Je me suis rendue hier à la Salle Paul Dardier, sise dans l’ancienne gare de Mirepoix, où se tenait le Salon de la carte postale ancienne. J’y ai vu, outre des collections de cartes postales, classées par départements ou par thèmes, des monnaies, des petites voitures, des images publicitaires, des ouvrages régionalistes, et des livres de généalogie et de héraldique, qui sont d’une précision fascinante. Je n’ai pas trouvé le livre que je cherchais, Mirepoix et sa Seigneurie de Joseph-Laurent Olive, mais j’ai craqué pour quelques cartes postales curieuses.
A un marchand qui me demandait quel genre de cartes je collectionne, j’ai répondu sans malice que je ne collectionnais pas, mais que je recherchais « des cartes de charme ». Il m’a regardée par en-dessous. J’ai compris qu’il y avait maldonne. J’ai rectifié : « des cartes qui ont du charme ». Je ne suis pas sûre que mon interlocuteur ait ici mieux compris
J’ai trouvé en tout cas des cartes qui, pour moi, ont du charme, quelque chose, le duende.
Voici quelques unes d’entre elles… Cliquez sur les images pour les agrandir.
Foix, les rives de l’Ariège et le Château
Vue colorisée, Editions Pyrénées-Océan, Labouche frères, Toulouse
Frédéric Soulié a vécu au pied du château de Foix ses premières années.
« Dans mon enfance, j’ai souvent visité l’intérieur de ce château… »
Frédéric Soulié, Les Mémoires du Diable, 1837-1838
Les Pyrénées Ariégeoises, Ussat-les-Bains, Galerie des Thermes
On remarque une étonnante analogie de point de vue entre la photo de la Galerie des Thermes à Ussat-les-Bains et la planche 11 des Hindoo Excavations in the Mountain of Ellora near Aurangabad, recueil d’eaux-fortes signées William et Thomas Daniell et inspirées par un voyage dans les montagnes de l’Inde en 1791.
Fontestorbe (graphie ancienne), Fontaine intermittente
Editions Gouzy
Surprise, il y a Monsieur Hulot qui s’avance sur la passerelle !
Vallée de l’Ariège, Lordat et ruines de son Château féodal, le plus formidable de la région, grâce à sa situation unique au sommet d’une pyramide rocheuse
Editions Arts Graphiques, Toulouse
Un concentré d’angoisse métaphysique…
J’ai gardé pour la fin deux cartes interlopes. Je disais plus haut que je ne collectionnais pas. Ce n’est pas tout à fait exact. Je craque lorsque je tombe sur des cartes qui ont trait à la tradition du spectacle forain ou aux pratiques des anciens studios de photographie. L’esthétique de ces cartes emprunte largement au contorsionnisme. Contorsion des corps, figure symétrique du regard voyeuriste. Rien qui convienne mieux aux faux-fuyants de ce regard-là.
Un mot, pour finir, sur le public que rassemblait hier le Salon de la carte postale ancienne. Moyenne d’âge, 50 ans ou plus. La cartophilie ne va pas sans mémoire des lieux, ni peut-être même sans l’aura de la nostalgie.