Les archives départementales de l’Aude sont installées à Carcassonne sur le plateau de Grazailles, dans un superbe bâtiment moderne, oeuvre de P. Courtade, membre du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Aude, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, spécialiste du paysage et de l’architecture de la ville à "l’échelle du quartier". Epousant l’aperture aérienne du plateau, l’édifice offre à la lumière qui le traverse un espace de jeu simple et pur. Au coeur de cet espace, magnifié par l’effet de cadre, le vaste panorama de la Montagne Noire.
Nous nous sommes rendus, il y a quelques jours, aux archives départementales de l’Aude afin de consulter un fonds du XVIIe siècle.
N’importe qui peut consulter les archives, moyennant une inscription préalable, gratuite, et la présentation d’une pièce d’identité.
On s’installe ensuite dans une salle immense, équipée de longues rangées de tables numérotées. Les murs latéraux sont garnis de rayonnages. On y trouve les ouvrages nécessaires ou utiles à la recherche concernée : listes de documents, classées selon différents critères, assorties des cotes assignées à chacun des documents listés ; généalogies ; dictionnaires en tous genres ; etc.
Une fois que l’on dispose des cotes relatives aux documents de son choix, on renseigne le formulaire de consultation et l’on soumet le dit formulaire au bureau des archivistes.
On ne peut consulter qu’un seul document à la fois. Entendez par "document" un objet archivistique quelconque, doté d’une cote propre. Il peut s’agir d’un périodique, d’un livre, d’un cahier entier, mais aussi d’une liasse de feuilles volantes, réunies par une famille à propos, par exemple, d’une question testamentaire.
La mise à disposition d’un document nécessite quelques minutes. La personne qui apporte le document est vêtue d’une blouse blanche. Elle délivre le document sous la forme d’une pochette en papier blanc, confectionnée à la main et nouée par un ruban blanc. La pochette contient l’objet correspondant à la cote demandée.
Nous souhaitions travailler sur le fonds Calages. Celui-ci se trouve à Carcassonne, car, même si Henri de Calages et Marie de Pech, sa première épouse, ont vécu à Mirepoix, la famille Calages s’est développée en terroir audois. J’ai profité de ce passage aux archives pour photographier l’original de la lettre adressée le 12 juin 1665, depuis Paris, à Henri de Calages par Alphonce Pech (ou Puech), son beau-frère. Je commente cette lettre dans l’article intitulé A propos de Marie de Calages – Une lettre curieuse.
Voici à quoi ressemble physicaliter la lettre en question…
De gauche à droite : page 1/1 et 1/4 ; page 1/2 et 1/3
Adresse, cachet
Cliquez sur les images pour les agrandir.
"… ou autrement Mademoiselle descudery laquelle cest fortement informée de lage de ma pauvre soeur de sa vie en ces murs et ma prié deluy donner un exemplaire aussye bien que deux ou trois messieurs delaccademye…"
"Je nay autre passion au monde que devous satisfere le cautionnement pour moy
Mess. les fermiers causeront que jy employeray tous les soins inmaginables pour votre indemnite…"
Signature d’Alphonce Puech
"12 juin 1665
Alphonce Pech
promet de me
relever du cautionnement"
Mention rajoutée par Henri de Calages au dos de la lettre d’Alphonce Pech, après pliage.
Les archives ferment à 16h30. Alors que nous quittions le bâtiment, je n’ai pas résisté au plaisir de photographier, poussé dans la pelouse, un beau champignon.
A lire aussi :
La dormeuse blogue : A propos de Marie de Calages – Une lettre curieuse
La dormeuse blogue : Sous le signe de Marie de Calages – 11ème journée d’hiver de l’histoire locale de Mirepoix
AriegeNews : Une découverte historique majeure: Pierre Pol Riquet, citoyen de Mirepoix pendant 12 ans
1 commentaire au sujet de « Aux archives de Carcassonne »
Martine Rouche
Excellent ! Excellent ! Excellent ! Magnifiques photos qui rendent exactement grâce aux lieux, dedans et dehors, et qui montrent si bien le grain du parchemin. Je ne me lasse toujours pas de cette émotion qui me saisit, quand j’ai devant moi, des lettres gardées du passé. M’imaginer que je lis, physicaliter, pour reprendre ton mot, les lignes tracées plus de trois cents ans auparavant par des personnes dont la vie nous passionne … Lire leurs soucis, légers ou graves, leurs projets, leurs déplacements, leurs sentiments d’affection ou d’inimitié, est toujours un plaisir intellectuel et affectif : comprendre les faits, la vie, les gens, mais aussi les voir en quelque sorte surgir à travers leurs mots, et les regarder avec bienveillance, indulgence, amitié … Longues recherches au trio !
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