Créée le 8 septembre 1959, l'Association des Amis de Vals fêtait hier son cinquantenaire. Il s'agit là d'un "signe de longévité remarquable", Serge Alary, responsable de l'association, ainsi que Jean Pons, maire de Vals, l'ont fait observer avec un bonheur non dissimulé lors de l'assemblée générale qui s'est tenue à l'occasion de cet anniversaire historique.
Tandis que les membres de l'association affluaient vers le village sous un ciel radieux, je me suis arrêtée sur la route afin de photographier l'église, comme je le fais chaque fois, pour fixer la couleur de l'instant, pour suivre la marche du temps, pour me souvenir, pour voir, pour rien, – s'entend, pour rien qui s'explique. Ce rien, au vrai, me tient fortement à coeur.
Je me suis rendue ensuite à la séance plénière de l'association.
Située au coeur du village, la salle est pleine, remuante, toute à la joie des retrouvailles entre associataires venus d'ici ou d'ailleurs, parfois de loin. Dans l'assistance, on salue la présence de deux grands Anciens : le docteur Leclercq, prédécesseur de Serge Alary à la tête l'association ; M. Maurice Fabre, 95 ans, l'un des premiers membres de l'association.
Ci-contre, au centre, M. Maurice Fabre. A sa gauche, le docteur Leclerc.
A la place d'honneur, il y a bien sûr le Père Capelle, curé de Rieucros et, dans le cadre de son domaine paroissial, également curé de Vals.
C'est à l'initiative du Père Capelle, comme le rappellera Serge Alary lors de son discours, que nous devons l'apposition d'une plaque neuve sur la stèle édifiée devant l'église à la mémoire de l'abbé Durand, qui fut lui-même curé de Vals de 1944 à 1970.
Pleinement engagé dans l'aventure collective que constitue la sauvegarde de l'église de Vals, et attaché à la vie de cette dernière, le Père Capelle honore de sa présence chacune des manifestations culturelles qui sont liées au site de Vals, et il fait partie des mélomanes qui goûtent dans l'église aux joies des concerts.
Serge Alary prend maintenant la parole, et il la tient bien.
Assis à sa droite, tout sourire, Jean Pons, maire de Vals, profite de l'éloquence de Serge pour se reposer un peu du long chemin parcouru au nom de la commune depuis le dépôt des premiers dossiers relatifs à la restauration des fresques, puis à la création du bar-expo. Quelle somme de travail désormais accomplie !
Vu de dos mais reconnaissable à ses fines lunettes, Jean Cazanave, conseiller général, fait partie des instances qui ont aidé à la réalisation d'un tel travail.
Le bonheur de Serge Alary fait celui de la salle. Avec plus de 15 000 visiteurs, la fréquentation du site de Vals a connu cette année une spectaculaire expansion. Inauguré au mois de juin, le bar-expo, dont le concept avait initialement fait débat, a connu un succès manifeste. Il génère des bénéfices et il a permis la création d'un emploi saisonnier, bienvenu pour une personne du village qui se trouvait en difficulté.
Serge Alary nous annonce ensuite la création d'une salle de 80 m2 dédiée au dépôt de fouilles. Aménagée dans le respect des obligations prescrites à ce type de dépôt municipal pour la conservation des objets des fouilles, cette salle abrite désormais la collection de l'abbé Durand ainsi que les objets issus des différentes campagnes de fouilles ultérieures. Equipée de grandes tables et bien éclairée, elle permettra aux chercheurs de poursuivre ou d'entreprendre le travail d'identification et de datation nécessaire aux pièces ici rassemblées.
Ci-dessus, de gauche à droite : à Pedret, Catalunya (photo datée de 1918 : Fons Salvany) ; à Vals (photo : Serge Alary).
Concernant la datation et l'attribution des peintures de l'église, Serge Alary nous apprend à cette occasion que des travaux récents les révèlent plus anciennes qu'on ne l'avait cru jusqu'ici, qu'elle dateraient de 1104 à 1110, et qu'elles seraient l'oeuvre d'artistes issus de l'école de Pedret ou clairement affiliés à cette dernière.
Résolument tourné vers l'avenir, Serge Alary observe qu'il faut continuer à oeuvrer pour faire vivre le site de Vals et engager à partir du présent dépôt de fouilles des études nouvelles en liaison avec l'ensemble des recherches menées aujourd'hui à l'échelle du bassin méditerranéen.
Il prévoit une étude anthropologique des ossements trouvés dans la faille de la Source, à l'emplacement que l'on identifie aujourd'hui comme étant celui d'une sépulture collective. Cette étude nécessitera une analyse, forcément coûteuse, de l'ADN récolté à partir des dits ossements.
Pour une installation l'année prochaine, il nous présente le projet de kakemono, sorte de panonceau de format long, qui, accroché au-dessus du bar-expo, signalera, de façon plus lisible et plus esthétique, la vocation de cet espace municipal qui accueille dans un cadre convivial les visiteurs curieux d'art et d'histoire. Conçu dans l'esprit et aux couleurs du site, le kakemono recueille l'approbation générale.
Résumant ainsi le propos de Serge Alary, M. le Maire constate que la mise en valeur du site de Vals est le fruit d'une longue patience, qu'elle a fédéré de nombreuses énergies, et qu'il importe de la continuer dans cet esprit. La commune cependant ne peut pas tout financer, observe-t-il. Il appartient à l'association de contribuer au juste partage des charges qui résulteront des travaux nouvellement envisagés.
Face à Jean Cazanave, conseiller général, de droite à gauche : René Pennabayre, trésorier de l'Association des Amis de Vals; Serge Alary, responsable de l'Association ; Jean Pons, maire de Vals.
L'heure est venue du bilan comptable. René Pennabayre, trésorier des Amis de Vals, décline les comptes d'une association en bonne santé, qui dispose à ce jour de réserves appréciables. Il signale que l'association enregistre depuis l'inauguration du bar-expo nombre d'adhésions émanant de jeunes, mus dans leur démarche par un élan spontané. Il rappelle que des travaux sont à prévoir au niveau du muret, fortement délabré, qui court au pied de l'église jusqu'au cimetière. Il annonce également d'autres travaux, relatifs à l'évacuation des eaux pluviales sur le site.
Serge Alary intervient pour souligner que le but de l'association n'est pas de thésauriser ses réserves, mais d'assumer, non seulement sa part dans le règlement des travaux engagés par la commune ces dernières années et restés à ce jour incomplètement chiffrés, mais aussi la charge de certains chantiers à venir, dont, entre autres, celle de l'étude anthropologique invoquée plus haut, et plus spécialement celle des analyses ADN nécessaires à la dite étude.
Suite à quoi, sans autres façons, Serge Alary nous invite à gagner l'église afin d'assister au concert donné en ce jour par le groupe de musique baroque Psaltérion. La plupart des musiciens de ce groupe sont, eux aussi, membres de l'Association des Amis de Vals.
J'apprends en route qu'il a fallu acheminer là-haut un petit orgue, autrement dénommé "portatif", le faire passer sans encombres dans la faille, puis le hisser encore jusqu'à la nef supérieure, où il se trouve installé depuis hier soir à l'aplomb de la mandorle qui signale le Christ en gloire… De l'empire de la passion Valsienne !
Le groupe Psalterion interprète à l'occasion de cet anniversaire des pièces d'inspiration sacrée, empruntées entre autres à l'oeuvre vocale de Bach et de Vivaldi, et pour ce qui est de l'orgue, aux compositions de John Bull et de Diderik Buxtehude.
Catherine Poulain-Martel, qui assure dans le quatuor vocal la partie alto, connaît Vals, nous dit-elle, depuis son enfance. Elle y venait avec ses parents, elle y a connu l'abbé Durand, et elle garde un tel souvenir de ce temps-là que les larmes lui viennent aux yeux lorsqu'elle en parle.
Gilbert Vergé-Borderolle, organiste, est venu en voisin de Toulouse ou de Saint-Gaudens – on ne sait , car il enseigne simultanément l'orgue à Toulouse et les Lettres classiques à Saint-Gaudens. Ici en tout cas, dans la faille étroite qui ouvre sur l'église au coeur du rocher, en réponse au classique Ad augusta per angustia d'une jolie dame, il a murmuré Itaque.
Le concert donné par Psalterion a constitué ce jour en l'église de Vals un moment de grâce absolue. Les voix sont limpides, libres, vives, le chant radieux, le jeu de l'orgue retenu, délicat, pailleté parfois, dans les longs frissons de la fugue, d'éclats étrangement mordorés.
Interprété par Aline Martel, soprano, et Catherine Poulain-Martel, alto, qui sont soeurs et chantent ensemble depuis toujours, le Duetto de la Cantate BWV 78 de Jean Sébastien Bach sonne comme du cristal. Saisi par la beauté de l'instant, l'auditoire retient son souffle…
Le concert se termine avec le Jesu, meine Freude, Jésus, ma joie, premier choeur du motet BWV 227 de Jean Sébastien Bach, pièce chantée vraisemblablement pour la première fois le 18 juillet 1723, en la Thomaskirche de Leipzig où ce maître de la musique baroque fut cantor pendant 27 ans.
Jésus ma joie, délectation de mon coeur, Jésus, ma gloire! Qu'il y a longtemps, ah ! Qu'il y a longtemps que mon coeur s'inquiète et aspire à toi. Agneau de Dieu, mon fiancé, rien ne doit sur cette terre m'être plus cher que toi.
Longuement applaudi, le groupe Psalterion donne une seconde fois le Jesu, meine Freude, avant de prendre congé.
Après le concert, tandis que l'ombre s'allonge au pied de l'église, on boit le verre de l'amitié sur la place, devant la vieille maison qui fut d'abord le musée de l'abbé Durand et qui, désormais rénovée, abrite aujourd'hui le célèbre bar-expo, élevé depuis peu au statut d'espace municipal. Ah, qu'en termes galants…
Le Tariquet est excellent, et le buffet à l'ancienne, comme on aime.
Il y a des petits gâteaux à l'anis, et les coques ! pâtisseries qui sont de tradition à Vals, spécialement le 15 août et le 8 septembre, jours de pèlerinage consacrés à la Vierge.
C'est la fête dans la rue et dans le bar-expo.
Emblème de la collection autrefois constituée par l'abbé Durand, aujourd'hui exposée dans les superbes vitrines du bar-expo, ensemble de cornillons découverts dans un abri sous roche au pied de l'église de Vals.
En liaison avec l'association intitulée La randonnée des artistes, le bar-expo accueille désormais, pour des accrochages régulièrement renouvelés, un choix d'oeuvres proposées par des artistes qui vivent et travaillent dans notre région. Avant de quitter la fête, j'ai photographié cette toile de Rancurel, peinte tout exprès à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'Association des Amis de Vals. Elle donne à voir, sans effets inutiles, la sereine beauté du lieu que nous aimons.
Longue vie à Vals ! Longue vie à l'Association des Amis de Vals ! Merci à tous ceux qui font que Vals demeure un lieu doué d'âme ! Merci à tous ceux qui contribuent au rayonnement d'un tel lieu !
1 commentaire au sujet de « Quand l’Association des Amis de Vals fête son cinquantenaire ! »
Anne-Marie Dambies
et merci à christine pour un nouveau compte-rendu « comme si l’on y était »
Rancurel Jean-François
Merci pour ce magnifique compte-rendu de la journée du 3 octobre à Vals et merci aussi pour avoir apprécié et cité mon tableau.
Je fais vivre de mon coté deux blogs ouverts à tous: l’un sur mes peintures et l’autre sur les jardins et les paysages d’Ariège. Puis-je vous citer en lien préferré sur ce dernier blog?
JF Rancurel
Serge Alary
Merci Christine !
Merci du fond du coeur d’avoir retranscrit avec autant de fidélité cette journée de souvenir et d’amitié.
Nombreux sont les adhérents qui ont retrouvé des amis perdus de vue depuis des années, voire des décennies. Des liens ont été renoués. Des documents d’archives ont été promis.
C’est un responsable d’association heureux et comblé qui se trouve encore sur un nuage. Heureux, avec Jean Pons, le maire de Vals, du succès du bar-expo. Heureux du travail accompli depuis tant d’années dans le même esprit que celui de tous nos prédécesseurs. Comblé par la présence de cette foule d’amis, venus parfois de fort loin, à tel point que beaucoup ont dû assister debout au concert.
Certes, il reste du travail à accomplir à Vals, mais un bond énorme a été effectué depuis deux ou trois ans. Il suffit maintenant de « laisser le moteur en marche ».
Martine Rouche
Ah ! L’image des deux pèlerines faisant l’ascension de l’escalier de Vals, qui, par effet de perspective, semble aussi difficile à gravir que les degrés du » Pater Noster » de Cordes …
Poulain-Martel
Merci d’avoir si bien rendu « l’atmosphère » de Vals, celle que l’on ressent à chaque visite, qui nous prend, et qui rend difficile le départ. Tous les membres du Quatuor « le Psaltérion », l’organiste, le chef de choeur qui n’a pu chanter ce jour là, mais qui a pu vivre ces instants avec nous, Mme Martel(notre Maman) si attachée à Vals, tous reconnaissent que ce lieu a une âme! Il est habité par des générations d’hommes qui ont « hanté » ce petit coin de terre et y ont laissé une trace invisible de leur passage.
L’Abbé Durand est toujours présent, il a légué à ceux qui ont repris en main son oeuvre un peu de sa joie et de son enthousiasme. Son sourire et sa bonté nous accompagnent.
Merci à tous ceux qui travaillent pour que Vals continue à rayonner.