Ce qu’on voit dans l’eau des miroirs, c’est le libre déploiement de la matière-monde, ici rendue à son expressivité première, qui est toute de lumière et absoute des coordonnées de l’espace cartésien. Il y a dans le libre d’un tel déploiement quelque chose qui force l’étonnement, et la joie, – la joie toute simple d’en être. Etre là ou en être : être de ce libre flux à la faveur duquel tout se déplie, tout joue, tout se traverse, s’extraverse, de telle façon qu’il n’y a plus de solution de continuité entre le dehors et le dedans, le sentir et le penser, la matière et l’esprit. Ici l’on voit le jeu que la treille et l’animal entretiennent sur un plateau de verre rescapé des années 30, posé sur une table basse, sous la fenêtre. De ce jeu-là, j’en suis, puisqu’il se déploie sous mes yeux, qu’il me donne à sentir, à penser, qu’il fait image pour moi et qu’à ce titre j’en deviens la preuve, ou l’épreuve, vivante, autrement dit, la mémoire vive.
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"Je parle d’un centre", dit Bergson, "d’où les mondes jailliraient comme les fusées d’un immense bouquet – pourvu toutefois que je ne donne pas ce centre pour une chose, mais pour une continuité de jaillissement".
Henri Bergson, Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps et de l’esprit, 1896
1 commentaires au sujet de « Ce qu’on voit dans l’eau des miroirs »
Martine Rouche
» horresco referens » …. tempus non habeo !!
Mais c’est un bonheur toujours égal de venir regarder et lire ce que tu nous proposes. Merci à toi !