La dormeuse blogue

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Julien Durand à Vals ou les belles heures d’un abbé préhistorien

Il y a depuis le XIXe siècle une longue et belle tradition des abbés préhistoriens, dont Henri Edouard Prosper Breuil (1877-1961), qui a occupé au Collège de France, la première chaire dédiée à la Préhistoire, constitue la figure la plus célèbre. Julien-Marie Durand 1 (1904-1970) s'inscrit dans cette tradition, immédiatement à la suite de l'abbé Breuil, qu'il a bien connu et avec qui il a signé l'article intitulé Le Prémoustérien du Tuteil (Ariège) 2. Sachant l'intraitable supériorité savante de l'abbé Breuil, on mesurera la valeur du témoignage d'amitié et d'estime que constitue chez lui la co-signature d'un article relatif aux travaux réalisés sur le site du Tuteil par le modeste abbé Durand.

Les deux abbés voisinent en 1951 à L'Infernet (gisement ossifère situé en Haute-Garonne), Henri Breuil à gauche, Julien-Marie Durand au centre, lors de l'inauguration de la stèle à la mémoire du préhistorien J. B. Noulet (1802-1890).

Indépendamment de la posture attentive qui les rapproche, la photographie met en lumière la différence d'âge et de style qui distingue les deux hommes, l'abbé Breuil, dit "le Pontife", venu de Paris, tassé par le poids des ans, des honneurs aussi ; l'abbé Durand, curé de campagne, l'allure tonique dans son chandail à fermeture éclair, venu en voisin  depuis sa cure de Rieucros (Ariège). Empruntée à La Dépêche du temps, cette photographie illustre de façon très typée la différence qui sépare ici, jusque dans un moment de mémoire commune, deux styles de prêtres, deux styles de préhistoriens, soit, plus originairement encore, deux styles d'hommes.

L'abbé Durand devant sa cure de Rieucros, en 1945.

Le curé de campagne en moto, plus tard en 2CV, c'est tout l'homme. "Un saint homme", déclare Francis Couquet, qui, enfant, a participé aux fouilles menées par l'abbé autour de l'église de Vals et souvent mangé à sa table.

En 1966, l'omelette de Pâques avec les enfants de Rieucros ; cliché : Henri Durand, frère de l'abbé ; communiqué par Michel Lasvergnas.

L'ordinaire était frugal, remarque Francis, mais il faisait bon torcher la soupe en compagnie de l'abbé et de sa soeur Suzanne. Tous ceux qui ont connu l'abbé Durand disent de même : c'était un homme simple et bon. On lisait son coeur dans ses yeux et dans tous ses gestes.

La notice nécrologique consacrée par la Société préhistorique française à l'abbé Durand, ne dit rien de son l'enfance ni de sa jeunesse. Elle se contente d'indiquer qu'il est né en Ariège. Maire honoraire de Bélesta, Jean-Louis Salvayre, qui a bien connu l'abbé Durand, précise dans un beau texte-souvenir 3 que le petit Julien Durand est né à Bélesta, le 20 janvier 1904, premier d'une fratrie qui aura compté six enfants. Originaire du Tarn, Henri-Paul Durand souffre à la jambe et au pied des séquelles d'un grave accident, survenu dans la scierie où il travaillait.

"Mon grand-père Henri était tombé dans la grande scie circulaire et avait eu les deux bouts de pieds coupés. Il bourrait ses chaussures avec du papier, ce qui impressionnait beaucoup la petite fille que j'étais alors", dit Janette Lasvergnas, nièce de l'abbé Durand.

Née au Gélat-de-Bélesta, Emilie Louise Richou, la maman, meurt à 41 ans. C'est Suzanne dès lors, soeur puînée de Julien, qui s'occupe de la maisonnée. Julien, à peine âgé de 13 ans, doit travailler. Il est successivement ouvrier-peignier, pâtissier, maçon. Janette Lasvergnas ajoute les précisions suivantes : 

"Il fut reçu premier de toute l'Ariège au certificat d'études en 1917 (ou 1918). Après la mort de sa mère en 1919 il est placé comme apprenti-patissier à Toulouse, place des Carmes (une belle et grande boutique, qu'il me fit visiter adolescente). De là il partit pour Marseille où il travailla avant de s'embarquer pour Alger. Il n'aima pas du tout cette ville, mais dut néanmoins y séjourner deux ans avant de parvenir à payer son voyage de retour".

Puis il part à Lyon afin d'y effectuer son service militaire. C'est là que, lors de la nuit de Noël,  sur la place Bellecour, il se trouve saisi du sentiment que Dieu l'appelle.

Revenu à Bélesta, il se heurte à l'incompréhension de ses amis et de ses proches. Il obtient toutefois le soutien de l'abbé Buscail, curé de la commune, et grâce à l'intervention de ce dernier, il entre au séminaire spécial de Changis (Seine-et-Marne), puis au grand séminaire de Mazères (Ariège). Il reçoit l'ordination en 1935.

"Il eut pour marraine Mlle Cassebarthe (?) qui couvrit tous ses frais de scolarité, et lui fit faire tout un trousseau pour son ordination. Elle vint finir ses jours à Rieucros au presbytère (sa chambre devint la mienne plus tard). Je me souviens très bien d'elle, grande, très mince, très austère", dit Janette Lasvergnas.

Il occupe alors successivement trois cures, celle de Montségur, de 1936 à 1941, celle de Mijanès ensuite, de 1941 à 1945, celle de Rieucros enfin, de 1945 à sa mort. Sa paroisse comprend des zones montueuses, des fermes reculées. Il mène en outre des fouilles dans divers sites situés en montagne. D'où l'usage de la moto, dont il semble si heureux sur la photo de 1945. On ne distingue pas la marque de la moto. Janette Lasvergnas, que j'ai rencontrée, se souvient qu'il s'agissait d'une Peugeot. 

On se représentera à la lumière de certaines pages du Journal d'un curé de campagne de Bernanos l'aventure des chemins sillonnés par l'abbé Durand dans sa paroisse de Rieucros, ou plus occasionnellement en montagne, pour gagner un site préhistorique qui l'intéressait :  

La haute voix du moteur s’élevait sans cesse jusqu’à ne plus donner qu’une seule note, d’une extraordinaire pureté. Elle était comme le chant de la lumière, elle était la lumière même, et je croyais la suivre des yeux, dans sa courbe immense, sa prodigieuse ascension. Le paysage ne venait pas à [moi], il s’ouvrait de toutes parts, et un peu au-delà du glissement hagard de la route, tournait majestueusement sur lui-même, ainsi que la porte d’un autre monde […].

Le vent de la course n’était plus, comme au début, l’obstacle auquel je m’appuyais de tout mon poids, il était devenu un couloir vertigineux, un vide entre deux colonnes d’air brassées à une vitesse foudroyante. Je les sentais rouler à ma droite et à ma gauche, pareilles à deux murailles liquides, et lorsque j’essayais d’écarter le bras, il était plaqué à mon flanc par une force irrésistible 4

Ci-dessus : en 1947-1948, dans le pré de Bord à côté du presbytère de Rieucros (actuellement partie nouvelle du cimetière), auprès d'un gros marronnier disparu ; photographe inconnu ; cliché communiqué par Michel Lasvergnas.

Précédant de peu la guerre de 39-45, le sacerdoce ariégeois de l'abbé Durand s'exerce bientôt sous le signe malfaisant de l'Occupation.

En 1940, rapporte Janette Lasvergnas, "il est fait prisonnier. Mais juste avant de parvenir à la frontière allemande, il réussit à s'enfuir avec quatre camarades, dont Mr. Piquemal de Dreuilhe, et un habitant de Rivesaltes chez qui nous allions déjeuner tous les ans. Il traversa toute la France en vélo pour regagner l'Ariège". 

Nommé en 1941 à Mijanès, dans le canton de Quérigut, il s'y trouve instruit de l'action des passeurs, du maquis, et, dans l'ombre, il les soutient.

"Vers la fin de la guerre", raconte Jean-Louis Salvaire 5, l'abbé Durand "fut un jour arrêté et conduit à Foix 6. Lui, l'homme de lumière, des grands espaces nus et des cimes sauvages, s'enfuit rapidement de la pièce étroite où on l'avait enfermé et sortit en courant. Là, appuyé au mur, un vélo lui tendait le guidon et la selle. Julien s'en empara et échappa ainsi à un sort incertain. Il n'avait pas volé, mais emprunté, – nécessité fait loi ! Le vélo fut rendu. L'on croit savoir qu'il fit remerciements sincères pour cette "complicité involontaire d'évasion".

Le 2 septembre 1945, Julien-Marie Durand est nommé curé de Rieucros en remplacement de l'abbé Baurès. Il se voit chargé d'un village meurtri par la guerre, endeuillé par la mort de plusieurs de ses habitants. L'abbé Durand fait montre des vertus de son sacerdoce, tout de chaleur humaine, de simplicité et de proximité. De façon solidement pragmatique, observe Janette Lasvergnas, "il organisa des soirées récréatives qui, Farce du cuvier ou Tout va très bien Madame la Marquise aidant, eurent beaucoup de succès et auxquelles tous les jeunes participèrent, ainsi que des parties de football".  Aujourd'hui encore, bien que l'abbé ne soit plus là, on lui en sait gré.

On ignore d'où vient à l'abbé Durand sa passion de l'archéologie et de la préhistoire. D'aucuns invoquent l'effet Montségur où l'abbé a occupé sa première cure. Sa passion s'enracine possiblement dans l'enfance, l'enfance bélestanienne, placée sous la haute commination de la grande forêt 7, hantée par le secret de la grotte d'où jaillit une fontaine intermittente très curieuse 8. Elle témoigne d'un attachement de toujours au sol natal, lequel abrite ici le sommeil d'une mère trop tôt disparue. Mu par un tropisme chthonien, le préhistorien demeure à la façon des grands Anciens celui qui, en vertu de sa quête native, descend au royaume des Mères 9. On a souvent questionné l'abbé Breuil à propos du lien, supposé intenable, qu'il disait évident pour lui entre sa foi chrétienne et sa quête des secrets que la terre réserve concernant les origines et l'histoire de l'homme. L'abbé Breuil s'en agaçait. L'abbé Durand n'a, semble-t-il, jamais rien dit des raisons pour lesquelles, en même temps qu'il accédait à la prêtrise, il était devenu préhistorien. 

On ignore également d'où vient l'étendue des connaissances dont l'abbé Durand a fait preuve au cours de ses recherches. A la différence de l'abbé Breuil, qui était issu d'un milieu cultivé, qui avait reçu au lycée une formation solide et poursuivi à l'université des études de biologie après le séminaire, Julien-Marie Durand s'est formé, semble-t-il, exclusivement dans et par les livres et les revues spécialisées. Gaston Bachelard, qui avait dû lui aussi, quoique dans une moindre mesure, se former seul, dit admirablement la beauté spirituelle de l'étude et, dans le silence de la nuit, la longue patience de l'homme qui s'efforce d'apprendre, sachant que l'homme en question, c'est non seulement l'autodidacte, mais quiconque demeure habité par la vieille inquiétude du que sais-je ? 

Seul, la nuit, avec un livre éclairé par une chandelle – livre et chandelle, double ilôt de lumière, contre les doubles ténèbres de l'esprit et de la nuit. J'étudie ! Je ne suis que le sujet du verbe étudier. Penser je n'ose. Avant de penser, il faut étudier 10.  

L'abbé Durand, une fois nommé à Montségur 11, entreprend d'explorer, en pionnier, quelques uns des sites préhistoriques qui feront en 1988 l'objet de ce document de synthèse, établi par le Service géologique national :  

"A Montségur, la grotte du Tuteil a livré une industrie prémoustérienne. A Belvis, à 960 m d'altitude, la Caune, fouillée par une équipe du CNRS, contient du Renne et une industrie magdalénienne dans les couches supérieures du remplissage. Elles sont rapportées par Jalut au Dryas ancien supérieur. Les niveaux plus anciens, dont certains ont livré un outillage castelperronien, révèlent une flore très pauvre, où les pollens d'arbres sont extrêmement rares, correspondant à un climat rigoureux".

Les sites du Néolithique, du Chalcolithique et de l'Age du Bronze sont "relativement nombreux dans la vallée du Lasset, autour de Montségur, et dans la haute vallée de l'Hers jusqu'à Bélesta. On peut mentionner, dans la vallée du Touyre, la grotte sépulcre de Coeurs à Dreuilhe (Bronze) et les récoltes archéologiques d'Arthur Caussou en pays d'Olmes (musée de Tarascon-sur-Ariège)" 12.

On remarque à propos de la grotte du Tuteil, que le document oublie de mentionner le travail de l'abbé Breuil et de l'abbé Durand.

Certes l'article co-signé par les deux abbés à propos du Prémoustérien du Tuteil (Ariège) date déjà de plus de 40 ans.

Mais l'oubli de l'article de 1943 témoigne aussi d'une certaine sélectivité de la mémoire scientifique relativement aux travaux émanant de clercs, volontiers soupçonnés de retard idéologique en matière de paléontologie humaine 13, et dont l'un ici horresco referens est venu à la préhistoire sans passer par l'université.

La lecture des anciens bulletins de la Société préhistorique française indique que, trouvant ainsi à compenser la légitimité uiversitaire qui lui manque, l'abbé Durand, alors curé de Mijanès, devient membre titulaire de cet aréopage savantissime, en même temps que l'un des fils de l'illustre comte Begouën 14, le 28 décembre 1944. Les bulletins de la dite société mentionnent ensuite assez régulièrement les travaux de l'abbé jusqu'en 1956. Après 1956, le nom de J. M. Durand n'apparaît plus. L'abbé jouit désormais d'une notoriété suffisante pour publier au-delà du cadre confidentiel des sociétés savantes. Et, pris de passion pour le site Vals, il s'occupe désormais d'archéologie plus encore que de préhistoire.

La lecture de ces anciens bulletins indique par ailleurs quel genre de résultats la Société préhistorique française des années 40-50 a retenus dans les rapports de fouilles présentés par l'abbé Durand. Encore tributaire d'une conception de la préhistoire "orientée objets", la dite société ne mentionne guère le nom de l'abbé Durand qu'au titre de la seule invention des dits objets, – "anse à crête dans un niveau sous jacent à un premier niveau avec vase polypode et alêne losangique en métal" 15, "poinçon d'une longueur totale de 0 m 104, à extrémité agissante brisée, confectionnée dans un cubitus humain, d'après détermination du Professeur G. Astre de Toulouse et provenant de la grotte du Tuteil" 16, "sifflet tubulaire, également confectionné dans un cubitus humain (même détermination) provenant de la Caougno (Montségur)" 17, "35 boutons, 1 écarteur et 6 pièces inachevées car doublement perforées mais non sciées, collier fait d'une cinquantaine d'éléments (Usson-les-Bains)" 18, "plusieurs moules en stéatite, dont un pour épingle à tête annulaire" 19. Il faut attendre la publication de La Préhistoire de l'Ariège, du Néolithique I à la période de la Tène, en 1968, soit deux ans avant la mort de l'abbé, pour voir la Société archéologique française et le Bulletin de documentation bibliographique s'intéresser non plus seulement aux objets  découverts au Tuteil, à la grotte de Las Morts ou ailleurs, mais à l'oeuvre de J.-M. Durand et à la portée scientifique de cette dernière.

Marie-Thérèse Laureilhe, dans le Bulletin de documentation bibliographique, salue la première la publication de ce maître livre : 

"Dans cet ouvrage de 225 pages, abondamment illustré de reproductions de photographies, de cartes, de coupes stratigraphiques, de graphiques et de relevés, M. l'abbé Durand nous donne une vue d'ensemble de la préhistoire de l'Ariège. Il retrace d'abord les travaux de ses devanciers, et les siens propres, sur une période s'étendant du Néolithique au Ier âge du fer (inclus), puis il expose en détail les résultats d'une de ses fouilles, celle de la grotte de Las Morts à Montségur où il a pu faire une fouille stratigraphique, niveau par niveau, relevant minutieusement tout le « mobilier », envoyé au Musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye, en dernier lieu il reprend les objets trouvés par ses devanciers au XIXe siècle, époque où l'on fouillait pour recueillir des collections en ne se préoccupant que médiocrement de la datation et de l'environnement, il les compare avec ceux qu'il a trouvés à Las Morts et qu'il a pu dater, et avec ceux trouvés ces dernières années par des érudits ayant cette même méthode précise. Cette comparaison de formes et de types lui permet de tenter une vue d'ensemble des industries ariégeoises néolithiques.

Ce travail rigoureusement scientifique doit être signalé à l'attention des bibliothécaires non seulement parce que c'est la seule tentative de synthèse de la préhistoire ariégeoise, mais parce que l'on y trouve plusieurs répertoires et bibliographies précieux pour les recherches ultérieures. Entre les pp. 5I et 67, se trouve une liste de 105 stations ariégeoises du Néolithique au 2e âge du fer, certaines d'ailleurs comprenant plusieurs sites, avec l'indication bibliographique de la publication quand il y a lieu. Dans la 2e partie, fouille de la grotte de Las Morts, un inventaire des objets trouvés, niveau par niveau, avec leur description, le numéro du catalogue du Musée de Saint-Germain et la reproduction du plus grand nombre, est également à signaler aux pp. 84 à I20. Cet inventaire détaillé peut permettre les comparaisons avec des objets trouvés ailleurs et faciliter les datations. Une place spéciale est faite à la poterie dont on sait qu'elle permet d'établir des chronologies assez précises (pp. 128 à 146). L'essentiel de la 3e partie est un répertoire alphabétique des objets trouvés en Ariège avec indication de la fréquence, mention d'origine, localisation actuelle (musée ou collection particulière) et caractéristiques essentielles de l'objet avec reproduction dans la plupart des cas. Sont successivement répertoriés les objets en pierre (pp. I60-I79), en os, ivoire, bois de cerf, coquillage (pp. I80-202) et la poterie (pp. 203-221).

Enfin ce très important ouvrage se termine par une bibliographie de 230 numéros qui nous donne l'essentiel des articles publiés en France, et partiellement à l'étranger sur le sujet. Cette exceptionnelle bibliographie sera la base de toute recherche ultérieure. Il n'en n'existe pas d'autres aussi étendues, à notre connaissance, sur la préhistoire de cette région qui se classe parmi les plus riches pour cette période et où l'on trouve le site éponyme d'une période, le Mas-d'Azil. Elle mentionne les articles publiés par les précurseurs du XIXe siècle en même temps que les toutes dernières études, et au moins pour celles en français, paraît sans lacune" 20.

Ci-dessus : l'abbé Durand, alors curé de Montségur, devant l'une des entrées de la grotte de Las Morts, circa 1940. Source : La Dépêche.

Ci-dessous : photo ancienne du site de Las Morts (source : Mazon) et note manuscrite rédigée par l'abbé Durand.

Jean Guilaine ensuite, dans le bulletin de la Société préhistorique française du 18 décembre 1969, rend hommage à l'oeuvre de l'abbé Durand, ici considérée essentiellement pour sa valeur de témoignage historique concernant  une recherche ancienne, dont les conclusions restent à revoir :   

"L'Abbé J.-M. Durand tente dans ce mémoire une synthèse des périodes préhistoriques à céramiques, en terre ariégeoise. Sauf pour quelques sites étudiés depuis une trentaine d'années, la plupart des fouilles se rapportant à ce sujet sont anciennes et remontent au siècle dernier. L'on conçoit donc dès l'abord les difficultés d'une telle entreprise, difficultés dues à de multiples facteurs : archaïsme des méthodes de fouille, rareté des stratigraphies, absence de milieux clos, etc.

De la première partie nous retiendrons quelques précisions apportées sur la faune des gisements holocènes ariégeois (avec des déterminations du Pr. G. Astre) ainsi qu'un répertoire des sites entrant dans le découpage chronologique ici étudié.

Dans une deuxième partie, qui couvre un bon tiers de l'ouvrage, nous trouvons une description détaillée du matériel de la grotte de Las Morts, fouille essentielle de l'auteur. Le petit nombre de stratigraphiques néolithiques dans les Pyrénées joint au caractère très particulier des groupes préhistoriques de cette région conservatrice, s'opposent constamment à des horizons bien définis d'autres provinces de la France méridionale. L'auteur l'a bien senti et a été contraint, pour le Néolithique par exemple, à formuler des hypothèses et des classifications provisoires. Que représentent au juste dans le cadre actuel des civilisations méridionales du Néolithique, les niveaux 1 et 2 de Las Morts ? Une réponse sûre ne pourra être fournie qu'avec la fouille méthodique d'autres sites. Néanmoins dans un souci de clarté et d'uniformisation, il serait peut-être préférable d'appliquer les subdivisions habituelles de Néolithique ancien, moyen, récent à l'Ariège. La présence du Cardial, déjà attestée en Andorre, est probable. Le Néolithique moyen y a été repéré (Chasséen de Niaux et du Mas d'Azil), tandis que Bédeilhac a fourni les traces d'un Néolithique indigène qui paraît devoir être mis en parallèle avec les cultures secondaires qui se développent dans le Midi dès la première moitié du IIIe millénaire : Ferrières ancien, Couronnien, groupe Aude-Roussillon dans sa phase ancienne, etc. Les choses se clarifient avec le Chalcolithique et l'Age du Bronze où se retrouvent des éléments connus ailleurs : tessons de campaniformes, cordons impressionnés de style Rhône, vases carénés du Bronze ancien-moyen d'affinités méditerranéennes, céramiques peignées de la Tène, etc.

En résumé Las Morts laisse l'impression de l'existence probable en Ariège de faciès régionaux qui ont pu marquer les étapes du Néolithique. Cette impression nous était déjà acquise avec le niveau inférieur de Bédeilhac (Couche VI) qui, à notre avis, n'a rien de spécifiquement Chasséen et doit correspondre à un Néolithique récent autochtone. Les niveaux supérieurs de la grande cavité du Soudour démontrent également l'existence d'une culture régionale de l'Age du Bronze caractérisée par des urnes à anses épaisses, présentant quelquefois des crêtes ou des cupules, des flèches en os, une perduration de l'outillage lithique traditionnel, etc. paraissant évoluer sur place.

Une troisième partie a été décrite dans un but typologique et se présente tel un tour d'horizon des instruments de pierre ou d'os des périodes envisagées. Quelques développements sont consacrés parallèlement aux styles céramiques.

Une bibliographie de 131 numéros termine l'ouvrage" 21.

Jean Guilaine, alors âgé de 33 ans, déjà spécialiste, conclut cette présentation par une "note humaine" qui demeure très révélatrice du clivage statutaire en vertu de quoi ab origine la "passion" de "l'amateur" peine forcément à mériter un jugement sans réserves quant à la portée des résultats qu'elle produit.  

"Une note humaine pour terminer : le style trahit fréquemment l'un de ces amateurs passionnés qui a eu le courage de donner sa vision, quelquefois très personnelle, des problèmes. Quoi qu'il en soit, sachons lui gré de nous avoir fourni une foule de renseignements de tout ordre qu'avec sa déjà longue connaissance de la Préhistoire ariégeoise il était l'un des rares à pouvoir consigner" 22.

Nommé en 1944 curé de Rieucros, l'abbé Durand s'y trouve désormais quelque peu éloigné des sites préhistoriques sur lesquels il avait continuellement travaillé depuis 1936. Mais il découvre sur le territoire de sa paroisse l'église rupestre de Vals (classée en 1910), dont, outre l'atmosphère mystérieusement habitée, l'implantation et les abords curieux l'intéressent immédiatement. Il entreprend alors des fouilles autour de l'église. Celles-ci s'échelonnent jusqu'aux années 1960. Elles mettent successivement au jour autour de l'église l'abri sous roche des Cornillons, dépôt de cornillons de taureau, de chèvre, de mouton, mêlés à des débris d'objets en fer, des tessons de poterie et de vases, des ossements humains brisés ; la plateforme du Rahus et le roc Tailhat, vestiges d'aménagements attribués par l'abbé à l'époque gauloise ou gallo-romaine ; un cimetière, que l'abbé date de la fin de l'âge du Bronze ou de l'âge du Fer ; une dizaine de squelettes dans la Faille de la Source, dite "Faille sépulcrale", squelettes, dont un, associé à un vase polypode, attribués par l'abbé à l'âge du Bronze.  

Ci-dessus : plan de la plateforme du Rahus, établi par Serge Alary en 1984.

C'est au cours de cette décennie que le petit Francis Couquet, comme bien d'autres enfants qui s'en souviennent comme lui, participe occasionnellement au travail de fouille. Francis raconte comment, plein d'énergie, il s'attendait à donner de grands coups de pioche, alors qu'il a dû travailler à la petite cuillère et au pinceau, conformément à une démarche minutieuse dont il avoue qu'elle a vite lassé sa patience bouillante.

René Pennabayre, en 1956, avec ses amis François, Ricou et Michel, a participé lui aussi aux fouilles de Vals. Il évoque de façon plaisante un moment d'insubordination contre "la tutelle bienveillante mais trop tatillonne à notre goût qu'exerçait sur nous l'abbé Durand, lequel, formé aux techniques de l'époque, nous forçait à procéder dans nos recherches avec une sage lenteur qui détonnait avec notre soif de découvertes immédiates" :

"C'est ainsi que, Ricou ayant trouvé dans la Faille de la source une magnifique hache en pierre polie semblable à de l'obsidienne, preuve évidente d'une présence humaine sur les lieux dès le Néolithique, à peine avions-nous eu le temps d'en admirer la forme élégante qu'elle disparaîssait dans l'une des vastes poches de la soutane de l'abbé Durand, sans espoir de retour.

Quelques jours plus tard, une boucle de ceinturon, présumée wisigothique, que j'avais trouvée à fleur de terre sur le Rahus, au cours d'un sondage aussi fortuit que providentiel, subissait le même sort.

C'en était trop ! Brandissant fictivement l'étendard de la révolte, nous nous constituâmes en une sorte d'association informelle et nous décidâmes derechef de nous mettre à notre propre compte, comme auraient pu le faire des apprentis lassés des exigences de leur patron". 

Ci-dessus : cliché de fouille, pris à Vals dans les années 50.

La fine équipe se met alors en quête d'un autre site de fouille. Mais "vélos valétudinaires" et "soleil de plomb" sur des sites dits "grouillants de vipères" font que René, François, Ricou, Michel, quelques jours plus tard,  retournent à Vals…

"L'abbé Durand, qui n'était nullement dupe de nos manigances, nous accueillit comme si de rien n'était. Sur un ton bonhomme, où perçait une ironie taquine, il se contenta de nous rappeler que la patience et la persévérance sont les vertus cardinales du chercheur" 23.

Serge Alary, responsable de l'Association des Amis de Vals, confirme que l'abbé Durand usait en matière de fouilles d'une méthodologie suffisamment stricte pour que le résultat de ces dernières demeure exploitable aujourd'hui encore. Le fait est rare et mérite d'être souligné.       

Ci-dessous : fouilles du Rahus dans les mêmes années 50.

Suscitant la participation du village, l'intérêt des habitants de la vallée de l'Hers, ces fouilles valent à l'abbé Durand un début de notoriété. Raymond Escholier, qui réside l'été non loin de Vals, vient régulièrement visiter l'abbé en voisin et ami. Il entraîne dans son sillage nombre de sympathisants, notables locaux et visiteurs parisiens, qui assurent à l'abbé un discret soutien. C'est M. Vieljeux, par exemple, premier président de l'Association des Amis de Vals, qui offre à l'abbé sa première 2CV. Témoin de cette nouvelle notoriété, le passage à Vals de Guy Rachet, écrivain à succès, spécialisé dans la vulgarisation de l'histoire ancienne, passionné d'archéologie, associé à divers chantiers de fouilles au titre de l'amateur éclairé. Suite à une première visite, Guy Rachet, en avril 1961, adresse à l'abbé Durand la lettre suivante :

"Cher Monsieur l'abbé,

En lisant L'Homme Préhistorique de Septembre – Octobre 1926, j'ai trouvé un article de A. de Mortillet 24 qui me semble pouvoir intéresser la découverte de cornillons que vous avez faite dans la faille sépulcrale.

Il s'agit d'une corne en terre cuite, découverte dans une grotte sépulcrale en Sicile, près de Palerme, en 1922 […].

Vals et la Sicile sont deux lieux bien éloignés l'un de l'autre pour pouvoir établir quelque comparaison mais il est troublant que ce ne soit – que je sache – que dans ces deux régions qu'on a trouvé des cornes présentant un caractère rituel, comme d'ailleurs il n'y aurait qu'à Malte ou en Nabatène qu'on pourrait trouver des roches taillées comparables à celle de Vals qui se révèle ainsi un site unique en France à deux titres.

Notre ami Gérard Dupuy est-il revenu vous rendre visite et poursuivez-vous toujours aussi activement les fouilles, avec la bonne saison qui se poursuit d'ailleurs depuis déjà quelque temps? J'espère pouvoir vous rendre une nouvelle visite en fin juin avant notre prochaine campagne d'automne.

Je vous prie de faire part de mon souvenir respectueux à monsieur votre père et à mademoiselle votre soeur […]". 

Confirmant le début de notoriété dont les découvertes de l'abbé Durand jouissent en 1960 auprès d'un public averti,  cette lettre témoigne par ailleurs d'une sorte d'élan de solidarité, naïvement dédié par un préhistorien sauvage à un autre préhistorien sauvage ou supposé tel. D'où, à titre de lecture conseillée, la référence, plutôt obsolète, à l'article d'Adrien de Mordillet, paru dans un numéro de la revue L'Homme préhistorique daté de 1931. 

A propos de la relation d'amitié que Guy Rachet a entretenue avec l'abbé Durand, Serge Alary apporte les compléments d'information suivants :

"Dans le tout premier numéro de la revue Archéologia, Guy Rachet publie en novembre/décembre1964 une "Initiation à la technique des fouilles archéologiques", article  dans lequel il cite à titre d'exemple l'abbé Durand et les fouilles de Vals (pp. 17-22). Guy Rachet fut un temps membre de l'Association des Amis de Vals. Nous l'avons rencontré dans un salon du livre, à Paris, il y a une dizaine d'années. Il conservait un excellent souvenir de Vals et de l'abbé Durand".

Jean Guilaine, vers la fin des années 60, a correspondu lui aussi avec l'abbé Durand. Cette correspondance intervient bien tard, puisque l'abbé décède en 1970. Elle indique toutefois que le travail de ce dernier bénéficie désormais d'une meilleure réception auprès de l'institution. Elle montre en filigrane la complexité de la relation que le jeune et brillant universitaire engage ici avec le modeste abbé, quasiment inconnu de lui jusqu'ici, cependant déjà signalé à son attention pour l'intérêt des découvertes réalisées lors des fouilles de Las Morts. 

Curieux d'en savoir plus, Jean Guilaine adresse d'abord à l'abbé Durand, qualifié ici de "Cher collègue", la lettre qui suit : 

"Cher collègue

M'intéressant à tout ce qui concerne les périodes néolithique, chalcolithique, Ages du Bronze et du Fer, je serais très heureux de posséder vos principaux travaux sur l'Ariège (Las Morts et classification d'industries holocènes, Le Tuteil etc.).

Ci-joint deux notules dont ma classification des campaniformes.

Le polypode de Las Morts est-il en stratigraphie sûre ?

Pouvez-vous m'indiquer les grottes de l'Ariège que vous connaissez ayant livré du campaniforme (ou caliciforme). Merci par avance pour ces renseignements.

Croyez, Cher collègue, en mes sentiments tout dévoués.

                                                             J. G.

P.S. Je suis un ami d'Alteirac 25, du Mas, que vous connaissez peut-être".

Le ton est celui du professionnel à un autre professionnel. La référence à l'ami Alteirac se veut liante, mais, bien qu'elle soit flatteuse pour l'abbé par la supposition des liens qu'elle lui prête, elle en impose aussi. Jean Guilaine, dans l'échange, demeure magistral : "Le polypode de Las Morts est-il en stratigraphie sûre ?"  

Suite à la publication de La Préhistoire de l'Ariège, du Néolithique I à la période de la Tène, en 1968, Jean Guilaine adresse cette fois un message de félicitations à l'abbé Durand, qu'il qualifie pour l'occasion de "Monsieur l'Abbé et Cher Ami" :   

"Jean Guilaine
Chargé de recherche au C.N.R.S.                                        Carcassonne, le 20 septembre 1969

Monsieur l'Abbé et Cher ami,

Je suis très heureux d'avoir reçu ce matin votre beau livre que je suis en train de dépouiller. Je vous dois de vifs remerciements car c'est une authentique mine où je pourrai puiser de nombreux renseignements.

Je vous adresse en échange mon livre sur le campaniforme et un certain nombre d'études récentes. J'y joins également quelques planches photos de mon travail avec Héléna sur Niaux qui pourront vous être utiles.

Je vois que vous êtes en train de faire faire des Cl4 26 sur Las Morts. Je suis très intéressé par tout résultat de ce côté. Ayez la gentillesse de me tenir au courant.

D'ici quelque temps je vais publier une dizaine de Cl4 de l'Aude et je vous en adresserai un tiré-à-part. Veuillez me le réclamer si je l'oublie.

En vous félicitant encore une fois et avec mes sentiments bien amicaux.

                                                                    JGuilaine"

Certes adapté à un message de félicitations, le ton ici a changé. Oublieux des questions sur la sûreté de la stratigraphie, Jean Guilaine se place vis-à-vis de l'abbé sur le plan de l'échange entre pairs, et en mentionnant la présence d'Héléna sur les photos du travail mené à Niaux, il témoigne des rapports familiers que lui et Héléna entretiennent désormais avec l'ami Julien Durand. Mais il conserve volens nolens une touche de magistralité dans l'échange, discrètement sensible dans l'allusion aux "quelques planches photos… qui pourront vous être utiles" et dans l'invitation à réclamer "si j'oublie".  

On se reportera plus haut à la conclusion de l'article dédié par Jean Guilaine à l'ouvrage de l'abbé Durand dans le bulletin de la Société préhistorique française du 18 décembre 1669 pour mesurer la profondeur du fossé qui, indépendamment de l'amitié et du respect mutuel, séparait toujours le préhistorien qui s'est fait tout seul du préhistorien mandaté par l'institution. Ce type de fossé est-il jamais franchissable ?

"Une note humaine pour terminer : le style trahit fréquemment l'un de ces amateurs passionnés qui a eu le courage de donner sa vision, quelquefois très personnelle, des problèmes. Quoi qu'il en soit, sachons lui gré…".

 

Le 19 décembre 1952, l'abbé Durand, depuis sa cure de Rieucros, adresse aux amis, "artistes et poètes, amateurs d'antiquité", qui soutiennent de leurs dons les fouilles engagées à Vals depuis sept ans déjà, une invitation simple et chaleureuse à venir partager en sa compagnie et celle de sa soeur Suzanne "quelques gâteaux et un bol de chocolat au lait" après la messe de minuit. Cette invitation, sans qu'on le sache encore, marque le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire de Vals :  

"Bien chers amis,

Merci, grand merci de tant faire pour Notre Dame de Vals.

Beaucoup qui seraient demeurés sourds à ma prière ne resteront pas insensibles à la vôtre, particulièrement les artistes et les poètes, les amateurs d'antiquité aussi et tout ce que l'esprit et le coeur compte de valeurs chez nous.

Que la Vierge du Rocher vous en soit reconnaissante.

J'ai reçu tout dernièrement la visite de Madame Pierre Couquet (la maman de Francis Couquet, le gamin à la patience bouillante ; cf. supra) qui a promis de s'intéresser à Vals. C'est un des premiers résultats de votre heureuse intervention. Pas le tout premier, puisque Marie Noël [écrivain, amie de Raymond Escholier ; photographiée ci-contre] a versé déjà son obole pour le sanctuaire. Je lui ai écrit pour la remercier.

Merci d'avoir choisi la modeste église de Rieucros pour venir vous recueillir en cette belle nuit de Noël qui vit naître le Sauveur des hommes et qui vous vit naître pareillement. 

Cette heure si douce sera remplie par des cantiques populaires où s'exprime la joie et l'espérance des Rochetés.

Après la messe de minuit voudrez-vous accepter de prendre quelques gâteaux et un bol de chocolat au lait avant de regagner le nid d'aigle [Malaquit, demeure familiale du couple Escholier, près de Mirepoix] si hospitalier qui domine la flèche du clocher de Saint-Maurice [nom de la cathédrale de Mirepoix] ?

Encore une fois merci de cet accueil si simple, si aimable, si cordial que vous nous réservez à chacune de vos invitations.

Croyez à notre attachement très fraternel dans le Christ. A bientôt !

           Abbé Ju. Durand

P.S. J'ai fouillé dans ma bibliothèque. Je n'ai pas retrouvé d'ouvrages de Marie-Noël. Vous m'aviez lu – et avec quel talent – tel ou tel passage de ses écrits – De là à penser que j'avais hérité d'eux …"

A la fin de l'année 1952 en effet, alors que, posté dans l'abside supérieure de l'église de Vals, il considère sur le mur l'enduit qui s'écaille sous l'effet de l'humidité, l'abbé Durand constate que des couleurs paraissent sous l'enduit. Le dégagement du mur révèle bientôt des fresques dont l'existence même avait été oubliée depuis la fin du Moyen Age. Très vite, la nouvelle de cette découverte se répand. Raymond Escholier fait beaucoup pour la publicité de l'événement en conduisant à Vals d'abord ses voisins, puis chaque été, de 1953 à 1960, années nécessaires au dégagement complet des murs de l'extrados de l'abside, ses amis parisiens.

Ci-dessus : détail du pied gauche de la Vierge, photographié par Serge Alary après la récente campagne de restauration des fresques, ici enregistré en sepia.

Suite à l'annonce de la découverte, l'écrivain adresse à l'abbé Durand la lettre suivante, datée du 29 janvier 1953 :

"Ravi d’apprendre qu’on a découvert – à Vals – des peintures – peut-être romanes. J’irai voir cela dès que la grippe me laissera enfin reprendre mes activités…. et je vous amènerai, ce jour-là, je l’espère, Mme Alix André qui ignore ce beau sanctuaire, mais qui est trop intelligente pour ne s’y pas intéresser.

Peut-être cueillerons-nous, en passant à Mazerettes, la gracieuse Mme Couquet, qui vous est toute dévouée. Cela dans un délai assez bref, car au début de mars, il me faudra être à Paris, pour le lancement d’un nouveau livre…"   

Parmi les visiteurs des années 50, Annie Cazenave, alors élève de l'Ecole du Louvre, qui après un premier passage à Vals en 1956, entreprend d'attirer sur les fresques, encore en cours de dégagement, l'attention de son maître Paul Deschamps, Directeur du Service des Monuments historiques, Conservateur en chef du Musée des Monuments français. Le classement des fresques de Vals intervient en 1959.

La lettre adressée par Annie Cazenave à l'abbé Durand le 26 novembre 1956 nous renseigne sur la foule de questions suscitées, à l'époque, par l'étonnante implantation de l'église Notre Dame de Vals ainsi que par la datation, l'interprétation et l'attribution des fresques.  

Concernant l'implantation de l'église, vouée à un pèlerinage marial, curieusement située toutefois "dans un petit village à l'écart des routes", Annie Cazenave évoque l'hypothèse d'un "établissement hospitalier", ou bien d'une place cistercienne orientée face à Montségur, d'où à l'encontre des Cathares, comme l'attesterait la tradition d'un séjour à Vals de Saint Dominique. Elle envisage également l'hypothèse d'une boucle ariégeoise du chemin de Saint Jacques, boucle à la faveur de laquelle les pèlerins venus de Notre Dame du Puy via Toulouse, feraient halte avant l'Espagne pour se recommander derechef à "la Notre Dame".

Frappée par les marques d'influence byzantine qu'elle relève sur les fresques – "le traitement à larges cernes noirs, les yeux globuleux, la représentation de cabochons de couleur sur les vêtements" -, Annie Cazenave les rapporte au modèle velaisien, transféré jusqu'en Ariège par les pèlerins venus du Puy. Elle évoque également, via le passage des pélerins, une possible médiation byzantine depuis l'Espagne : 

"Il ne serait pas improbable, soit qu'un pèlerin ayant travaillé au Puy soit venu à passer par une région où existait aussi la dévotion mariale, soit qu'un peintre local se soit inspiré d'une oeuvre qu'il connaissait. De plus les relations économiques et artistiques entre le Puy et l'Espagne étaient fréquentes. Les gens de cette époque voyageaient beaucoup plus qu'on ne le croit généralement…" 

Concernant l'aménagement étagé de l'église, Annie Cazenave, toujours à l'intention de l'abbé Durand, conclut qu'il "a dû exister à Vals : 

– un lieu de culte primitif, païen, puis chrétien, entièrement souterrain : passage par la diaclase, et église hypogée.

– un premier remaniement et la construction de la tour : c'est, je crois, votre avis : votre étude, que j'ai entre les mains, parle en effet de la "contemporanéité de la tour et d'une église plus ancienne que l'actuelle", ce qui, vu l'architecture, me paraît certain.

– Au XIe siècle, les exigences du pèlerinage rendent nécessaire un agrandissement de l'église ; on aboutit ainsi à son état actuel" 27.

Intriguée par la croix discoïdale installée alors sur l'un des murs d'enceinte du site de Vals, plus tard déplacée, en raison d'une tentative de vol, très haut sur la paroi du donjon-clocher, Annie Cazenave souligne le puissant intérêt des observations consignées par l'abbé à propos de cette croix, et elle rend hommage ici non seulement au savant, mais aussi à l'Ariégeois, homme de terrain, homme des racines.  

"Au sujet de la croix nimbée de la terrasse, je trouve que l'on ne peut pas dire mieux que dans votre monographie, en peu de mots et d'une façon précise, pour signaler la survivance du culte solaire christianisé, survivance encore vivante chez les tailleurs de pierre des tombes discoïdales basques. Vous avez sans doute remarqué qu'une croix semblable se retrouve à l'entrée primitive de la chapelle de St Jean de Verges, c'est à dire dans une partie élevée, et sans doute dans un but de protection, comme nos modernes croix de clochers. Etait-ce une coutume de nos lointains ancêtres ariégeois ? La survivance de la forme arrondie, qui n'était plus comprise par l'artisan, peut s'expliquer par la difficulté de la taille de la pierre, en même temps que par le goût de la tradition. Je ne connais que ces deux exemples en Ariège. En avez-vous vu d'autres ? 28

En 1961, Jean Girou, médecin et écrivain audois, auteur de nombreux ouvrages dédiés au Languedoc et aux peintres du Midi, témoigne de la formidable impression suscitée par la visite de l'église de Vals : 

"Notre-Dame de Vals est la révélation la plus récente due aux recherches d'un modeste prêtre qui est devenu un apôtre, l'Abbé Durand […].

"Ces fresques de l'église rupestre de Vals se situent dans les Pyrénées après Mirepoix, près de Rieucros. Vals est déjà connu dans la préhistoire par la civilisation des urnes, "le Camp des Toupies" de l'époque Hallstatt et par le Roc-Taillat, table de sacrifice, la fin de la Tène par son "magasin à cornes". On remonte ainsi à 5.000 ans; puis une fissure, une diaclase dans le poudingue de Palassau, crée le couloir d'une crypte ; cette grotte devient l'entrée d'un sanctuaire qui, d'abord carolingien, a des arcatures aveugles à même le rocher et qui, au Xe siècle, conduit à l'abside mozarabe et, plus tard, à une nef. Le rocher a été utilisé dans toute cette édification et la tour de guet de défense médiévale est devenue le clocher. En décapant les plâtres de l'abside, des traits colorés ont soudain apparu ; avec une extrême prudence, M. l'abbé Durand a prévenu les Beaux-Arts, et des motifs ont surgi dans une transcription byzantine et préromane. Ces fresques ont une affinité d'écriture avec les fresques catalanes et se rapprochent fort de Saint-Martin de Fenollar" 29.

De façon plus tranchée qu'Annie Cazenave, Jean Girou attribue le style byzantin des fresques à l'influence des maîtres catalans. On disputera plus tard d'une possible attribution des fresques de Vals au maître de Pedret. L'hypothèse d'une telle attribution a été un temps abandonnée. L'influence catalane, rendue possible par l'itinérance des peintres, demeurait toutefois fort probable. Serge Alary, samedi dernier, lors de l'assemblée générale réunie à l'occasion du cinquantenaire de l'Association des Amis de Vals, nous a communiqué cette information décisive :

"Grâce à la nouvelle lecture permise par la récente restauration, les historiens de l'art affirment aujourd'hui avec certitude que les fresques de Vals peuvent être rattachées à la sphère de production picturale du maître de Pedret. Le sujet fera l'objet d'une publication prochaine, signée de Virginie Czerniak, maître de conférence en histoire de l'art médiéval à l'université de Toulouse, et de Jean-Marc Stouffs, restaurateur des fresques de Vals, dans le Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France".

Ci-dessus : vue ancienne des fresques de Pedret (Catalogne) : source : Josep Salvany i Blanch (1866-1929), placa de vidre estereoscòpica, 6×13 cm, fons Salvany SaP_467_06, Biblioteca de Catalunya.

"Par leur stylisation décorative, leur composition schématique et naïve", observe Jean Girou, les fresques de Vals "me rappellent surtout un chef-d'oeuvre très peu connu : l'ange de l'Ecluse Haute qui orne l'abside de la petite église perdue dans la montagne au-dessus du Perthus, peut-être le chef-d'oeuvre de l'art primitif catalan, ou mieux occitan" 30.

La référence à "l'ange de l'Ecluse-Haute" demeure plutôt sibylline, mais, Serge Alary dixit, "la peinture invoquée par J. Girou existe bien, dans la petite église des Cluses Hautes, village situé sur le territoire de la commune des Cluses, au sud de saint Martin de Fenollar, sur la route du Perthus". "Il y a pas mal d'années", ajoute Serge Alary, "elle était en mauvais état ; je ne sais pas ce qu'il en reste aujourd'hui".

Via le rapprochement qu'il établit entre les fresques de Vals et celles des Cluses Hautes, Jean Girou nous permet de voir ονειρωπολυμεν, comme en rêve, le visage effacé du Christ en gloire de Vals. Le visage du Christ en gloire des Cluses Hautes vient ainsi révéler par effet de surimpression le possible visage du Christ de Vals, par là le regard qu'aujourd'hui il porte sur nous.

De cet art des fresques "occitanes", Jean Girou dit avec la pudeur de la confidence qu'il "nous fait vivre une réalité émouvante, dictée par le dogme…" 31. Au-delà de ce que peuvent constater les historiens de l'art, Jean Girou parle sans doute ici au plus près de l'expérience qui a été, face aux fresques de Vals, celle de l'abbé Durand. Une telle expérience relève certes du secret de l'intime. Mais il y a dans ce secret-là quelque chose de possiblement partagé, en vertu de la mystérieuse communion des âmes qui, selon les mots de l'abbé Durand, fait "notre attachement très fraternel dans le Christ".

Tous les ans, à l'occasion du pélerinage de Notre Dame de Vals, qui a lieu le 8 septembre, l'abbé Durand célébrait la messe à l'intention des nombreux fidèles venus des environs immédiats, de la vallée de l'Hers, et aussi des vallées voisines. Beaucoup de personnes se souviennent d'avoir à cette occasion rencontré l'abbé Durand, visité les divers chantiers de fouille et admiré les fresques, encore en cours de dégagement. Simple, chaleureux, l'abbé Durand, à la sortie de la messe, venait, accompagné de sa soeur Suzanne, sur la place afin de goûter aux coques 32 qui sont de tradition le jour du pèlerinage. Tout le monde savait que J.-M. Durand était un préhistorien et un archéologue d'importance. On l'abordait pour lui poser des questions ; il y répondait avec plaisir, en se mettant à la portée de ses interlocuteurs. Mais c'est d'abord l'abbé, i. e. l'homme, que toute la petite contrée respectait et aimait.

En 1965, dans les fouilles du Rahus ; cliché communiqué par Michel Lasvergnas.

Il y a probablement un lien, au moins aux yeux de l'Eternel, entre la qualité d'un homme, ici l'abbé Durand tel que ses paroissiens l'aimaient, et celle de l'activité scientifique qu'il poursuit. Jean Guilaine le montre volens nolens lorsqu'il parle à propos de l'abbé Durand d'un "amateur passionné qui a le courage de donner sa vision, quelquefois très personnelle, des problèmes". C'est justement dans ce caractère très personnel de la vision que se manifeste le "courage", i. e. l'élan mystérieux, vital, qui porte Julien-Marie Durand à s'engager dans le sens de la vérité, à en faire foi, depuis certaine nuit de Noël sur la place Bellecour, et, plus originairement encore, depuis toujours sans doute. A ce titre, le chemin de vie de l'abbé Durand, celui du prêtre et celui du savant préhistorien et archéologue, indissociables l'un de l'autre au regard de la vérité une et la méme qui constitue pour eux l'horizon, ce chemin-là fait foi.

A propos du site de Vals, on a pu dans les années 1980 discuter certaines des hypothèses de l'abbé Durand concernant la nature et la fonction des vestiges découverts sur le Rahus et dans le secteur du Roc Taillat. "Les dernières campagnes de fouilles, dirigées notamment par Serge Alary dans les années 1980, ont permis de reconsidérer les résultats issus des travaux de J.-M. Durand et de recadrer la chronologie du site", remarquent Jean-Marie Escudé-Quillet et Catherine Maissant dans L'Ariège 33. Il n'empêche, disait Jean Guilaine en 1969, qu'il faut savoir gré à l'abbé Durand de "nous avoir fourni une foule de renseignements de tout ordre qu'avec sa déjà longue connaissance de la Préhistoire ariégeoise il était l'un des rares à pouvoir consigner". R. Simonnet, dans le n° 6 du bulletin de la Société préhistorique française, consacre à l'abbé Durand qui vient de mourir, l'éloge suivant : "J. Durand restera le premier préhistorien à avoir révélé l'existence d'un Néolithique local montagnard. C'est lui aussi qui aura ouvert la liste des inventaires de matériaux de Préhistoire pyrénéenne" 34. Serge Alary, aujourd'hui, aime à rappeler qu'en matière de connaissance du site de Vals, rien des avancées actuelles n'eût été possible sans l'extraordinaire travail de Julien-Marie Durand, autrement dit sans la foi de l'abbé Durand.

A partir des années 1960, les belles heures de l'abbé Durand à Vals se trouvent assombries par d'ultimes épreuves. C'est d'abord une grave maladie de Suzanne Durand. Puis l'adieu à l'essentiel des collections constituées par l'abbé Durand au cours de ses longues années de fouilles, lesquelles collections sont transférées au muséum d'histoire naturelle de Toulouse (objets provenant des fouilles du Tuteil) et au musée de Saint-Germain-en-Laye (objets provenant des fouilles de Las Morts). C'est enfin le cancer qui ronge l'abbé et l'oblige à précipiter la rédaction de la somme qui constitue son testament de préhistorien, La Préhistoire de l'Ariège, du Néolithique I à la période de la Tène, puis à laisser en l'état les précieuse notes de travail qu'il eût souhaité pouvoir encore rassembler.

Ci-dessus : Suzanne et Julien Durand, photographiés devant la cure de Rieucros en 1963.

Après la mort de l'abbé Durand, survenue le 12 juin 1970, Suzanne Durand, fidèle à la mémoire de son frère, maintiendra en face de l'église de Vals, au premier étage d'une vieille maison qui appartenait alors à l'Evêché, un petit musée, fait des reliques des anciennes collections dispersées. Longtemps conservé en l'état, ce musée vient d'être rénové et ré-ouvert. Il est fort beau.

Beaucoup de personnes, dans la région, se souviennent de l'escalier bien raide qui conduisait à l'étage de l'ancien musée, et de l'accueil modeste et simple de Suzanne Durand qui a vécu ses dernières années dans la vieille maison-musée. Nombre d'entre elles se souviennent aussi d'avoir un jour, en culottes courtes, participé aux fouilles de Vals sous la direction ferme et bienveillante de l'abbé Durand, puis englouti le bol de chocolat servi par Suzanne. C'est là le propre des belles heures : elles se partagent, et elles laissent dans la mémoire collective des souvenirs qui nourrissent l'âme.    

Un grand merci à Janette et Michel Lasvergnas, nièce et beau-neveu de l'abbé Durand, qui m'ont reçue si chaleureusement à Vals et qui ont bien voulu partager souvenirs et photos.

Un grand merci également à Serge Alary et à Martine Rouche, qui ont relu cet article et qui, auparavant, m'ont aidée à rassembler d'autres éléments de documentation.

Notes:

  1. Selon une indication fournie par Janette Lasvergnas, nièce de l'abbé Durand, celui-ci "avait choisi pour prénom en religion Julien-Marie. On sait par ailleurs qu'il signait ses publications J.-M. Durand". ↩︎

  2. Breuil et Durand. – Le Prémoustérien du Tuteil (Ariège). Bull. Soc. Préhist. Ar., T. I, 1946, pp. 11 à 22. ↩︎

  3. Jean-Louis Salvayre, Mon ami Julien…, janvier 2004, in Bulletin de l'Association des Amis de Vals ↩︎

  4. Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne, pp. 210-211 ↩︎

  5. Cf. Mon ami Julien…, janvier 2004, in Bulletin de l'Association des Amis de Vals ↩︎

  6. A la villa Lauquié, siège de la Gestapo. ↩︎

  7. La forêt de Bélesta a fourni au roi Louis XIV l'essentiel du bois nécessaire à la construction de la flotte française, en particulier les sapins dans lesquels sont taillés les mâts. ↩︎

  8. Il s'agit de la fontaine de Fontestorbes. ↩︎

  9. Filles d'Ouranos, le Ciel, et de Gaïa, la Terre, les Mères, ou Moires, incarnent les forces élémentaires qui régissent le cycle de la génération et de la corruption, de la naissance et de la mort. ↩︎

  10. Gaston Bachelard, La flamme d’une chandelle, P.U.F., coll. Quadrige, 1961, p. 55. ↩︎

  11. Ci-contre : Montségur circa 1900, photographié par Léon Gadrat ↩︎

  12. Notice explicative de la feuille Lavelanet  au 1/50 000 par M. Bilotte, J. Cosson, B. Crochet, B. Peybernes, J. Roche, F. Taillefer, Y. Tambareau, Y. Ternet, J. Villatte ; pp. 58-59, éditions du BRGM, Service géologique national, 1988 ↩︎

  13. Cf. Arnaud Hurel, Un prêtre, un savant dans la marche vers l’institutionnalisation de la préhistoire. L’abbé Henri Breuil (1877-1961) ; in La Revue – Pour l'histoire du CNRS, n° 8 : mai 2003, Dossier : Aux origines de l'homme ↩︎

  14. Henri Begouën (1863-1956), directeur du Telegramme, pionnier de la recherche préhistorique, inventeur, avec ses trois fils, de la grotte des Trois Frères. ↩︎

  15. Louis-René Nougier, Vase "polypode" de la petite grotte de Niaux (Ariège), Bulletin de la Société préhistorique française, 1952, vol. 49, n° 3, pp. 158-162 ; Séance du 25 octobre 1956, Bulletin de la Société préhistorique française, 1956, vol. 53, n° 10, pp. 563-587 ↩︎

  16. Dr Riquet, Les styles céramiques Néo-Enéolithiques des pays de l'Ouest, Bulletin de la Société préhistorique française, 1953, vol. 50, n° 7, pp. 407-422 ↩︎

  17. Ibidem ↩︎

  18. Jean Arnal, Les boutons perforés en V, Bulletin de la Société préhistorique française, 1954, vol. 51, n° 5, pp. 255-268 ↩︎

  19. P. Abauzit, Nécropole à incinération du premier Age du Fer à Olonzac (Hérault), Bulletin de la Société préhistorique française, 1967, vol. 64, n° 3, pp. 810-818 ↩︎

  20. Durand (Julien-Marie). – La Préhistoire de l'Ariège, du Néolithique I à la période de la Tène – Foix, Société ariégeoise des sciences, lettres et arts, 1968, in Bulletin de documentation bibliographique, 1968 ↩︎

  21. Séance du 18 décembre 1969, Bulletin de la Société préhistorique française, 1969, vol. 66, n° 9, pp. 257-266 ↩︎

  22. Ibidem. ↩︎

  23. René Pennabayre, Bulletin des Amis de Vals, octobre 2004, n° 53 ↩︎

  24. Adrien de Mortillet (1853-1931), professeur à l'Ecole d'Anthropologie de Paris, président ďhonneur de la Société Préhistorique Française, président de la Société d'Excursions Scientifiques, fondateur et directeur de la revue L'Homme Préhistorique ; cf. Nécrologie. Adrien de Mortillet 1853-1931, Bulletin de la Société préhistorique française, 1931, vol. 28, n° 9, pp. 357-370  ↩︎

  25. André Alteirac, qui a mené au Mas d'Azil des fouilles importantes, dans les années 1960-1970. ↩︎

  26. Cl4 : datations au carbone 14. ↩︎

  27. Archives de Vals ↩︎

  28. Jean Girou, Des lignes et des couleurs, éd. Collège d'Occitanie, Toulouse, 1961 ↩︎

  29. Ibid. ↩︎

  30. pâtisserie spécialement fabriquée pour le pèlerinage du 8 septembre ↩︎

  31. Jean-Marie Escudé-Quillet, Catherine Maissant, article "Vals" in L'Ariège, éditions de la Maison des sciences de l'homme, 1996, p. 174-176 ↩︎

  32. Séance du 25 juin 1970, Bulletin de la Société préhistorique française, 1970, vol. 67, n° 6, pp. 161-168 ↩︎

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1 commentaire au sujet de « Julien Durand à Vals ou les belles heures d’un abbé préhistorien »

  1. Nadine Douet

    Magnifique…merci

  2. Martine Rouche

    Quelle somme !
    Je connais une personne qui te lit avec régularité, enthousiasme et passion. Elle va être émue aux larmes par ce portrait qui touche autant l’esprit que le coeur. Je te remercie pour elle. Et pour tous les Amis de Vals. Et pour moi, mais ça, tu le sais !

  3. Martine Rouche

    Il est vrai qu’il doit y avoir à Vals un genus loci qui lie les gens au site, mais aussi entre eux.
    Si Serge et moi t’avons apporté de la matière, lui en archéologue scientifique et historiographe, moi en amateur passionné, c’est quand même bien toi qui as fait cette synthèse magnifique de tout ce qui est disponible et accessible, afin de mieux connaître et comprendre l’abbé Durand et Vals.
    Tu me dis merci, je te réponds : avec bonheur !

  4. Fabre

    Merci pour ma grand mère….. Blogueuse avant l'heure… Emmanuel Fabre