La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

A la recherche de la chapelle de Saint Loup

Le 14 août, à la suite de Mazerettes à la fin du temps des évêques, Samdeparla ajoutait le commentaire suivant :

"Il y a juste au dessus de Mazerettes face à l’Hers un vestige de ruine, de chapelle dit- on, où un ermite a vécu. C’est un site  très ancien, peut-être plus que Mazerettes. Il y a eu des fouilles, je crois, mais un puits profond existe, on peut le trouver dans les fourrés, c’est sûr. Trouvez vous des traces de ce site sur vos cartes (cartes 25000/) ou infos ?"

J’ai demandé à Samdeparla quelques précisions relatives à l’aspect du site en question. 

"Il ne reste vraiment plus rien que des traces de fondations", m’a répondu Samdeparla. "Le puits existe bien, je l’ai vu mais  difficile à retrouver. Pour y aller, à l’angle de Mazerettes continuer un ou deux km vers Salles et grimper à droite jusqu’en haut, revenir vers le plateau qui surplombe Mazerettes. La vue est belle sur les Pyrénées".

Martine Rouche, dans une suite de nouveaux commentaires, nous a fourni d’autres renseignements tirés des archives de Mirepoix et de Foix, ou encore de la "Notice historique sur les évêques de Mirepoix," publiée en 1912 par le chanoine Robert dans le tome I du Bulletin Historique du diocèse de Pamiers  : 

"Le 12 septembre 1696 a esté enterré au cimetière Jean Baptiste Manent hermite de saint loup âgé d’environ 60 ans décédé à l’hôpital" (in Registres B.M.S. de Mirepoix).

"Le 9 septembre 1791, des terres dépendant de la chapelle de Saint-Loup ont été vendues au citoyen Jean Estève" (AD Foix, série 1J274, vente des biens nationaux).

"La chapelle de Saint-Loup était située à quelques kilomètres de Mirepoix, au-dessus de Mazerettes, sur un coteau dénudé. Autrefois, cette chapelle était dédiée à Notre-Dame-du-Puy, et il y avait un abri pour ermite. Tous les ans, le mardi de Pâques, l’évêque et le chapitre s’y rendaient en procession. En 1696, le frère Manent, ermite de Saint-Loup, laisse une rente foncière à l’hôpital de Mirepoix pour l’entretien de la chapelle. En 1719, des travaux sont entrepris. Le Peintre M. Vermon peint le devant de l’autel. Il avait travaillé pour la cathédrale et les chapelles de l’hôpital. La chapelle de Saint Loup est détruite lors la Révolution et seules quelques ruines indiquent son ancien emplacement. Certains objets du culte ont été portés à l’église de Mazerettes, dont le portrait de Saint-Geniès" (passim, d’après le texte du chanoine Robert). 

Ainsi renseignée sur le nom de la chapelle située "juste au dessus de Mazerettes face à l’Hers",  j’ai pu rechercher ce nom sur la carte au 1:25 000, conformément au voeu de Sampdeparla. Je l’ai trouvé :

J’ai trouvé "Saint Loup" sur la carte, et je suis allée voir.

Partis à pied de Mirepoix, nous avons d’abord gagné Mazerettes via Bartas, Bize et Senesse, par l’ancien chemin qui court en sous-bois. On voit que le chemin ne sert plus ; il se referme par endroits. Ce chemin longe sur l’arrière l’ancienne résidence d’été des évêques de Mirepoix avant de déboucher sur la D625, qui traverse le village de Mazerettes et conduit 20 kilomètres plus loin à Salles-sur-l’Hers.

Nous avons cheminé un moment sur la route qui monte vers Salles-sur-l’Hers, puis nous nous sommes engagés à droite sur un sentier qui mène à une coupe de bois. Plus haut sur la pente, nous commencions à entrevoir la chaîne des Pyrénées entre les feuillages lorsque nous sommes arrivés aux premières pierres, éparses dans le bois. Juste sous la crête (350 m), nous avons trouvé, adossé à cette dernière, appareillée ici de quelques rangées de grosses pierres régulières, vestiges sans doute d’un mur, un tumulus informe, fait d’un amoncellement de pierres inégales et de branches mortes. C’est là, semble-t-il, le "vestige de ruine" décrit par Samdeparla.  

On m’avait dit que nous trouverions le puits à "environ dix pas" de là. Déception. Nous sommes sûrement passés à côté, mais nous ne l’avons pas retrouvé. Il se cache probablement sous les ronces. Nous reviendrons en hiver, lorsque la végétation sera plus clairsemée.

Nous n’avons pas manqué en revanche "la belle vue sur les Pyrénées". 

Cliquez sur les images pour les agrandir.

Au retour, on a le temps de constater, dans le cadre d’une vue historiquement étonnante, que la cathédrale de Mirepoix est une cathédrale aux champs.

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dans: archives, Ariège, églises, Mirepoix.

1 commentaire au sujet de « A la recherche de la chapelle de Saint Loup »

  1. Martine Rouche

    N’avez-vous pas eu une petite pensée pour l’ermite Jean Baptiste Manent ? N’avez-vous pas tenté de penser comme un ermite ?

  2. La dormeuse

    Nous étions inquiets de ne pas trouver le puits. « Il ne doit pas être loin de la chapelle. L’ermite avait besoin d’eau ». Nous avons été impressionnés par l’extrême solitude de ce lieu et frissonné à la pensée de ce que devait y être l’hiver…

  3. Serge Alary

    S’agit-il du même puits ?
    Sur le plateau qui domine Mazerettes au nord, au-dessus de la cote 400 m, existe un puits très profond, ouvert au ras du sol, inclus dans le périmètre de ce qui semble être un ancien oppidum gaulois.
    Des vestiges antiques ont été découverts sur ce plateau ainsi que sur les pentes environnantes.
    Avec des amis archéologues nous avons tenté de retrouver ce puits que j’avais vu pour la première fois au début des années 1980. La végétation a envahi presque tous les espaces qui étaient dégagés il y a une trentaine d’années. Nous avons repéré quelques traces de murs dans les ronciers mais le souvenir de l’emplacement exact du puits s’est estompé.
    Une recherche approfondie en période hivernale serait peut-être plus profitable ?
    Rappelons, à cette occasion, qu’il existe une réglementation concernant la prospection archéologique, au même titre que les sondages et fouilles archéologiques. Si la prospection « visuelle » est accessible à tout le monde, par contre toute prospection devant amener à des sondages, même de faible profondeur, est soumise à autorisation du Service Régionale de l’Archéologie (SRA).

  4. Raymond Saint-Félix

    Avec deux amis, nous avons déblayé ce puits en 1970/71 à la demande de M BIESSE secrétaire de la mairie de Mirepoix (j’avais effectué quelques fouilles supervisées par l’abbé JM DURAN à la matto de l’agréou).
    Nous sommes parvenus, avec des moyens très sommaires, à la profondeur de 11 mètres, une dalle imposante empêchait notre progression.
    J’ai abaondonné le chantier en 1972 (service militaire puis travail à Paris).
    Les agents municipaux auraient poursuivi les travaux mais n’auraient guère progressé.
    Ce puits est bâti sur 5 mètres avec un diamètre d’environ 70 centimètres, il traverse ensuite une couche de poudingue jusqu’à 8 mètres et a une forme triangulaire légèrement oblique, ensuite il redevient rond et bâti pour un diamètre d’un mètre.
    Sur l’usage de ce puits je suis dubitatif au regard de son profil et des indices ci-après.
    A 11 mètres nous n’avons trouvé aucune trace d’eau mais un loir endormi qui avait établi là ses quartiers d’hiver ( novembre 1971).
    Lors du déblaiement, nous nous éclairions avec une lampe à acétylène, un infime courant d’air faisait vasciller la flamme en permanence.

    Je suis revenu sur le site il y a une dizaine d’années,la végétation avait effectivement tout envahi et le puits était aux 3/4 comblé (je pense que c’est l’oeuvre des agents municipaux pour prévenir tout accident).

  5. samdeparla

    C’est le club des cinq la -haut …Votre photo d’un morceau de mur de pierres ne correspond pas au « vestige  » à dix pas du puits.Vous n’avez donc pas cherché au bon endroit semble t-il. Il est à la cote 430, au plus haut, au bord de la pente qui descend sur Mazerettes .
    Alors oppidum ou chapelle ? les deux?
    Puits ou souterrain ? d’ou vient le courant d’air qui fait vasciller la lampe acetyléne de Raymond (ah, c’était eux,la chévre au dessus du trou …).

    « On ne saura toujours pas ce qu’a voulu dire le loir »

    Martine, pour penser comme un ermite ,il faut aller la haut dormir, et croiser la toile d’araignée couverte de rosée à l’aube, faire l’oiseau, croquer le genevrier, recracher ,preférer l’églantier sucré, puis faire Sa dormeuse qui « pense comme une montagne ». Alors on est plus seul. Avec le Soularac .

  6. La dormeuse

    « Penser comme une montagne » est un mot de l’éco-philosophe américain Aldo Leopold.
    Cf. : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aldo_Leopold ; http://www.eco-action.org/dt/thinking.html

  7. Martine Rouche

    « Le Prieuré St Loup tient terre labourable a st loup ou est construicte L’Eglise St Loup confronte dauta la rue allan aladicte Eglise cers ladicte Eglise et Charles Lafabregue midy ladicte Eglise Luy mesme et la rue acquilon ledict lafabregue et Jean Dupred contien une cesterée une quarterée deux quarts rusquet faibles de compoix deux sols deux deniers deux prises

    Plus tien terre labourable Illic mesmes confronte dauta pierre senesse peigneur cers charles lafabregue midy …. camille et barthelemy esteve acquilon la rue allant a st loup, l’Eglise St Loup et ledict prieuré contient une cesterée deux rusquets deux quarts rusquet faible de compoix un sol dix deniers deux prises  »

    Compoix 1666, AM Mirepoix, orthographe conforme au manuscrit.

  8. Martine Rouche

    AM Mirepoix, conseil politique du 28 juillet 1743 :
    Les consuls manquent de finances pour couvrir les dépenses imprévues dont  » le repas offert annuellement à MMrs du chapitre, la dernière fête de Pâques, à l’ermitage de St-Loup, éloigné de trois quarts de lieue, où ledit chapitre va en procession, à la prière de la communauté, y célébrer une grand-messe pour accomplir le voeux fait par ladite ville et communauté depuis plusieurs siècles, lequel repas se porte à la somme de 25 livres. »

  9. Martine Rouche

    AM Mirepoix, conseil politique du 20 novembre 1768 :
     » Louis Deshos, prêtre, Jean Senesse et Jacques Fau, marguilhiers ont fait faire des réparations indispensables a la chapelle de St Loup qui se portent alasomme de soixante une livres dix neuf sols six deniers, sur laquelle somme Mrs les commissaires du diocèze voulurent bien accorder la somme de trente livres pour partie des susdites reparations. »

    NB : le reste de la somme sera voté comme dépense supplémentaire dans un conseil ultérieur.