Hers-vif, Hers-mort, ou le partage aquitain

 

Ci-dessus : vue du bord de l’Hers-vif à Mirepoix, en juin 2010.

Depuis le temps que j’entends parler de l’Hers-vif et de l’Hers-mort, j’ai eu envie de mettre au clair ce que j’en savais. J’ai pensé ensuite qu’il ne serait pas inutile de partager ces quelques lumières.

Quand on parle de l’Hers, ou du LLers, ou encore du Lhers, selon la graphie ancienne, il convient de préciser duquel il s’agit, car il y en a deux !

L’Hers-vif prend sa source en Ariège, près du col du Chioula, à l’endroit nommé Font de l’Hers ou Font du Drazet (1500m). Il passe successivement à Prades, Comus, Fougax-et-Barrineuf, Le Peyrat, Sainte-Colombe sur l’Hers, Chalabre, Camon, Lagarde, Roumengoux, Moulin Neuf, Mirepoix, Mazères, Calmont. Il se jette dans l’Ariège peu avant Cintegabelle.

Il se charge en route de diverses eaux affluentes, dont celles du Lasset, descendues des pics de Soularac et du Saint-Barthélémy ; de la fontaine intermittente de Fontestorbes ; du Blau à Chalabre ; de l’Ambronne à Moulin Neuf ; du Douctouyre ; de la Vixiège.

L’Hers-mort prend sa source dans l’Aude, à l’ouest de Laurac et du seuil de Naurouze, qui constitue la ligne de partage entre les eaux de la Méditerranée et celles de l’Atlantique. Il creuse d’abord son chemin dans le terrefort du Lauraguais, puis coule dans le couloir de Naurouze. Traversant ainsi deux départements, l’Aude, puis la Haute-Garonne, il passe par Mayreville, Peyrefitte-sur-l’Hers, Salles-sur-l’Hers, Saint-Michel de Lanès, Villefranche de Lauraguais, Baziège, Labège, Belberaud, Montaudran, Toulouse, Saint-Alban, Saint-Jory, Castelginest, Balma, et se jette dans la Garonne à côté de Castelanau-d’Estrétefonds, près de Grenade.

L’Hers-mort a pour affluents le Girou, la Marcaissonne, la Saune, le Jammas, le Thésauque, le Gardijol. Il est alimenté en outre par le barrage de la Ganguise, situé près du seuil de Naurouze.

L’Hers-mort doit son nom aux épisodes d’assèchement qu’il a connus chaque été, avant la construction du barrage de la Ganguise. Celui-ci contribue désormais au maintien de l’étiage.

 

Vues « satellite ». De gauche à droite : cours de l’Hers-vif ; cours de l’Hers-mort.

 

Vues « earth ». De gauche à droite : cours de l’Hers-vif ; cours de l’Hers-mort.

Cliquez sur les cartes pour les agrandir.

Les deux Hers rejoignent via le couloir de Naurouze le bassin versant aquitain.

Née aux environs des Angles, dans les Pyrénées orientales, l’Aude, quant à elle, rejoint à partir de Carcassonne le bassin versant méditerranéen.

 

La vue aérienne montre comment s’opère ici le partage des eaux. L’Hers-vif et l’Hers-mort versent à l’ouest du seuil de Naurouze vers le bassin aquitain. L’Aude verse à l’est du seuil de Naurouze, vers le bassin méditerranéen.

13 réponses sur “Hers-vif, Hers-mort, ou le partage aquitain”

  1.  » Partage aquitain  » : j’adore ! En guise de remerciement, je propose :  » Tramezaygues  » dont l’étymologie correspond à  » inter ambas aquas  » … Après ton grec, mon latin …
    Cet article est un pur bienfait ! Combien de fois n’ai-je pas vérifié le tracé de l’un ou l’autre des Hers ! Grâce à toi, tout est dit. Je retrouve le Gardijol, qui passe à Gardouch (cf Le Passeur, d’Antoine de Lévis Mirepoix), le Blau (grand responsable méconnu des inondations de Camon et Mirepoix, dont celle de juin 1289, quand son débit furieusement irrégulier a précipité des masses d’eau dans l’  » yrcea alba « , avec les tragiques conséquences que l’on sait.) et toutes ces rivières qui ont des noms magiques.
    Merci pour cette salutaire mise au point !

    1. Eh bien moi qui ai vécu 30 ans à Grenoble, je me suis trouvée toute émue de retrouver sur votre site le fort Rabot, où nous allions baguenauder le week-end, lorsque nous étions étudiants. Merci de me rappeler à ces souvenirs…

  2. Bonjour !
    Veuillez annuler mon précédent message svp, tronqué par une fausse manip.

    Je disais donc que cette petite étude était fort sympa, instructive d’une part mais me laissant tout de même sur ma faim….
    Je m’intéresse personnellement au Canal des deux mers dont chacun des tronçons est concerné par un HERS, mais lequel ?
    Le CANAL LATERAL A LA GARONNE enjambe l’Hers-mort au niveau de Castelnau d’Estretefonds juste avant que celui-ci ne rejoigne la Garonne tandis que le CANAL DU MIDI enjambe ce que j’avais toujours pensé être l’Hers-vif aux alentours de Gardouch.
    En fait, si j’ai bien compris ce que vous nous contez, ce serait le même Hers-mort qui serait par deux fois enjambé par le canal ( je n’arrive pas sur vos cartes à percevoir le trajet du canal et celui de l’Hers-mort) puisque l’Hers-vif se jette selon vous dans l’Ariège.

    Mais ce qui me préoccupe également, et c’est là que je n’ai pas trouvé mon compte, c’est l’étymologie de l’hydronyme : quelle est l’origine du nom Hers ?
    Si vous-même ou quelqu’un(e) de vos connaissances pouvait satisfaire ma curiosité j’en serais très heureux.
    Par avance merci et encore bravo pour votre petit billet sur « Hers-vif, Hers-mort ».
    Si je trouve cette étymologie avant vous je m’engage à vous communiquer ma trouvaille afin d’enrichir votre billet.

  3. Bonsoir à travers le blog de mon amie !
    Nous aussi, nous nous intéressons beaucoup au Canal du Midi ou des deux-mers … Si vous parcourez d’autres articles de ce blog, vous trouverez des références à l’histoire de Mirepoix, et au sein de celle-ci, au séjour de Pierre Pol Riquet en notre petite ville, de 1634 à 1646, dans le cadre de sa charge au grenier à sel de Mirepoix.
    Il a , semble-t-il, envisagé d’utiliser le cours de l’Hers vif (le nôtre) pour son projet mais a renoncé à cause de l’irrégularité du débit des eaux. Il est ensuite parti pour Revel. Nous n’avons pas plus d’informations à ce sujet !

  4. Merci la dormeuse pour cette carte qui montre parfaitement le tracé de l’Hers mort.
    Après avoir contourné Toulouse par le nord-est c’est donc bien lui qui repasse sous le canal avant de se jeter dans la Garonne.
    Mais je vais me montrer un emmerdeur jusqu’au bout !!!
    J’avais bien compris que l’Hers fut à l’origine l’ « yrcea alba » mais si « alba » peut se traduire par la blancheur qu’en est-il de « yrcea » ? Même mon vieux Gaffiot (dico de latin) ne veut rien me dire …

    1. Yrcea dérive d’une racine celtique, ou plutôt celte-ibère.
      Hélas, je n’en sais pas plus.
      Un espoir peut-être ici, quand j’aurai mis la main sur l’article :
      G. ASTRE, Le nom de l’Hers. Bull. de la Soc. d’Hist. naturelle de Toulouse XCI (1956), 277-
      278.

      1. Quelques infos :

        1. Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, p. 453
        http://archive.org/stream/bulletincommissi09comm#page/452/mode/2up

         

        2. Couleur Lauragais, 2007

        « Les noms de cours d’eau proviennent en majorité de racines pré-indo-européennes. Ainsi l’Hers, Rivus Yrcii en 1278 (Hers ou Hers Mort) Yrce Alba (Grand Hers ou Hers Vif) vient de la racine hydronymique pré-indo-européenne Ir, qui a le sens d’eau, de rivière. »
        http://www.couleur-lauragais.fr/pages/journaux/2007/cl89/histoire2.html

        3. Couleur Lauragais, 2006

        « Le toponyme Hers
        Il s’écrit souvent sans « h » et sans « s » ; son origine est très ancienne et difficile à expliquer comme nous le dit un spécialiste (Baby) ; la racine Ariège a le même sens, ruisseau, la racine ER signifie également : eau, ruisseau, rivière, un écoulement d’eau ; c’est une racine pré-indo-européenne désignant de l’eau, un cours d’eau. La forme du toponyme est variable et ancienne : ainsi Sabarthés (spécialiste de la toponymie) relève : Super Fluvium Yrce Alba (959 après J.C), Irce (968), Flumen De Ercio (1002), Flumen Yrcii (1173), Lers (sur la carte de Cassini 1780) ; pour l’Hers Mort, on relève : Hercium (1185), Rivus Yrcii, l’Ers Morte (1781), Lers Mort (cadastre de Fonters). »
        http://www.couleur-lauragais.fr/pages/journaux/2006/cl%2085/aufildeleau.html

        1. En somme, si l’on résume « yrcea alba » = rivière aux eaux blanches (ou aux eaux claires), ce qui convient parfaitement à l’Hers-Vif, notamment si vous allez le voir dans sa partie pyrénéenne, vers Bélesta où ses eaux sont d’un limpidité extraordinaire.
          Mais l’étymologie qui fait dériver aussi le nom Hers d’une racine voulant dire opiniâtre, courroucé, capricieux irrité, convient également à merveille, tant nos deux Hers sont deux rivières un brin rebelles et promptes à de belles et grosses crues, encore et toujours malgré les barrages dont on les a arnachées (Montbel, la Ganguise). Pour l’Hers-Vif, Mirepoix s’en souvient en 1289, Bélesta le 24 juin 1802 et le 11 juin 2008 suite à de gros orages et toute la vallée a maintes fois essuyé les plâtres de ce caractère fougueux (juin 1875, mai 1977, janvier 1981, juin 2000….).

          Jean-Nicolas AUDOU

  5. Bonjour et merci à tous ceux qui ont répondu à mes interrogations.
    Pour ma part, j’adopte la première analyse résumée par Jean-Nicolas Audouy: « yrcea alba » = les eaux blanches ou claires. J’ai pensé que cette blancheur pouvait qualifier les eaux lors des crues comme d’autres torrents charrient des eaux noires, rouges, jaunes ou autres. Mais s’il n’en est pas ainsi « alba » peut effectivement traduire la clarté.
    La deuxième analyse me paraît plus douteuse d’autant que l’ « Hers vif » serait alors un gentil pléonasme: le « courroucé vif » ça le fait pas…
    Je vous salue tou(te)s. Claude.

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