La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

Fleur de courgette

Non, ce n’est pas ici, fleur de nave, façon Andrex, qui chantait dans Il a le charme slave, sur des paroles de Françoise Giroud, « Mon vrai nom, c’est Fleur de Nave, mais tu peux m’appeler Gustave… » ; ce n’est pas non plus fleur de nave vinaigrette, du titre d’un roman de San-Antonio. Citrouille et courgettes. C’est le premier résultat de mon activité potagère, dont je reste confondue.

Ne riez pas. Je n’avais encore jamais planté de citrouille ni de courgettes jusqu’ici ! Il s’agit d’une première fois. Miracle, (il pleut beaucoup) ça pousse ! Et ça donne, au pied d’un vieux mur de pierre, une plate-bande du plus bel effet.

Alma mater. Souvenons-nous de l’hymne que lui dédie Lucrèce au chant I du De natura rerum :

Mère des Romains, charme des dieux et des hommes, bienfaisante Vénus, c’est toi qui, fécondant ce monde placé sous les astres errants du ciel, peuples la mer chargée de navires, et la terre revêtue de moissons ; c’est par toi que tous les êtres sont conçus, et ouvrent leurs yeux naissants à la lumière. Quand tu parais, ô déesse, le vent tombe, les nuages se dissipent; la terre déploie sous tes pas ses riches tapis de fleurs ; la surface des ondes te sourit, et les cieux apaisés versent un torrent de lumière resplendissante.

Dès que les jours nous offrent le doux aspect du printemps, dès que le zéphyr captif recouvre son haleine féconde, le chant des oiseaux que tes feux agitent annonce d’abord ta présence, puis, les troupeaux enflammés bondissent dans les gras pâturages et traversent les fleuves rapides tant les êtres vivants, épris de tes charmes et saisis de ton attrait, aiment à te suivre partout où tu les entraînes ! Enfin, dans les mers, sur les montagnes, au fond des torrents, et dans les demeures touffues des oiseaux, et dans les vertes campagnes, ta douce flamme pénètre tous les cœurs, et fait que toutes les races brûlent de se perpétuer. Ainsi donc, puisque toi seule gouvernes la nature, puisque, sans toi rien ne jaillit au séjour de la lumière, rien n’est beau ni aimable, sois la compagne de mes veilles, et dicte-moi ce poème que je tente sur la Nature, pour instruire notre cher Memmius. Tu as voulu que, paré de mille dons, il brillât toujours en toutes choses : aussi, déesse, faut-il couronner mes vers de grâces immortelles… 1

Notes:

  1. Lucrèce, De natura rerum, I, 1-29, trad. M. Nisard ↩︎

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dans: Ariège, La dormeuse, Mirepoix.

1 commentaires au sujet de « Fleur de courgette »

  1. Martine Rouche

    Ton émerveillement sincère et spontané est attendrissant ! Et tes photos toujours aussi lumineuses !
    As-tu dit à tes nouveaux bébés ce que l’avenir leur réserve ? Vas-tu tenter les beignets de fleurs de courgettes, osant ainsi la nouvelle cuisine après le nouveau jardinage ? As-tu placé un grimoire non loin de ta citrouille afin de l’instruire de ses riches possibilités ?
    Et merci pour le texte de Lucrèce ! Très bonne journée à toi et à tous ceux qui passent ….