La dormeuse blogue

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En montagne, au-dessus de Pau

Samedi dernier, direction Laruns sous le ciel noir, par temps de neige. 39 kilomètres de route sinueuse, au bord du gave. Laruns (environ 1300 habitants) se trouve à l’orée du parc national des Pyrénées. Au-dessus de Laruns, l’Ossau, "tête coupée de Jean de l’Ours", 2884 mètres. Etape sur la route du pélerinage de Compostelle par le col des Moines, Laruns abritait jadis un hospice, dépendant de l’Hôpital Sainte Christine du Somport en Aragon 1. La chapelle des XIIe et XIIIe siècles subsiste dans la montagne.

A Laruns, par ce temps, c’est là qu’on mange la bonne garbure…

Dans une marmite d’eau bouillante, on jette un os de jambon de Bayonne, des poireaux, des haricots blancs, des navets, des fèves (à la saison), un bouquet garni, des grains d’ail, des pommes de terre coupées en gros morceaux, une cuillère de graisse d’oie, sel et poivre. Lorsque ces légumes sont cuits, on ajoute du chou coupé en lanières. 30 minutes avant de servir, on ajoute encore une cuisse, des cous ou bien des gésiers confits. On verse la garbure, un peu épaisse, sur des tranches de pain rassis ou grillé.

C’est bon ! J’ai refait une garbure aujourd’hui, à Mirepoix. 

En redescendant de Laruns par l’autre rive du gave, nous nous sommes arrêtés à Castet, petit village blotti sous son église, datant du XIe siècle, et son cimetière qui surplombe sévèrement la vallée. 

Détail d’une fresque restaurée dans la petite église.

Vus du cimetière, à gauche, les toits du village de Castet ; à droite, les ruines du château, dit "tour d’Abadie", des XIIe et XIIIe siècles.

Vue partielle du lac de Castet, fruit du barrage hydro-électrique édifié sur le gave d’Ossau.

Une jolie maison au bord du lac de Castet.

C’était autrefois celle d’un diplomate polonais qui, durant la seconde guerre mondiale, a trouvé refuge à Castet et s’y est définitivement établi. On peut voir sa tombe au cimetière.

Il a réalisé de ses mains une magnifique crèche polonaise qu’il a offerte à l’église. On peut voir cette crèche chaque année, à Noël.

Notes:

  1. L’Hôpital Santa Cristina du Somport a été détruit en 1706 par un incendie, puis en 1808 par la guerre d’indépendance. Les fouilles actuellement entreprises sur le site ont permis de mettre à jour les restes de l’abside romane, les vestiges d’un édifice isolé du XVIe -XVIIe siècle, une nécropole inconnue jusqu’alors, des monnaies, des bijoux, des fragments de céramique. Cf. Revue-Pyrénées, "Santa Cristina du Somport : trois mois de fouilles" ↩︎

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1 commentaire au sujet de « En montagne, au-dessus de Pau »

  1. Martine Rouche

    My God ! Heureusement que tu as refait une garbure, tu as vu que nous avons fourni la neige ?

    « …
    Sur les carreaux d’azur rampait la fleur du givre … »
    Paul-Jean Toulet, Coples, LXXV

  2. La dormeuse

    Le doux printemps longtemps après Noël
      Te médaillera d’un beau soleil
      D’un beau soleil…
     
    …dit Apollinaire, confiant. Pourvu qu’il dise vrai !

  3. La dormeuse

    Courrier reproduit verbatim de Serge Alary :

     

    « Dans l’article « En montagne, au-dessus de Pau », j’ai principalement retenu les photos du château de Castet. La motte fossoyée, qui porte la construction, est particulièrement bien visible. C’est un témoin particulièrement intéressant. Cette butte de terre rapportée doit correspondre aux vestiges d’une motte castrale bien antérieure, laquelle devait se trouver occupée par des bâtiments en bois. Ces mottes apparaissent généralement vers le Xe siècle et continuent à être élevées jusqu’à la fin du XIe siècle.

  4. Cesco

    A propos de Compostelle et du col du Somport, la route vers Compostelle qui emprunte le col du Somport fut longtemps appelée « Camino italiano » car de nombreux pèlerins en provenance d’Italie la parcouraient (via grosso modo, ce que l’on appelle aujourd’hui la « Via Tolosana »).

    En fait, les pèlerins se croisaient sur cette route : pas seulement à cause du fait que chacun devait bien rentrer chez soi après s’être rendu à Saint-Jacques, mais aussi parce que Rome drainait un très grand nombre de pèlerins, surtout à partir de l’instauration du premier jubilé à Rome par Boniface VIII en 1300. Et en particulier des pèlerins de la péninsule ibérique.

    Se superposant au faisceau convergent de routes vers Compostelle, un autre faisceau de routes conduisait à Rome, comme on peut le voir sur cette carte dressée d’après les témoignages de pèlerins du Moyen Âge :

    http://www.villemagne.net/site_fr/rome-tous-les-chemins-menent-a-rome.php

    Parmi ces chemins, la Via Francigena ou « voie des Français », qui n’est pas une route unique, mais un ensemble de parcours pour les pèlerins vers Rome (roumieux) venant de France et du sud de l’Allemagne actuelle. Un de ces multiples parcours connaît depuis plusieurs années une popularité grandissante : celui que consigna l’évêque anglais Sigéric durant son pèlerinage qui le mena de Canterbury à Rome en 990 :

    http://www.villemagne.net/site_fr/rome-via-francigena-sigeric.php
    [img]http://www.villemagne.net/images/common/route_co.jpg[/img]