La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

Où ça ?

Une vie d'étude et de bohème.
La baleine m'emportait.
Où ça ?
La baleine le savait-elle mieux que moi ?
L'océan n'est pas le règne des fins.

Le souvenir du rivage me quittait.
Quel rivage ?
Un jardin oublié,
la maison morte,
un cygne de papier
posé par une main d'enfant sur un bout de miroir,
la nappe de Noël,
venue de Pologne,
un trois-mâts qui roule
sous le vent
au dos d'un jeu de cartes d'avant-guerre…

Le rivage est toujours d'avant-guerre,
croit-on,
mais la guerre toujours
a déjà commencé,
dans les années profondes,
il y a un as de pique sous le trois-mâts,
ne retourne pas la carte,
monte dans le trois-mâts,
le monde est grand,
crois-tu,
mais le hasard bat les cartes,
le vent a retourné l'as de pique,
le navire a coulé,
la baleine est passée par là,
quo vadis, domine, disait-on
au temps du catéchisme,
et j'ai lu Sienkiewicz,
et j'ai lu Mort, où est ta victoire ?
et même Guy de Larigaudie
chez les soeurs de Notre Dame de Sion,
mais nul n'a jamais su où va la baleine,
et l'océan passe toujours la promesse
du rivage,
des cartes,
du jardin d'autrefois
de la maison plus ancienne,
d'un cygne de papier.

C.B.

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