Les Hérétiques – Créé à Béziers en 1905, un opéra de Ferdinand Hérold et Charles Levadé

 

 

Ci-dessus : cartes postales anciennes, communiquées par Martine Rouche.

Le succès de Charles Levadé (1869-1948), disent les musicologues, commence vraiment avec un opéra en trois actes, Les Hérétiques, tragédie lyrique sur un poème de Ferdinand Hérold (1791-1833), compositeur plus ancien, très connu à l’époque romantique.

Le poème évoque, dans le cadre de la croisade contre les Albigeois, les heures tragiques qui précèdent le sac de Béziers par les troupes de Simon de Montfort, le 22 juillet 1209.

Ni Ferdinand Hérold ni Charles Levadé, tous deux parisiens, n’ont d’attaches personnelles avec le Midi. Mais comme Charles Peytavie le faisait récemment remarquer dans sa belle conférence, Et si Ivanhoé avait été occitan ?, dédiée au cycle des romans historiques de Frédéric Soulié (Le Vicomte de Béziers ; Le comte de Toulouse ; Le Comte de Foix), grâce à nostre Frédéric Soulié qui, dans les années 1830, initie le public aux histoires de la croisade, la matière languedocienne jouit d’une grande popularité au XIXe siècle, car elle symbolise, par effet de glissement métaphorique ((Cf. Les cheminements de la mémoire albigeoise – Une conférence de René Soula)), l’horreur de tout pouvoir qui opprime, l’héroïsme de tout peuple opprimé. La sensibilité de la France d’alors, qui demeure éprise de liberté, va bien sûr aux opprimés, ici aux victimes de la monarchie française et de l’église catholique romaine.

 

A ma connaissance, il n’existe pas d’enregistrement audio des Hérétiques. Mais le livret, à lui seul, est très beau. A télécharger sur le site Internet Archive.org : Les hérétiques : opéra en 3 actes, musique de Charles Levadé … (1905) (dans la colonne de gauche intitulée « View the book », choisir l’option « All Files : HTTP » ; cliquez ; puis téléchargez le fichier leshrtiquesopra00levagoog.pdf).

A lire aussi :
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Une réponse sur “Les Hérétiques – Créé à Béziers en 1905, un opéra de Ferdinand Hérold et Charles Levadé”

  1. Bravo pour cet article qui va sûrement inciter tes lecteurs à se documenter plus avant sur  » Les Hérétiques « , mais s’ils se passionnent ensuite autant que moi pour cette période fantastique qu’a connue la ville de Béziers, de la fin du XIXe aux premières années du XXe siècle, grâce au mécène Castelbon de Beauxhostes, c’en est fait d’eux ! Nous qui nous passionnons pour cette notion d’art du Sud, ou du Midi, n’oublions pas que Déodat de Séverac (de St-Félix de Lauragais) a proposé aux arènes de Béziers  » Héliogabale « , Aymé Kunc, toulousain, a proposé  » Les Esclaves « , pour ne citer que les compositeurs méridionaux. Sans oublier Camille Saint-Saëns ni Herold et Levadé ! Les décors étaient gigantesques, les arènes étaient réservées tout l’été pour Castelbon de Beauxhostes, auquel la ville de Béziers s’associait de toutes ses forces tant les autorités locales avaient foi en lui et en ses projets et tant ils avaient compris le bien-fondé de sa démarche pour mettre l’art lyrique à la portée de tous. Le prix des places était modique, pour permettre au plus grand nombre d’assister aux représentations, des trains spéciaux, à bas prix aussi, étaient mis à la disposition générale, tout cela laisse rêveur ! Grâce à quoi, une toute jeune fille, dont le père était ouvrier agricole dans les vignes et dont la mère était illettrée, mais qui ont TOUT fait pour qu’elle s’éduque et s’instruise , a pu assister à la représentation de l’opéra  » Les Hérétiques  » en 1911. C’était ma grand-mère Rose …

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