Du côté de Mazeroles et de Montcabirol

 

Je m’intéresse aux chemins qui permettent de circuler à l’écart de la grand route entre Mirepoix, Sénesse de Sénabuge et Saint Julien de Gras-Capou, car la lecture des archives de Mirepoix montre que, bien connus de la population locale, ces chemins ont favorisé la fuite et l’évaporation de nombreux réfractaires et déserteurs des années 1800-1810, au sein d’une contrée reculée, couverte de bois, dotée d’accès discrets vers Lavelanet ou vers Dun, et abritant des villages amis, tels Mazeroles et Montcabirol. Aujourd’hui, sous un ciel incertain, j’ai eu envie de cheminer à mon tour pedibus cum jambis de Mirepoix à Montcabirol.

 

J’étais accompagnée de l’un de mes fils. Nous nous sommes d’abord rendus à Besset, en passant par Las Graoussos pour éviter la grand route. A Besset, revenus un moment sur la grand route, nous avons pris la direction de Sénesse de Sénabugue. A gauche, de l’autre côté de la chaussée, après la jolie maison rouge.

 

La route s’étire entre deux lignes de collines recouvertes de grands bois. Nous nous enfonçons dans une vallée déserte.

 

La surprise vient, à côté d’un champ de maïs, d’une pièce de terre plantée à la fois de tournesols et de fleurs multicolores.

 

Des balles de paille aux circonvolutions des écorces, les formes se répondent étrangement.

 

Le village de Mazeroles est fantôme. Il ne reste qu’un ensemble de bâtisses abandonnées, dont une grande maison, qui semble avoir été belle. Le portail, sous les feuilles, est surmonté d’une aigle impériale. A gauche, la pancarte indique la direction de Montcabirol (1,2 km) et de Saint Julien de Gras-Capou. A droite, la route continue vers Sénesse de Sénabugue.

 

 

S’agit-il ici de la maison Amouroux, fief d’une famille connue jadis pour sa scierie mobile à vapeur ? ((Cf. Histoire et Patrimoine en pays de Mirepoix, p. 159, édition Encre verte, Perpignan ; ouvrage disponible à l’Office de Tourisme de Mirepoix.)).

 

Ensemble, ces deux images représentent tout ce qui reste du village de Mazeroles.

 

 

Nous cheminons maintenant en sous-bois. La route devient de plus en plus mauvaise, crevée en de nombreux endroits, coupée par de nombreux gués.

 

Autour de chaque gué, le sous-bois se trouve encombré d’arbres tombés.

 

Nous cheminons ici au pays des vieux arbres et des eaux de ruissellement. Nous croisons à chaque pas des arbres géants, cernés de lierre, et des miroirs d’eau, qui attrapent sous l’ombrage des morceaux de ciel.

 

 

Un peu plus d’un kilomètre après Mazeroles, nous sortons du bois. La route se dégage. Nous arrivons à Montcabirol.

 

 

 

 

Voici, à droite de la masure ci-contre, le chemin par lequel nous sommes arrivés. J’aurais bien voulu m’avancer plus avant parmi les quelques maisons encore debout afin de voir le « magnifique cadran solaire en pierre » signalé dans Histoire et Patrimoine en pays de Mirepoix ((Cf. Ibidem, p. 125.)), mais trois chiens ont surgi, qui avaient pour consigne de paraître méchants, et qui l’étaient peut-être. Nous n’avons pas insisté.

Passant rapidement notre chemin, nous avons cheminé encore quelque temps, de gué en gué, dans la direction de Saint Julien de Gras Capou. Mais l’après-midi s’avançait. Une bonne marche nous attendait pour rentrer. Nous avons fait demi-tour, affronté une seconde fois les chiens, et nous sommes repartis dans la direction de Mirepoix. Le chemin, dans ce sens, va plus vite car il descend. Arrivés à Besset, nous avons pris jusqu’aux Graoussos le sentier qui chemine le long de l’ancienne voie ferrée ((Cf. La dormeuse blogue : De Mirepoix à Besset, sans passer par la grand route)). Pour le plaisir de revoir les petits ponts et tunnels qui jalonnaient naguère cette voie. Enfouis dans la verdure, ils figurent aujourd’hui des sortes de ruines romantiques.

 

Voici la carte correspondant à cette promenade :

 

Distance Aller-Retour : environ 14 km.
Temps moyen (sans compter les arrêts photos, fleurs, etc.) : 3 heures.

 

Ci-dessus, à la place du cadran solaire que nous n’avons pas vu, voici une photo de photo, communiquée par Martine Rouche : « L’un Rix et L’autre Ploure », lit-on au-dessus du cadran.

A lire aussi :

De Mirepoix à Besset, sans passer par la grand route

3 réponses sur “Du côté de Mazeroles et de Montcabirol”

  1. Je t’envoie une photo (d’une photo papier !) du cadran solaire. Le texte dit : L’un Rix et L’autre Ploure. C’est un cadran très simple mais fort beau. Tu peux ajouter cette photo à ton article, si tu le souhaites : ton blog continue ainsi d’être la plus importante base de données sur le Pays de Mirepoix (entre autres domaines …)…

  2. En souvenir de nos tentatives alternées de les photographier non loin de Mazeroles …

    Les Moutons
    Antoinette DESHOULIÈRES
    Recueil : « Idylles »
    Hélas ! Petits moutons, que vous êtes heureux !
    Vous paissez dans nos champs sans souci, sans alarmes,
    Aussitôt aimés qu’amoureux !
    On ne vous force point à répandre des larmes ;
    Vous ne formez jamais d’inutiles désirs.
    Dans vos tranquilles coeurs l’amour suit la nature ;
    Sans ressentir ses maux, vous avez ses plaisirs.
    L’ambition, l’honneur, l’intérêt, l’imposture,
    Qui font tant de maux parmi nous,
    Ne se rencontrent point chez vous.
    Cependant nous avons la raison pour partage,
    Et vous en ignorez l’usage.
    Innocents animaux, n’en soyez point jaloux :
    Ce n’est pas un grand avantage.
    Cette fière raison, dont on fait tant de bruit,
    Contre les passions n’est pas un sûr remède :
    Un peu de vin la trouble, un enfant la séduit,
    Et déchirer un coeur qui l’appelle à son aide
    Est tout l’effet qu’elle produit.
    Toujours impuissante et sévère,
    Elle s’oppose à tout, et ne surmonte rien.
    Sous la garde de votre chien,
    Vous devez beaucoup moins redouter la colère
    Des loups cruels et ravissants
    Que, sous l’autorité d’une telle chimère,
    Nous ne devons craindre nos sens.
    Ne vaudrait-il pas mieux vivre comme vous faites,
    Dans une douce oisiveté ?
    Ne vaudrait-il pas mieux être comme vous êtes,
    Dans une heureuse obscurité,
    Que d’avoir, sans tranquillité,
    Des richesses, de la naissance,
    De l’esprit et de la beauté ?
    Ces prétendus trésors, dont on fait vanité,
    Valent moins que votre indolence.
    Ils nous livrent sans cesse à des soins criminels ;
    Par eux plus d’un remords nous ronge.
    Nous voulons les rendre éternels,
    Sans songer qu’eux et nous passerons comme un songe.
    Il n’est, dans ce vaste univers,
    Rien d’assuré, rien de solide :
    Des choses d’ici-bas la fortune décide
    Selon ses caprices divers.
    Tout l’effort de notre prudence
    Ne peut nous dérober au moindre de ses coups.
    Paissez, moutons, paissez sans règle et sans science :
    Malgré la trompeuse apparence,
    Vous êtes plus heureux et plus sages que nous.

Laisser un commentaire