La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

L’actu en Ariège

Concernant la Presse Quotidienne Régionale, l’Observatoire Français des Médias recense en Midi-Pyrénées un seul titre : il s’agit de La Dépêche du Midi (classée 10e en termes de diffusion France), dont le siège se situe à Toulouse et dont la création remonte à 1870. Diffusée à l’échelle du Grand Sud, La Dépêche comporte, entre autres, une édition spécifiquement dénommée La Dépêche de l’Ariège. Un canard incontournable, distribué par les marchands de presse ou le facteur, par ailleurs disponible sur le Net ou au bistrot.

Non recensé par l’Observatoire Français des Médias – ici en retard d’une guerre -, on peut lire également, depuis 2004, un excellent webzine intitulé AriegeNews.

Ariegenews.com, dit Philippe Bardou, directeur de la rédaction, est « un media online d’informations régionales et rurales, indépendant et édité par la SARL AriegeNews ».

« Quelle est notre ligne éditoriale ? Délivrer une information pluraliste et indépendante, la plus exhaustive possible, ouvrir des débats, donner aux ariégeois un éclairage nouveau sur une actualité proche d’eux. Les choix que nous faisons quotidiennement dans le traitement de l’information sont bien évidemment des choix subjectifs qui reposent sur des individus, leur professionnalisme, leur rigueur, leur honnêteté intellectuelle. Notre ligne éditoriale se doit d’être consensuelle mais également de refléter les différentes sensibilités de la population du département ».

Composée de bénévoles et basée à L’Aiguillon (09300), l’équipe de rédaction d’AriegeNews fait appel à un réseau de correspondants locaux, eux aussi bénévoles, pour nourrir le contenu d’un webzine qui se veut participatif dans l’esprit du Web2, i. e. conçu comme un lieu d’expression de l’intelligence collective.

Ainsi gérée, l’info gagne en couleur, diversité, proximité. Georges Perec, critique de l’info des années 80, appelait de ses voeux, dans L’Infra-ordinaire (1989), le retour à ce qu’il nomme l’endotique.

« Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Les journaux m’ennuient, ils ne m’apprennent rien; ce qu’ils racontent ne me concerne pas, ne m’interroge pas et ne répond pas davantage aux questions que je pose ou que je voudrais poser.

Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, I’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, I’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ?

Interroger l’habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l’interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. Ce n’est même plus du conditionnement, c’est de l’anesthésie. Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?

Comment parler de ces « choses communes », comment les traquer plutôt, comment les débusquer, ies arracher à la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donner un sens, une langue : qu’elles parlent enfin de ce qui est, de ce que nous sommes.

Peut-être s’agit-il de fonder enfin notre propre anthropologie: celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pillé chez les autres. Non plus l’exotique, mais l’endotique. […]

Ce qu’il s’agit d’interroger, c’est la brique, le béton, le verre, nos manières de table, nos ustensiles, nos outils, nos emplois du temps, nos rythmes. Interroger ce qui semble avoir cessé à jamais de nous étonner. Nous vivons, certes, nous respirons, certes; nous marchons, nous ouvrons des portes, nous descendons des escaliers, nous nous asseyons à une table pour manger, nous nous couchons dans un lit pour dormir. Comment ? Où ? Quand ? Pourquoi ? »

Le contenu éditorial proposé par AriegeNews répond, d’une certaine manière, au voeu de Georges Perec. A la Une aujourd’hui, Le brame du cerf, source d’émotion difficile à dire et événement considérable dans un pays qui, aujourd’hui encore, vit proche de la nature et compte de nombreux chasseurs.

Autres titres à la Une : Journée Défense à Saint-Girons : quand l’armée rencontre les populations ; Le rugby en Pays d’Olmes brûle t-il ? ; Lavelanet : une Saison culturelle sous le signe de la provocation ; Les portes de l’emploi s’ouvrent à Tarascon-sur-Ariège ; Fête de la Science en Ariège ; etc.

:-)

Outre le calendrier actualisé des événements du mois, j’ai trouvé aussi sur AriegeNews, dans la rubrique Cuisine Régionale, la recette dont j’avais besoin, celle de la garbure. Il y a des rubriques pour tout le monde

Concernant la lettre et l’esprit d’AriegeNews, j’ai relevé dans le Courrier des Lecteurs du 15 décembre 2005 un échange piquant entre Ph. Walter, maire de Montségur, et Philippe Badiou, directeur de la publication AriegeNews, à propos du franglais « AriegeNews ». On assiste, en l’occurrence, à un rebondissement ariégeois de la querelle des Anciens et des Modernes. L’essentiel est justement dans le possible d’une telle querelle. Les lecteurs, qui sont aussi des rieurs, penchent toujours du côté de cet essentiel.

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