le négoce aux alentours de l’affachoir et du foirail. On se rend au « débit de boisson », au XIXe siècle, pour acheter des boissons à emporter, et au café, ou à l’estaminet, pour consommer sur place. Les archives de Mirepoix montrent que les titulaires de débits de boisson étaient, dans les années 1880, essentiellement des veuves, qui trouvaient là de quoi survivre à la disparition de leur époux, ou bien des artisans, qui aspiraient à un complément d’activité. Le débit des boissons se faisait alors à la porte ou à la fenêtre, de ces larges fenêtres mirapiciennes qui forment autant de vitrines sur la rue. Il intéresse les travailleurs modestes, qui buvaient dehors, au bord du Countirou, on suppose, ou bien sous les arbres (aujourd’hui disparus, hélas !) de la promenade du Jeu du Mail, ou encore alentour du lavoir qui, au nord, fermait cette promenade, à l’endroit où le Béal, dont le cours demeurait à cet endroit-là aérien, coule aujourd’hui sous la chaussée 2La dormeuse blogue : Le canal du moulin – 1. Du Countirou au pont de Raillette.. Les clients plus fortunés, maquignons et autres négociants, fréquentaient les cafés de la place et ceux du cours Saint Maurice, alors dédiés à l’absinthe. Suite à la disparition de l’affachoir, puis des postes de Castelnaudary, enfin du foirail, le débit des boissons, place du Rumat, a cessé aujourd’hui, au moins dans son mode ancien. L’actuelle place du Rumat abrite cependant le café du Rumat, un établissement fait pour la clientèle du faubourg, qui, non loin de la place, cultive même en août, quand le tourisme bat son plein, un tempo plus large, j’allais dire ma non tropo.

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