La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

1209-1309 – Un siècle intense au pied des Pyrénées (journée 2)

Ci-dessus : prise depuis les bancs de l'amphitéâtre dans lequel se tenait le colloque, photo de l'écran sur lequel Natacha Piano projetait les diapos relatives à son étude des peintures de Saint Pierre de Montgauch. Une photo de photo, dont la vidéo-projection fausse encore un peu plus les couleurs initiales. Je la reproduis quand même ici, car il n'existe pas de reproductions des peintures de Montgauch, sinon, sur le site Architecture & Patrimoine du Ministère de la Culture et de la Communication, un ensemble de photos en noir et blanc, datées de 1964 (début du dégagement des fresques) et de 1983 (début de la restauration des fresques).   

Natacha Piano, des universités de Poitiers et de Lausanne, étudie L'iconographie des peintures de Saint Pierre de Montgauch en relation avec la politique anti-cathare du diocèse de Couserans au début du XIIIe siècle. Ces peintures sont visibles sur la rampe, la conque et le mur absidaux. Quoique dégradées et devenues largement lacunaires par endroits, elles demeurent étonnantes de profondeur et de couleur. De façon très maîtrisée, la juxtaposition de bandes de couleurs proches prête à la conque l'apparence de la voûte céleste.

L'ensemble des peintures participe d'une représentation complexe dont Natacha Piano, heureusement, détaille point par point la scénographie.

Ci-dessus : plan d'ensemble des peintures ; schéma : Natacha Piano.

Les scènes peintes dans les écoinçons représentent en miniature le cycle de l'enfance du Christ, avec l'Annonciation, la Visitation, le songe de Joseph, la Nativité.  

En dessous des écoinçons, sur le mur hémicycle, le peintre a figuré le grand cycle de la Passion. La peinture est très altérée. On reconnaît toutefois l'entrée à Jérusalem et la Flagellation.

Le traitement linéaire des formes, le caractère nuancé des teintes ainsi que la nature des pigments employés suggèrent qu'il s'agit au XIIIe siècle d'une oeuvre relativement tardive.

Ci-dessus : Saint Pierre de Montgauch, détail de la Flagellation.

Dans la représentation de la Flagellation, la linéarisation, plus prononcée encore, et le traitement caricatural du personnage du bourreau invitent au rapprochement avec les peintures de Santa Caterina de Urgell.

Ci-contre : Santa Caterine de Urgell, détail de la Disputa i penediment de Santa Caterina.

Ce rapprochement met en évidence la parenté stylistique que l'art du Midi-Pyrénées entretient avec celui de la Catalogne au cours du XIIIe siècle.

Au milieu du mur hémicycle, sous la fenêtre, le peintre a représenté la Résurrection. On ne distingue plus que la silhouette d'un soldat endormi.

Sur la voûte, seuls les pieds du Christ en gloire ont conservé la netteté de leur dessin initial. Deux segments rouges signalent sans doute le tracé de la mandorle.

Du côté Sud, le peintre a représenté la Résurrection des morts, avec, témoins de l'assomption des âmes, les trois patriarches et le collège des élus, surmontés par des anges.

Du côté Nord, on distingue des corps nus, et parmi ces derniers un être hideux, poilu. De telles figures indiquent qu'il s'agit probablement ici de l'Enfer.

On remarque que la composition déploie ici, dans sa continuité narrative, une eschatologie de la Résurrection. L'emplacement des trois patriarches est celui du Paradis définitif, celui de la "Résurrection seconde". On peut déduire de cette continuité narrative que la scène représente le Jugement dernier, et, dans le cadre de ce dernier, le destin de la communauté humaine toute entière, non plus seulement celui des individus.

L'emplacement de la Crucifixion, située dans l'abside orientale, constitue un cas rare.

Christ Juge, Majestas Domini et Crucifixion s'alignent ainsi sur un axe d'orientation Ouest-Est dont la logique surprend. S'agit-il ici de souligner l'importance de la fonction eucharistique ? L'association du Jugement dernier et de la Croix, quant à elle, ne devient courant qu'à partir de la fin du XIIIe siècle. On peut en voir une illustration dans l'église de la Daurade, à Toulouse.

La composition de l'ensemble donne à lire ici, de haut en bas, i. e. dans le champ optique qui est habituellement celui de la narration, la pesée des âmes avant la Crucifixion. Faut-il en tirer une conclusion quelconque, et, le cas échant, laquelle ? questionne prudemment Natacha Piano.

Courante en Italie aux XIIIe et au XIVe siècles, la représentation des trois patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, constitue un thème rare dans le Midi médiéval. On n'en trouve qu'un seul autre exemple, sur le linteau du portail de l'église Saint Trophime, en Arles.

Ci-dessus : représentation des trois patriarches sur le linteau du portail de l'église Saint Trophime ; photo : Eugène Lefévre-Pontalis. 

A la droite du Christ Juge, on distingue ce qui reste des damnés. Probablement dans un souci de charité chrétienne, la plupart d'entre eux sont représentés vêtus. L'emplacement qu'ils occupent dans l'ensemble de la composition rompt avec le schéma traditionnel qui veut que les damnés soient rejetés à la gauche de Dieu, tandis la Résurrection des morts est figurée à sa droite. On relève ici, par ailleurs, un affaiblissement de la symbolique droite-gauche au profit d'une symbolique verticale qui situe l'Enfer en bas.

Faut-il prêter à ces particularités de localisation une signification forte ? questionne là encore Natacha Piano. Le peintre aurait-t-il pu inverser par mégarde gauche et droite ? Ou s'agit-il d'une inversion volontaire, liée en quelque façon, éventuellement sur le mode contraire, à la pensée théologique anti-cathare ? S'il s'agit d'une inversion volontaire, on supposera qu'elle intéresse le rapport Nord/Sud en tant qu'analogon du rapport Enfer/Paradis…

On remarque encore une inscription, située sur la voûte du choeur, à l'endroit de la retombée Sud, là où se trouvent les Elus, au-dessus de l'un des trois patriarches :  verbum […] audite (audire ?) verbum domini.

La source de cette inscription peut être soit vétéro-testamentaire soit néo-testamentaire. Elle se situerait, dans le premier cas, chez les Prophètes et  aurait trait à la réhabilitation des Justes. Mais il faudrait lire audire à la place de audite. La source néo-testamentaire, quant à elle, se situerait dans les Actes des Apôtres et intéresserait la prédication contre les païens et les hérétiques. 

L'intention qui préside à la réalisation des fresque de Montgauch demeure incertaine. Se peut-il que l'iconographie religieuse du XIIIe siècle méridional traduise quelque chose d'une pensée théologique différente de celle de l'Eglise catholique romaine ? 

Ci-dessus : entrée de l'amphithéâtre du centre universitaire de Foix.

Jean-Pierre Suau, de l'université de Montpellier, examine Les vitraux christologiques des cathédrales languedociennes de Carcassonne, Béziers, Narbonne, à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, afin de déterminer quel type de réponse ces vitraux fournissent éventuellement à l'hérésie. Il repère à cette intention trois motifs principaux : Dieu le Père, le Créateur ; Dieu, le Fils ; l'avenir des corps humains à la fin des temps. Il remarque au passage qu'il reste des recherches à poursuivre concernant les saints.

A Carcassonne, dans le choeur de la basilique Saint Nazaire, la verrière centrale représente l'enfance du Christ et la Passion ; celle du tympan, le Jugement dernier ; celle de la chapelle de la Vierge l'arbre de Jessé, qui symbolise dans la prophétie d'Isaïe la généalogie du peuple chrétien à partir de l'ascendance du Christ. La liste des noms inscrits dans les phylactères aboutit à Marie, i. e. à l'Incarnation. L'Enfant, autrefois représenté dans les bras de Marie, a été remplacé par une palme après la restauration du vitrail. Saint Pierre, représenté dans l'un des médaillons quadrilobes du tympan et dans la chapelle de l'évêque Razouls, porte chaque fois les clés de l'Eglise apostolique romaine. Jean-Pierre Suau attribue la répétition de ce motif à une volonté de "matraquage" théologique, sachant que, dans la tradition hérétique, Saint Pierre n'aurait pas été à Rome et n'aurait pas non plus été pape.

A noter que dans la chapelle de la Vierge et de la Sainte Croix, chapelle qui existait avant la modification du choeur roman, Simon de Montfort a eu sa tombe au XIIIe siècle.

Dans l'actuelle chapelle de la Vierge, les vitraux représentent, outre l'arbre de Jessé, la résurrection des morts et l'arbre de vie. Inspiré de Saint Bonaventure, cet arbre porte des fruits (aujourd'hui supprimés) qui symbolisent l'origine humaine du christianisme.  La chapelle abrite également une très belle crucifixion, sur laquelle on voit un Christ de douleur, qui invite au partage de sa souffrance si humaine. Le traitement de la flagellation montre par ailleurs que le Christ a véritablement souffert. Le Christ montre ses plaies. Celui de la Résurrection, quant à elle, ne comporte pas la représentation du purgatoire. On voit les morts qui sortent physicaliter de leur tombeau. Le motif des corps qui ressuscitent se retrouve, de façon "matraquée", au-dessus de l'arbre de Jessé. 

A Narbonne, dans la cathédrale Saint Just, la chapelle de la Sainte Trinité abrite un vitrail représentant Dieu le Père, saisi dans le moment concret de l'acte créateur, et le baptême du Christ, non point par l'imposition des mains de Jean, mais par le feu de la Pentecôte. Prolongeant cet enseignement, des médaillons très colorés figurent Dieu Créateur, jeune et imberbe, semblable au Christ, et Adam et Eve, ainsi que des oiseaux. La représentation de la Création se veut ici réaliste, point du tout symbolique. Rien n'indique la fatalité du péché originel, pas même la création d'Eve. Dieu le Père, ailleurs, porte la Croix, surmontée d'une colombe. Tout semble fait ici pour infirmer le postulat cathare selon quoi Dieu est absent de ce monde, et la Création, oeuvre mauvaise. Dans la chapelle d'axe, la représentation de la Vierge à l'Enfant donne à voir encore une fois la réalité de l'incarnation. 

A Béziers, dans la cathédrale Saint Nazaire, le choeur est surmonté de panneaux redécoupés au XVIIIe siècle. Quelques morceaux de la Création ont été conservés. On y voit Dieu le Père, jeune, fait à l'image du Fils, là encore représenté dans le geste de la création, en l'occurrence celle des animaux.  

De façon allusive, Jean-Pierre Suau montre ici que l'iconographie des vitraux des cathédrales de Carcassonne, Narbonne et Béziers se déploie à l'encontre des croyances revendiquées par les fidèles de la religion cathare et qu'elle a possiblement pour visée de liquider désormais l'hérésie simplement par la guerre des images, ou, Jean-Pierre Suau dixit, par le "matraquage" des dites images. 

NB : Je n'ai point reproduit ici de photos des vitraux mentionnés par Jean-Pierre Suau, car techniquement très difficiles à réaliser, celles-ci font cruellement défaut. Jean-Pierre Suau remarquait au demeurant lors de sa conférence que les motifs représentés sur les vitraux sont déjà difficiles à voir in situ, tant le chatoiement des couleurs éclipse la lisibilité des formes. Il recommande vivement d'aller visiter les cathédrales de Carcassonne, Narbonne, Béziers, et de se confronter soi-même à la parole lumineuse des vitraux.   

Francesco Zambon, de l'université de Trente, évoque L'évêque Foulque dans la représentation qu'en donne la Chanson de la Croisade albigeoise. Le personnage, qui a été aussi un grand troubadour 1, demeure controversé. S'agit-il d'un héros ou d'un anti-héros de la littérature médiévale ?

Le personnage de Foulque apparaît dans la seconde partie de la Chanson de la Croisade, rédigée par un auteur anonyme, ou peut-être par Guy de Cavaillon, d'après une hypothèse italienne récente.

Le Foulque historique est né à Marseille vers 1160. De 1179 à 1195, il développe une activité poétique puissante, dont il nous reste 23 poèmes d'amour. Puis, rompant avec l'idéal de la fin'amor, il se tourne vers la religion. Quittant alors le siècle, il entre à l'abbaye cistercienne du Thoronet, en Provence. Il assume la charge de cette abbaye jusqu'en 1205, date à laquelle il devient évêque de Toulouse. Dans les vicissitudes de la Croisade, il soutient le parti de Simon de Montfort et des Croisés ainsi que l'action des Dominicains. Il meurt en 1231, le jour de Noël, à Toulouse. 

Le Foulque de la Cansu est qualifié de personnage plus "perfide" encore que Simon de Montfort. Accusé de complicité criminelle avec les Croisés, il fait ici figure d'Antéchrist : sembla mielhs Antecriz Que messatges de Roma ! L'inscription qui figure à Carcassonne sur la dalle funéraire (authentique ou factice) de Simon de Montfort reproduit les paroles prononcées par Foulque à la mort de ce dernier. L'auteur de la Cansu invoque les dites paroles afin de les tourner en dérision : Ni El ni santa Gleiz no ac milhor amic ! 

L'auteur de la Cansu relate, entre autres, le duel oratoire qui oppose Foulque, porte-parole de Simon de Montfort, à Raimon Roger, comte de Foix, en 1215 devant le pape, lors du concile du Latran : "Senhors", so ditz l'avesques, "tug auzete que él coms ditz Qu'el s'es de la eretgia delhiuratz e partiz… Opposant symboliquement le feu (Foulque) à l'aiga clara e dousa, jos la rocha pendent (Raimon Roger), le duel revêt ici l'allure d'une psychomachie entre falsedatz et drechura, fausseté et droiture.

En septembre 1216, rapporte plus loin l'auteur anonyme, lors de la reddition de Toulouse, tandis que Robert de Picquigny prend la défense de la ville, Foulque insiste auprès de Simon de Montfort sur la nécessité de détruire la dite ville, de la livrer au pillage et au feu : … Per trastota la vila, e poig lo focs ardens. Il conseille également au vainqueur de démolir toutes les fortifications et de disperser les otages dans toutes les terres. Et il ne devra plus rester un seul moulin ! L'auteur anonyme fait ici le portrait d'un personnage luciférien, qui, après la mort de Simon de Montfort, laisse éclater sa haine mortelle des Toulousains.

Folquetz de Marseilla fait ainsi, dans la littérature médiévale, l'objet d'un jugement très négatif, lequel jugement s'exerce aussi à l'encontre de son oeuvre poétique, miroir d'une âme sombre et d'une vie débauchée : … que tant n'es afortiz Qu'en la sua semblansa es Dieus e nos trazitz, Que ab cansos messongeiras e ab motz coladitz, Dont totz hom es perdutz qui éls canta ni los ditz… Foulque de Marseille, dans le même temps, se trouve célébré à l'égal d'un véritable saint par les partisans de la droite catholicité, de Simon de Montfort et du roi des Francès. Il balance de la sorte, au regard de la mémoire collective, entre le statut de Turpin, figure du guide spirituel, et celui de Ganelon, figure du traitre, dans la Chanson de Roland.

Dante, un siècle plus tard, fait de Foulque de Marseille un personnage du IXe chant du Paradis. Béatrice montre au poète, parmi d'autres âmes respendissantes, celle du poète Foulque de Marseille, dont la renommée durera bien encore cinq cents ans, tant sa vie avait été excellente. L'âme de Foulque s'adresse alors à Dante en ces termes :

Je naquis sur les bords de cette vallée, entre l'Ebre et la Magra, à l'endroit où, par un court chemin, le pays de Gênes est séparé de la Toscane. Bugie et la terre où je pris naissance, et qui vit son port inondé de sang, sont placées à peu près à la même distance de l'orient et de l'occident. Je fus nommé Foulques par cette nation qui connut bien mon nom. J'ai toujours vécu sous l'influence de la planète où tu me rencontres. Tant que l'âge me l'a permis, j'ai brûlé d'un amour plus vif que celui qu'éprouvèrent la fille de Bélus, qui donna tant de souci à Créuse, en manquant de foi à Sichée ; cette Rhodopée que trahit Démophon ; enfin Alcide lui-même, quand il tint Iole renfermée dans son coeur. Ici, on ne pense pas à se repentir de ses fautes ; elles ne reviennent point dans la mémoire ; on jouit de cette vertu qui a ordonné et prévu notre bonheur. Ici, on voit les effets admirables de la Providence, et l'amour qui règne sur la terre s'épure et se change en amour divin. Je veux continuer de t'éclairer sur ce que tu as désiré savoir dans cette sphère. Tu veux apprendre quelle est cette âme qui étincelle près de moi, comme un rayon de soleil dans une onde pure. Cette âme qui goûte une douce paix est celle de Rahab, qui, jointe à notre coeur, y occupe le premier rang. Le triomphe de Jésus Christ l'a fait monter la première à ce ciel, où finit l'ombre de votre monde. Il était bien convenable que Dieu la laissât dans cette sphère, en signe de la haute victoire que son fils a remportée, lorsqu'il a laissé lier ses deux mains. N'est-ce pas cette femme qui a favorisé les premiers succès de Josué…

Dante Alighieri, La Divine Comédie, Le Paradis, chant IX, trad. en français par le Chevalier Artaud de Montor

On reconnaît Foulques à son nom, expressément prononcé, à son origine gênoise, à son passé amoureux, à sa conversion ultérieure. Il revendique ici l'unité d'une vie qui, nativement placée sous le signe de Vénus, s'est nourrie du même élan érotique jusque dans la conversion à l'amour de Dieu. Semblablement à Rahab, la prostituée de Jéricho, qui est sa voisine en Paradis et qui a jadis accueilli et caché les deux espions envoyés par Josué, Foulque doit à la puissance de l'éros dont il jouit de façon surabondante, l'ardeur, la foi qui soulève les montagnes, le pouvoir de faire tomber les murailles.  

Ci-dessus : Rahab accueille et cache en sa maison les espions envoyés par Josué, in Claude Paradin, Quadrins historiques de la Bible, à Lyon, chez Jean de Tournes, 1553.

On voit dans la Chanson de la Croisade comment, dans la continuité d'un tel élan, Foulque, au siège de Lavaur, invoque l'Esprit Saint, Veni Sanctus Spiritus, pour que les murailles tombent, et comment la force de l'Esprit Saint, ou celle de la pulsion désirante, fait que les murailles tombent. D'autres que Foulque, plus tard, intimeront aux orages désirés l'ordre de se lever et de les emporter vers l'objet que leur coeur désire. Dante, au tournant des XIIIe et du XIVe siècles,  se projette dans le personnage de Foulque, et, élevant celui-ci à la dignité de l'exemplum, lui délègue le soin de figurer le poète qui a sublimé le chant de sa jeunesse, d'être la voix prophétique de l'auteur futur de la Divine Comédie.  

Daniela Muller, de l'université de Nimègue, intitule L'inquisiteur et l'évêque une étude relative aux différences et ressemblances des registres de Geoffroy d'Ablis et de Jacques Fournier. Cette étude intéresse les années 1303 à 1325, i. e. la période de la traque des hérétiques. Geoffroy d'Ablis, inquisiteur, est alors responsable de la traque. Il ne subsiste plus de ses registres que des restes lacunaires. Jacques Fournier, évêque de Pamiers, exerce, outre la juridiction épiscopale ordinaire, le droit à la persécution. Quelques fragments de ses procès-verbaux ont été conservés.

La fonction de l'évêque prime celle de l'inquisiteur, observe initialement Daniela Muller. Investi par le pape, l'évêque a pour mission de veiller sur l'enseignement de la foi chrétienne, et, le cas échéant, de prendre des mesures contre les déviants. Egalement investi par le pape, l'inquisiteur assiste l'évêque dans sa mission.

En 1233, le pape assigne la fonction inquisitoriale aux Dominicains. En 1246, invoquant le mot de Saint Paul aux Galates, "pax, fides", il donne l'ordre de renforcer la lutte contre l'hérésie.  En 1252, dans la bulle Ad extirpenda, il autorise l'usage de la torture et de l'effusion de sang, et il confie la lutte aux Dominicains et aux Franciscains. En 1255, il précise dans Negotium Inquisitionis la nature de la fonction assignée aux inquisiteurs. Il formule par ailleurs des plaintes contre les prélats passifs, voire suspects de contamination par l'hérésie, comme Bernard Raymond de Roquefort, évêque de Carcassonne.

La compétition entre les prétendants à l'épiscopat ou entre les évêques eux-mêmes fait dans ce contexte que les accusations d'hérésie inter pares se multiplient. L'épiscopat est-il au demeurant une charge venue de Rome ou une charge confiée par Dieu ? Le caractère pernicieux d'une telle question laisse augurer du climat difficile dans lequel Geoffroy d'Ablis et Jacques Fournier exercent respectivement leur fonction. Geoffroy d'Ablis, précise Daniela Muller, est un Dominicain convaincu ; Jacques Fournier, un candidat à la Curie.

Né à Chartres, Geoffroy d'Ablis arrive à Carcassonne en 1303. C'est lui qui conduit Peire Autier au bûcher et qui, en six ans, condamne les derniers bonshommes.

Il rend tout d'abord le travail de l'Inquisition plus efficace en organisant le partage bureaucratique des tâches et en impliquant des membres du clergé, tels Jean de Falgous et Géraud de Blomac. Engageant ensuite la poursuite des Autier, le 13 septembre 1308, il fait procéder à l'arrestation des habitants de Montaillou. Les Autier sont pris et brûlés. 

Geoffroy d'Ablis meurt en 1316. La rumeur dit à Montaillou qu'à l'heure de sa mort, deux chats noirs se seraient tenus au bord de son lit : "Frère Geoffroy, l'inquisiteur de Carcassonne qui est mort, personne ne l'a vu mourir. Le lendemain, quand on alla à son lit, dans lequel il gisait, mort, on trouva deux chats noirs, l'un à un montant du lit et l'autre à l'autre. Ces chats étaient de mauvais esprits qui faisaient la distraction de cet inquisiteur" 2. Qualifié d'inquisiteur modèle, présenté comme un persécuté, placé en conséquence par son camp dans le registre des martyrs, il fait l'objet d'une stèle obligée dans la ville d'Albi. 

Né à Saverdun, protégé par son oncle Arnaud Novel, alors abbé de Fontfroide dans l'Aude, plus tard élevé au rang de cardinal, Jacques Fournier succède à son oncle à la tête de l'abbaye de Fontfroide, puis devient successivement évêque de Pamiers, évêque de Mirepoix, cardinal, et pape sous le nom de Benoît XII. Il meurt en 1342. 

Nommé le 19 mars 1317 évêque de Pamiers, Jacques Fournier entreprend d'abord une réforme des monastères. Il reçoit ensuite de Jean de Beaune, inquisiteur de Carcassonne, son mandat de délégué de l'inquisition à Pamiers. Par la suite, toujours présent à l'heure de la sentence finale, il rend sa fonction indissociable de celle de l'inquisiteur. 

De 1318 à 1325, il mène des enquêtes concernant les partisans des derniers bonshommes cathares, naguère réunis autour de Peire Autier. Il déclenche à cette fin un nouvel interrogatoire des habitants de Montaillou. 

De Geoffroy d'Ablis, inquisiteur, à Jacques Fournier, évêque, Daniela Muller constate, dans le cadre de l'inquisitio, ou l'enquête, une différence significative des méthodes.

Geoffroy d'Ablis mène peu d'interrogatoires à titre personnel, réservant son attention aux cas plus particuliers, comme celui de Pierre de Gaillac, par exemple. Les interrogatoires sont conduits à Carcassonne, en présence de témoins, généralement des clercs ou des notaires. Leur fréquence s'accentue entre 1300 et 1305.

Après interrogatoire par des auxiliaires de l'inquisiteur, les prévenus sont présentés à l'inquisiteur lui-même, qui leur donne lecture du compte-rendu de l'interrogatoire et du libellé de la sentence. Les accusés peuvent à ce stade changer encore leur déposition et fournir d'autres noms à charge, auquel cas ils bénéficient de circonstances atténuantes.

Le notaire joue dans l'interrogatoire un rôle important, car, opérant la structuration des aveux, il se trouve à même, tel Barthélémy Adalbert, de protéger, ou tenter de protéger, un ancien client.

La sentence, quant à elle, ménage une place toute particulière à la pénitence : il en va, en la circonstance, d'abord et avant tout du "salut de l'âme". Il s'agit là au demeurant d'un voeu strictement pastoral : les accusés se contentent en fait de répéter quelques formules d'auto-humiliation stéréotypées, dictées ici par la nécessité la situation.

Le cas de Pierre de Luzenac, dont les "aveux" ont été conservés, montre comment ce prévenu, interrogé dès le départ par l'inquisiteur, présente à celui-ci un document manuscrit, rédigé, comme attendu, à la première personne et au style direct. Usant de son expérience d'avocat formé à l'université de Toulouse, Pierre de Luzenac, dans ce document, sait mettre en avant son orthodoxie. La confrontation tourne cependant au désavantage du prévenu, car le style direct, même inspiré par l'expérience de l'avocat, se trouve ici rapidement discrédité et subsumé par le style indirect de la justice.

Ci-dessous : Jacques Fournier, élevé au pontificat sous le nom de Benoît XII.

Jacques Fournier, quant à lui, diligente des interrogatoires de 1318 à 1325. L'enregistrement de ces interrogatoires au fil du temps s'est perdu. Il nous reste toutefois les copies authentiques des interrogatoires enregistrés en 1326, i. e. à l'époque où Jacques Fournier est évêque de Mirepoix. D'où vient que Jacques Fournier ait cru bon de conserver de telles copies ? Il semble que, dans la perspective d'un éventuel accès à la Curie, l'évêque se soit soucié de pouvoir produire à Rome les preuves de son engagement contre les hérétiques.

La lecture des copies mentionnées ci-dessus montre qu'à la différence de Geoffroy d'Ablis, Jacques Fournier, chaque fois, interroge lui-même le prévenu, qu'il dédaigne les formules stéréotypées et qu'il laisse parler son interlocuteur. Il pratique en revanche l'art des questions pièges et use habilement de l'effet induit par la contrainte de corps. Capable d'une longue patience, naturelle ou contrôlée, il fait montre d'une égale attention au propos des grandes comme des petites gens. Les intentions pastorales ont chez lui une incidence sur les méthodes pénitentiaires.

Rompant avec le style de Geoffroy d'Ablis, qui ne s'intéressait qu'au délit et et requérait avant tout la reconnaissance de son pouvoir, Jacques Fournier se montre soucieux d'abord d'exercer sa fonction pastorale, qu'il conçoit comme un bien spirituel confié par Dieu. La persécution, à ses yeux, fait partie de cette fonction, mais il entend surtout favoriser l'éveil d'une conscience nouvelle, d'une conscience susceptible de nourrir le sentiment de sa propre culpabilité, partant, d'opérer sa conversion intérieure. Désireux de faire venir un renouvellement moral dans l'Eglise, Jacques Fournier tente de favoriser par son action le possible d'un auto-contrôle de la conscience chrétienne. Le futur pape pointe ici sous l'évêque ; il esquisse ainsi à Pamiers et à Mirepoix  le projet des réformes qu'il réalisera plus tard.

Anne Brenon, conservateur en chef honoraire des Archives de France, examine La place et la signification des événements de Montaillou dans le contexte répressif du début du XIVe siècle.

Montaillou, petit village situé en montagne au sud-est de Montségur, a été en quelque sorte la capitale du dernier catharisme. Le village a fait l'objet de deux vagues d'enquête successives lors de l'été 1308. On ne dispose d'aucun enregistrement des arrestations opérées en septembre de la même année, non plus que des interrogatoires réitérés à Montaillou au temps de Jacques Fournier. Mais le registre de Jacques Fournier fournit a posteriori quelques renseignements. 

La vague d'enquête menée en 1308 donne lieu en septembre de la même année à une rafle de la population de Montaillou. Cette opération n'a égale, au début du XIVe siècle, que la rafle similaire opérée en 1305 à Verdun-en-Lauraguais. Seuls un homme et une femme, Ermessinde, échappent à la rafle de Montaillou. 

Tous les hommes et femmes de plus de 14 ans sont arrêtés, enfermés dans le château sous le contrôle de Jacques de Polignac, notaire de Geoffroy d'Ablis, puis déférés à pied à Carcassonne, où leurs dépositions sont recueillies par Arnaud Sicre, notaire comtal, et où ils sont collectivement inculpés d'hérésie. Ils retournent plus tard, toujours à pied, à Montaillou. Certains s'enfuient outre mont. D'autres, par vengeance, tentent de tuer le curé.

Concernant la date de la rafle, que les livres d'histoire situent généralement en septembre, Anne Brenon remarque qu'elle est nécessairement postérieure au 15 août, puisque l'enquête de l'inquisition débute alors avec l'arrestation de la famille et des proches de Pèire Authié et des bonshommes, et que la date en question coïncide avec la fête de la Vierge, comme indiqué plus tard par les bergers de la montagne de Mérens, qui ont assisté de loin aux événements et qui ont été interrogés eux aussi par l'inquisition, entre 1309 et 1311. Anne Brenon situe la rafle de Montaillou au 15 août de l'année 1308. 

Après la rafle de Montaillou, les derniers bonshommes seront tous pris et condamnés par l'inquisition de Toulouse. L'arrestation de Bélibaste, trahi en 1321 par un proche, qui a été retourné par l'inquisition, met en évidence le rôle dévolu à la dénonciation dans le déploiement de la politique de répression anti-cathare. La logique de l'inquisition, telle qu'elle s'exerce en 1308 à Montaillou et dans les années qui suivent, continue, comme on sait, de s'exercer  de façon à peu près inchangée à l'époque moderne et contemporaine.

Annie Cazenave, ingénieur au CNRS, évoque librement Les communautés cathares en Sabartès, les fugitifs, les refuges, les hôtes et les messagers.

Fief de Raymond de Péreille, seigneur allié au catharisme, le castrum de Montségur abrite au début du XIIe siècle, outre la demeure du seigneur, une population d'environ 600 personnes, dans des habitations dont les vestiges subsistent encore au nord-est du château. Le castrum fait alors figure de capitale du catharisme. Fidèles et sympathisants de la cause vivent ici en sécurité, puisque le comte de Foix interdit aux inquisiteurs d'exercer leur fonction sur ses terres.

Suite au siége ordonné par le sénéchal du roi de France à Carcassonne et par l'évêque de Narbonne, Montségur se rend le 16 mars 1244 et 230 cathares sont envoyés au bûcher. Montségur passe alors de la vassalité du comte de Foix à celle de la maison de Lévis-Mirepoix. 

Faite d'une centaine de personnes, une petite population subsiste toutefois dans le castrum, où elle continue d'accueillir des clandestins, parmi lesquels une douzaine sans doute de bonshommes. Les fouilles entreprises sur le site montrent que la plupart des maisons comportent alors deux issues, dont l'une permettait aux clandestins de fuir sur l'arrière. Il s'agit souvent de maisons de tisserands. 

Outre la petite communauté des survivants de Montségur, d'autres communautés amies s'ouvrent ici et là aux bonshommes, par exemple à Caussou, à Ax-les-Thermes, ou à Génat, dont quatre maisons semblent semblent avoir servi de base arrière aux bonshommes. 

La plupart des fugitifs et autres représentants de la communauté cathare seront à la longue capturés, parmi lesquels Pons Arnaud de Château-Verdun, vassal du comte de Foix, qui est arrêté et fait prisonnier en 1272. D'autres fugitifs ont été capturés, dont il ne reste pas de traces.

L'interrogatoire des fugitifs fournit, de façon oblique, quelques renseignements sur l'organisation des réseaux cathares. Les registres de l'inquisition mentionnent par exemple le rôle du messager, le nuntius, et celui de l'hôte, le receptator.  

Anne Cazenave évoque en conclusion le personnage de Sybille Bayle, épouse d'Arnaud Sicre, notaire de Tarascon, qui se sépare de son époux et de ses deux plus jeunes enfants, pour se dévouer à la cause cathare et qui fait de sa maison la plaque tournante de la résistance aux menées de l'inquisition. Elle meurt brûlée, à Carcassonne ou à Toulouse, vers 1310.

Après la pause de midi, le colloque s'est transporté à Olbier, sur le territoire de la commune d'Auzat, en vallée de Vicdessos, afin de visiter sous la conduite de Florence Guillot le chantier de fouilles de Montréal de Sos. 

Nous avons parcouru le trajet suivant :

N20 en direction de Perpignan, Tarascon, Andorre, Lavelanet (12,4 km) ; 3e sortie sur D618 en direction d'Ax-les-Thermes, Tarascon-sur-Ariège (1,5 km) ; au rond-point, 1ère sortie sur N20 en direction de Vicdessos (0,9 km) ; au rond-point suivant, 1ère sortie sur D8 en direction de Vicdessos-Auzat (13,3 km) ; D208 (1,6 km) ; à droite pour rester sur D208 (72 m) ; légèrement à droite sur D208b (0,9 km).

 

Nous sommes arrivés ainsi à Olbier, sur le territoire de la commune d'Auzat. 

Les ruines du château de Montréal de Sos se dressent sur un éperon rocheux, situé à environ 250 mètres de hauteur au-dessus du village d'Olbier.

Derrière la remorque, paissant au pied de l'éperon rocheux, on voit les mulets utilisés par l'équipe de fouille pour descendre les gravats extraits des ruines du château. Ces mulets demeurent ici toute l'année.

Pour monter au château, nous n'avons pas escaladé la falaise, mais emprunté le sentier muletier qui zigzague invisiblement sur le flanc droit de l'éperon. 

Arrivés au sommet de l'éperon, nous jouissons depuis le château d'une vue grandiose sur les monts environnants : le Montcalm, le Pic de Risoul et celui de Vicdessos. Nichés au flanc des monts,  des villages ensoleillés, que la distance fait paraître minuscules : Olbier, Suc et Sentenac, Goulier, Miglos, Capoulet et Junac… A l'arrière du château, une table d'orientation permet de s'y reconnaître.

Florence Guillot, qui dirige le chantier de fouilles, nous explique la topographie du site, son histoire, celle de l'architecture du bâtiment, les diverses méthodes de construction mises en oeuvre au cours de cette histoire, en particulier l'usage de la chaux qui assure la solidité des murs de pierres sèches, grossièrement équarries, et bien sûr le protocole de fouille relatif à la campagne actuelle. Celle-ci a débuté en 2001. 

"La raison d’être du castrum de Montréal-de-Sos", dit Florence Guillot, "est liée à la montée en puissance du pouvoir comtal dans la haute vallée du Vicdessos". Dépendante de la maison de Foix, la forteresse comtale a été construite entre 1163 et 1213. C'est "une caserne", délibérément construite à distance des villages pour signifier, visible de loin, la puissance partout présente.

Les fouilles montrent que l'architecture du bâtiment a connu trois réaménagements successifs.

Le château se distingue initialement (XIIe siècle) par sa grosse tour, construite sur un tertre artificiel.

Il est doté, au début du XIIIe siècle, d'un haut rempart qui épouse le rebord accidenté de l'éperon rocheux. Il comprend alors dans ces remparts une partie réservée au commandement, le caput castri, et une autre partie réservée à l'habitat du commun. Florence Guillot nous montre les traces correspondant à l'emplacement des poutres nécessaires au bâti, celles de plusieurs foyers, situés à terre, qui équipaient les maisons, et, non loin des maisons, l'emplacement du cloaque. 

Le château fait l'objet d'un réaménagement complet au milieu du XIVe siècle. Il assure désormais au bénéfice de l'administration comtale le contrôle des nouveaux prélèvements fiscaux rendus possibles par le développement économique lié aux activités de la mine toute proche du Rancié. La grosse tour est dégagée des constructions annexes qui la cernaient, le caput castri est aménagé en résidence aristocratique, sans doute dévolue au fonctionnaire châtelain, l'ensemble de l'édifice est recouvert d'une toiture en lauzes et en ardoises.

Le château est occupé jusqu'au début du XVe siècle, puis, devenu inutile suite à la requête en propriété émise et imposée par le roi de France, il est abandonné, et, même si pendant quelque temps il ait pu faire l'objet d'un usage local, il est bientôt détruit et arasé.

Lorsque le colloque se tient sur la montagne, la montagne rend la leçon de l'archéologie et de l'histoire plus captivante et plus belle encore.

Pour en savoir plus sur les fouilles de Montréal de Sos :

Florence Guillot, Le comte et les rois : le castrum de Montréal-de-Sos en 1272
Florence Guillot, Rapports de fouilles de Montréal de Sos
Le Barri – Maison des Patrimoines – Montréal de Sos – Pays d'Auzat et du Vicdessos

A lire aussi :

1209-1309 – Un siècle intense au pied des Pyrénées (journée 1)
1209-1309 – Un siècle intense au pied des Pyrénées (journée 3)

Notes:

  1. Foulques de Marseille, ou Folquetz de Marseilla, Oeuvres complètes ↩︎

  2. Cité par Jean Duvernoy, in Registre de Geoffroy d'Ablis ↩︎

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1 commentaire au sujet de « 1209-1309 – Un siècle intense au pied des Pyrénées (journée 2) »

  1. Martine Rouche

    " La vallée de Saleix n'est pas remarquable par sa beauté mais par les splendides paysages de montagne que l'on peut voir à proximité. Nous nous assîmes pour nous reposer et nous rafraîchir près du port d'Aulus, et de cet endroit je pouvais distinguer tous les sommets au nord et au sud du mont St-Barthélémy, mais ceux qui se trouvaient dans le voisinage immédiat méritent une attention particulière. Au sud du monticule sur lequel se trouve le vieux fort romain (NDT : Il s'agit sans doute des ruines du château de Montréal de Sos), se dresse une montagne beaucoup plus élevée mais d'une forme similaire ; au sud de celle-ci se dresse une autre montagne qui a la même forme mais qui est bien plus haute encore, et enfin, au-delà, le magnifique Montcalm se dresse à une hauteur de 1620 toises. Le Montcalm est un sommet remarquable, non seulement à cause de son apparence et de sa hauteur imposante, mais aussi à cause de sa formation. Il est, avec les sommets voisins, la Pique d'Estats et la Punta de Médécourbe, composé de ce que Monsieur du Mège classe sous le nom de " terrain de transition ", et ce sont parmi les montagnes de ce type les plus élevées des Pyrénées. "
     
    James Erskine MURRAY, Un été dans les Pyrénées,
    traduction de Jean-Pierre Daraux, Loubatières, 1998, p. 165, 166.

  2. La rêveuse

    Merci de l'excellent compte-rendu d'un colloque auquel j'aurais aimé assister. Grâce à vous, chère dormeuse, qui me semble-t-il était en plein éveil pour prendre note, j'ai pu participer à cette réunion, photos et cartes topographiques à l'appui. A l'accoutumée vous avez donné vie au sujet que vous traitez !