It was at that time, that the silence was largest
And longest, the night was roundest,
The fragrance of the autumn warmest,
Closest and strongest.
Wallace Stevens (1879-1955), In the Road Home
Voici que la saison tourne, que le silence est plus large et plus long, la nuit plus ronde, et la fragrance de l’automne plus chaude, plus close, et plus dense. J’emprunte ces mots à Wallace Stevens, poète américain, qui parle de la Road Home comme d’autres parlent de la Maison Dieu. Invoquant mystérieusement une "fiction suprême", il poursuit, dit-il, dans son cheminement poétique une "réappropriation de l’ordinaire de la terre".
Lorsque, au tournant du chemin de campagne, le piéton entrevoit le visage avenant de l’automne, il touche, semble-t-il, au moment d’une telle "réappropriation". Non point qu’il ait jamais songé à se rendre un jour maître et possesseur de la nature, comme on dit sous le contrôle de la raison cartésienne. Mais il ne s’attend pas à la surprise d’une réappropriation opérée sur sa personne, à coeur et à corps consentants, par l’ordinaire de la terre, i. e. par la fuite rapide des jours, le déclin des heures glorieuses, le pas grandissant de la nuit électrique. L’étonnement est ici gage de retour à la nue vérité de la route éphémère.
Rimbaud dit lui aussi avant de quitter l’Europe l’étonnement du piéton qui voit venir sa propre réappropriation par l‘ordinaire de la terre et qui se sait habité par la force de l’assentiment. Puis il part au Harrar.
Je suis le piéton de la grand’route par les bois nains ; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d’or du couchant […].
Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L’air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin ! Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant 1.
L’humeur voyageuse est ainsi faite qu’elle jette nos pas, lointains ou proches, au devant de la dépropriation qui vient.
1 commentaires au sujet de « L’humeur vagabonde »
A M Dambies
Mon Dieu! quel bonheur!! Merci