A Mirepoix – Le quartier de Lilo – 4. De la rue Coin de la rue de Paraulettes à la rue Coin de Caramaing

 

Ci-dessus, noms des rues qui encadrent le moulon : rue Coin de la rue de Paraulettes : aujourd’hui rue Astronome Vidal ; rue de Paraulettes et Saint Amans : aujourd’hui rue Frédéric Soulié ; rue du Coin de Caramaing : aujourd’hui rue Caraman ; promenade du Rumat : cours du Rumat, ici dans sa section rue de Lille.

Le moulon comprend seulement deux vastes parcelles et trois bâtiments, dont l’un situé au bord du cours du Rumat, l’autre rue Coin de la rue de Paraulettes, et le troisième à l’angle de la rue de Paraulettes et Saint Amans et de la rue du Coing de Caramaing. Le reste du moulon demeure vague ou dédié aux jardins. L’un de ces jardins présente sur le plan l’aspect d’un « parterre ».

Voici les noms des propriétaires de ces deux parcelles, situées sur le plan 2 du compoix de 1766 :

10. Jean Bauzil, bourgeois ; grange et autres couverts rue du Coin de Caramaing
11. Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs ; maison, passage ou patu, jardin à la rue du Coin de Caramaing.

Les deux propriétaires, qui partagent ici à eux seuls la totalité d’un moulon, appartiennent, sans surprise, à la catégorie la plus fortunée des habitants de Mirepoix.

La famille de Jean Bauzil, bourgeois, comprend des hommes de loi, un perruquier très couru, et un baigneur qui exerce le monopole de cette activité dans la cité.

Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs, dominent le marché du cuir à Mirepoix. L’examen du plan 1766 montre qu’ils sont alors les plus gros, ou parmi les plus gros propriétaires fonciers de la ville. Ils jouissent en effet d’un territoire qui s’étend de part et d’autre du cours du Rumat, fait d’une addition de parcelles diverse côté ville, et de plus de la moitié de « l’Isle » ((Cf. A Mirepoix – Le quartier de Lilo – Description globale.)), côté Countirou. J’y reviendrai dans un prochain article consacré à « l’isle » en question.

Les deux bâtiments sis sur la parcelle n°11 des frères Sutra m’intéressent particulièrement, car l’un d’entre eux a été en 1801 le théâtre du drame que j’évoque dans Dossier Guillaume Sibra dit Jean d’Abail – 5. Un homme disparaît et dans Née le 26 ventôse an IX, elle a reçu le prénom de Magdeleine

Le 3 germinal an IX (24 mars 1801), étant sortie hier et de grand matin pour aller aider la citoyenne Berdeilh dans son ménage, Jeanne Marie Sonnac, épouse de Michel Pintat jardinier, se trouve fort surprise en rentrant chez elle d’entendre pleurer l’enfant de la Marion Marty, dite Marionnasse, accouchée de huit jours, et de ne point voir la mère. Après avoir inutilement attendu jusqu’à onze heures, elle se décide à donner à téter à l’enfant. Puis, comme la mère ne reparaît toujours pas, qu’elle ne sait pas où celle-ci a été, qu’elle a seulement ouï dire que le premier du courant Marion a donné en gage une jupe à la femme dite Marrane pour se procurer de l’argent, Jeanne Marie Sonac alerte les autorités.

Où le drame de 1801 se déroule-t-il ? « Dans la maison de la citoyenne Maranne, près de la barrière du pont vis-à-vis du canal du moulin”, note l’agent municipal dans son registre. Or la « maison de la citoyenne Marrane » , comme on peut facilement en juger sur le plan de 1766, c’est anciennement la bâtisse qui s’élève au bord du cours du Rumat sur la parcelle n°11, alors propriété des frères Sutra. Je ne puis désormais passer devant cette bâtisse sans penser à Marion et à la petite Magdeleine, obscures victimes de ce drame de la misère toute crue.

 

Ci-dessus : vues de l’ancienne maison des frères Sutra, située à l’angle de la rue Astronome Vidal et du cours du Rumat.

 

Ci-dessus : vues du mur de refend de la même maison des frères Sutra, côté Rumat.

 

Ci-dessus : vue du front du moulon, côté Rumat.

 

Ci-dessus, de gauche à droite : vue globale du moulon sur le plan de 1766 ; vue aérienne du moulon aujourd’hui.

Je cherche à déterminer où se situe la maison qui fut en 1801 celle de « la citoyenne Marrane, près de la barrière du pont vis-à-vis du canal du moulin”. On voit que, sise jadis « près de la barrière du pont » figuré sur le plan de 1766, alors propriété des frères Sutra (parcelle n°11), c’est la maison que j’ai marquée d’un point rouge sur la vue aérienne. C’est donc là que le drame de 1801 s’est passé.

 

Ci-dessus : volets gris, portes vertes, aspect actuel de l’ancienne maison des frères Sutra, située sur la parcelle n°11, au bord du cours du Rumat.

 

Ci-dessus : détails de l’ancienne maison de la citoyenne Marrane, où habitèrent Jeanne Marie Sonnac, épouse de Michel Pintat jardinier, et Marion Marty.

 

Ci-dessus : vue du mur de refend de la même maison, depuis la rue Caraman.

 

Ci-dessus, de gauche à droite : vue du cul-de-sac de la rue Caraman, à l’endroit où le Béal, anciennement appelé canal du moulin, traverse le cours du Rumat sous la chaussée ; depuis le cul-de-sac de la rue Caraman, vue d’une maison de belle patine, qui n’existait pas toutefois en 1766.

A noter que la subduction du Béal sous la chaussée du cours du Rumat n’a été réalisée qu’au XIXe siècle. D’où, en 1801 encore, la nécessité du pont que l’on voit figuré sur le plan de 1766.

 

Ci-dessus, de gauche à droite : à l’angle de la rue Caraman et de la rue Frédéric Soulié, vue de la maison qui fut en 1766 la grange de Jean Bauzil, bourgeois ; vue de la même maison, côté rue Frédéric Soulié.

A suivre… Prochainement : A Mirepoix – Le quartier de Lilo – L’Isle et le Bascou.

A lire aussi : Moulons de Mirepoix

Têtes à chapeau

 

Il y a des têtes sur la maison des consuls ; il y en a aussi au marché de Mirepoix.

Je profite de cette vignette amusante pour signaler à mes honorables lecteurs que j’ai réussi à conjurer sur ce blog le maléfice des images qui ne s’affichaient pas sous Firefox 4 ni sous Google Chrome. J’ai dû pour cela modifier, image après image, la commande d’affichage, i. e. le bout de code qui accompagne chacune des images en question. J’ai trimé, mais ouf ! le pensum est maintenant derrière moi. Les images ressortent du bois !