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A propos de Marie de Calages – Tricoter le reste de sa vie, au lieu d’écrire

"Il est bien extraordinaire que de tels vers soient restés dans le plus profond oubli, qu’on ne sache pas même qu’il ait existé un poëme de Judith et qu’on se souvienne encore des mauvais poëmes d’Alaric, de Clovis, etc. Tout favorise la réputation littéraire des hommes celle des femmes se forme beaucoup plus difficilement. Il est convenu que, même en prenant des passages de leurs ouvrages, on ne doit jamais les citer, et que pour l’intérêt des bonnes mœurs, on doit encore moins les encourager, afin de les rendre aux travaux du ménage ; car on. sent combien il seroit avantageux à la société, de décider une femme qui auroit fait un beau poème, à tricoter le reste de sa vie, au lieu d’écrire. Ainsi l’injustice à leur égard, dans ce genre, n’est jamais qu’une louable austérité de principes c’est pourquoi le nom de mademoiselle de Calage est resté dans une telle obscurité. Si un homme eût fait ce poëme de Judith, il seroit certainement très connu" 1.

Ci-dessus : portrait de Madame de Genlis vers 1800.

Lire aussi :
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Notes:

  1. Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, par son mariage comtesse de Genlis, marquise de Sillery ; connue en littérature sous le nom de Madame de Genlis, De l’influence des femmes sur la littérature française, comme protectrices des lettres et comme auteurs: ou, Précis de l’histoire des femmes françaises les plus célèbres, p. 60, éditions Maradan, 1811 ↩︎

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dans: Ariège, Calages, littérature, Mirepoix.

1 commentaires au sujet de « A propos de Marie de Calages – Tricoter le reste de sa vie, au lieu d’écrire »

  1. Martine Rouche

    Mais quelle émotion ! Sur le moment, quand j’ai vu le titre et un portrait, j’ai pensé que tu avais enfin trouvé celui de « nostre Marie  » … Non, c’est le délicat visage de Madame de Genlis, et le très beau texte sur l’injustice faite aux femmes qui écrivent. Ce texte ne serait-il pas encore d’actualité ?
    Je vais oser torsader la formule et dire que nous nous sommes promis de renouer les fils de la vie de Marie de Calages,et qu’il nous reste à tricoter le reste de sa vie en l’écrivant.