J'y étais, et c'est comme si tous ensemble nous avions passé la journée au grand air. Du piémont aux cimes, du Chalabrais au Béarn, de la forêt aux glaciers, nous avons vu du pays, partagé des histoires, et approché un peu, depuis notre modeste plaine, le secret de la passion pyrénéiste. "Une journée de rêve", m'a dit une amoureuse des Pyrénées, venue tout exprès de Pau.
Avec cet Hommage aux Pyrénées, Mirepoix a eu hier, de 9 heures à 18 heures, sa folle journée, avec deux conférences : Vie et mort des piémonts – Des zones sensibles à la désertion, par Eric Fabre, maître de conférences à l'université de Provence, chercheur au Centre de Recherche d'Histoire Quantitative de l'université de Caen ; puis Henry Russell et les Pyrénées : de l'exploration des sommets aux fastes du Vignemale, par Monique Dollin du Fresnel, directrice des bibliothèques de Sciences Po Bordeaux, chargée d'enseignement à l'université de Bordeaux, arrière-petite nièce d'Henry Russell ; et deux films dédiés au Vignemale, Vignemale I : les découvreurs, Vignemale II : l'épopée Russell, par René Dreuil, ancien photographe de presse, membre du club alpin d'Agen.
Ci-dessus : bristol d'invitation à la 13e journée d'histoire locale à Mirepoix ; conception et réalisation : Jouch.
Très originale, la démarche d'Eric Fabre se déploie de façon transdisciplinaire entre histoire et géographie, économie et sciences sociales, dans une perspective d'étude qui se propose ici de mieux comprendre pourquoi la forêt redevient maîtresse des piémonts ariégeois et comment l'histoire des métairies chalabraises détermine celle du paysage alentour.
Eric Fabre a publié sur ce sujet un livre passionnant intitulé Les métairies en Languedoc – Desertion et création des paysages (XVIII-XXes siècles) 1. Outre l'étude d'une riche collection de données essentiellement relatives aux communes de Peyrefitte du Razès, Courtauly et Gueytes, il y a dans ce livre un supplément d'âme, les mots qui viennent du coeur pour dire le sentiment du paysage, l'attachement à une contrée, le respect de ceux qui au fil des siècles ont sculpté le visage de cette dernière. Le livre savant ne dissimule pas ici d'être aussi un livre de vie.
Cette ferveur simple et discrète, Eric Fabre nous la faisait partager samedi dernier, sans rien qui pèse ou qui pose, dans sa conférence du 13e salon d'histoire locale.
Observant d'abord que la vie des campagnes dépend bien plutôt des grands cycles démographiques que des soubresauts de l'histoire politique, Eric Fabre rappelle que la vie des campagnes a été marquée à partir de 1730 par une croissance de la population qui atteint son apogée entre 1830 et 1850, puis par une décroissance de la dite population qui se prolonge et s'accélère dans les années 1960. Les campagnes entrent alors dans un âge nouveau : elles connaissent un nouveau peuplement, dû à l'installation des néo-ruraux : "on habite à la campagne ; on travaille en ville". C'est là une autre histoire, aux frontières de laquelle l'étude d'Eric Fabre s'arrête.
Zone de transition entre la montagne et la plaine, le piémont a une histoire qui est inséparable de celle des hommes. Il doit à cette dernière, plus spécialement au grand cycle démographique qui s'est achevé dans les années soixante, son visage actuel, d'avenir incertain.
Dotée de sols riches, la plaine, depuis le Moyen Age, constitue en matière d'exploitation la chasse gardée des élites urbaines. A ce titre, elle se voit soumise à l'emprise économique de ces dernières. Dotée de sols pauvres, la montagne, alors contrôlée par les seigneuries, demeure peu propice à l'exploitation, sinon à proximité de l'habitat où la terre se trouve fertilisée par le crottin des bêtes. Peu à peu cependant, des communautés plus nombreuses s'y développent, plus puissantes en termes de possession foncière, d'où plus productives. La montagne connaît alors une phase de surpopulation. Elle constitue dès lors un réservoir de main d'oeuvre pour la ville.
Lieu des échanges entre montagne et plaine, le piémont, avec son relief morcelé, est demeuré durant des siècles un espace mosaïque, alternant pâturages et terres à blé. A partir de la fin du XVIIIe siècle, la croissance démographique s'y accompagne comme ailleurs d'une accélération du défrichement, de la création de nouveaux habitats, d'une surexploitation de la forêt, partant, d'une disparition de la grande faune. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, la décroissance démographique entraîne à l'inverse l'abandon progressif des espaces agricoles, la disparition de nombreux habitats, la sous-exploitation de la forêt, d'où progressivement le retour, actuellement observable, de la grande faune.
C'est dans le cadre d'un tel "cycle agraire", décrit de façon magistrale par Emmanuel Le Roy-Ladurie, qu'Eric Fabre s'est donné pour objet d'étude la "désertion" des métairies, i. e. des "domaines agricoles isolés", en pays chalabrais. Distinguant à cette occasion "désertion" et "déprise", il montre que dans le cadre du cycle invoqué plus haut les deux phénomènes se succèdent : il y a d'abord "déprise", ou diminution du nombre de personnes par métairie, puis "désertion", ou abandon de l'habitat. Des villages entiers, dans lesquels l'électricité n'est jamais arrivée, ont ainsi disparu dans l'entre-deux guerres.
Cet abandon de villages entiers n'est pas toutefois un phénomène réservé au siècle dernier. On l'observe de façon analogue à la fin du Moyen Age. Aujourd'hui en tout cas, il se perpétue lentement, à l'échelle des hameaux et des métairies les plus isolées. Il va de pair depuis la fin du XIXe siècle avec le retour naturel des boisements de chênes sur les anciens labours et les pâturages un peu pentus, et/ou la plantation de conifères.
Concentrant ici son étude sur le diocèse de Limoux, Eric Fabre y relève, entre 1730 et 1740, i. e . avant la phase d'expansion démographique, la présence de biens abandonnés, sans doute parce qu'ils sont trop pentus, plus encore parce qu'on manque de bras. Vers 1786-1787, la croissance démographique s'amorce progressivement. Le diocèse connaît ainsi une augmentation de 52 paroisses. Peyrefitte du Razès, entre autres, bénéficie d'une nette croissance et atteint de la sorte son maximum de population entre 1830 et 1840, ultérieurement suivi d'une sévère décrue. Le Chalabrais va perdre alors plus de la moitié de sa population.
A noter, précise Eric Fabre, qu'en 1936, i. e. à l'époque où le Chalabrais atteint son maximum de population, celle-ci se trouve essentiellement concentrée dans les communes industrielles de Chalabre, Rivel, Bonnac, Sainte-Colombe.
Le déclin démographique qui s'amorce à partir de 1836 se traduit d'abord par une diminution du nombre de personnes réunies au sein de la famille, puis par la diminution du nombre des familles elles-mêmes. Le nombre des familles se maintient à peu près inchangé jusqu'à la fin du XIXe siècle, puis connaît une diminution drastique à partir du début du XXe siècle.
La réduction du nombre de personnes par famille semble due tout à la fois à une série de mauvaises récoltes, aux prodromes de la crise industrielle, et plus encore à la chute de la fécondité, induite elle-même, en dépit de l'allongement de la durée de la vie, par le retard apporté à l'âge du mariage. On observe ainsi qu'à partir de 1850, le nombre des familles nombreuses diminue fortement. La majorité des familles n'ont plus dès lors qu'un ou deux enfants seulement.
Le Chalabrais, qui avait eu auparavant jusqu'à 2,2 habitants par hectare, voit ainsi fondre rapidement sa population. Victime de la déprise, Saint-Benoît, par exemple, perd 90% de ses habitants. L'ensemble du Chalabrais se vide de la moitié de sa substance, d'abord par perte de 90% des personnes à l'intérieur des familles, ensuite par perte des familles elles-mêmes, enfin par disparition des habitats. Dans le bourg, la plupart des maisons abandonnées se trouvent rachetées par des voisins, soucieux d'agrandir leur maison ou bien d'augmenter leur surface de remise. Les métairies isolées, quant à elles, tombent en ruine, et les terres attenantes sont abandonnées.
C'est la redécouverte de telles ruines qui a inspiré à Eric Fabre et aux municipalités du Chalabrais l'idée de dresser de dresser la carte des anciennes métairies, de créer le sentier correspondant 2, de le signaler sur les topo-guides, bref de le proposer à la curiosité du promeneur, et, pourquoi pas, à la rêverie des âmes sensibles. L'identification des ruines n'a pas été facile, raconte Eric Fabre, car même si les archives mentionnent ici ou là les noms des métairies de jadis, ces noms ont pu varier au cours du temps. "Eh oui ! Les lieux changent de nom", soupire ici Eric Fabre.
Eric Fabre fournit ensuite une brève statistique de la désertion. Pendant la période de maximum démographique, il relève ainsi : avant 1790, 1 ou 2 désertions ; entre 1790 et 1851, 3 ou 4 désertions. Pendant la période de déclin démographique, il relève ensuite : entre 1851et 1914, 18 désertions ; dans l'entre-deux guerres, 10 désertions, la "queue de la comète", dit joliment Eric Fabre. Entre 1960 et 1970 cependant, certains lieux se trouvent rebâtis.
Cette petite chronologie de l'abandon mérite toutefois d'être considérée à l'échelle d'un temps plus long, remarque ici Eric Fabre. La désertion des métairies languedociennes ne révèle en effet sa raison première qu'au regard d'un ensemble de désertions plus anciennes, par exemple celle de 7 ou 8 métairies dans la forêt de Pechtignous, près de Rivel, en 1616. Ces désertions sont dues à la stratégie d'investissement du seigneur, qui, à des fins purement spéculatives, souhaite substituer aux métairies une sapinière. C'est donc initialement la création de telles "forêts spéculatives" qui cause le départ des familles.
Le développement de la forêt spéculative a eu ainsi pour effet de bouleverser sur les piémonts pyrénéens la distribution plus ancienne de la silva, de la forêt, du saltus, de la lande, et de l'ager, des espaces agricoles. La forêt gagne au fil du temps sur le saltus et l'ager ; elle occupe désormais jusqu'à 40% du sol. Il s'agit d'une forêt de conifères, qui vient remplacer l'ancienne forêt de taillis, exploitée jadis au bénéfice de l'industrie et du charbonnage.
La forêt conserve jusqu'au début du XIXe siècle un visage plus varié qu'aujourd'hui. Il y a d'une part la "futaie des élites", i. e. la forêt de sapins sur les contreforts du pays de Sault ou la forêt de chênes à Léran et à Bélengard ; d'autre part le taillis de chênes, exploité par les maîtres de forges et par le monde paysan. 73 métairies se partagent ainsi 37,3% du bois taillis, à raison d'environ 10 hectares par métairie. Les bois de futaie, quant à eux, n'occupent que 0,05% à l'hectare. Le bois taillis fait l'objet alors de nombreux usages agricoles et industriels. Il sert de pâturage, il fournit aux besoins d'outils, de chauffage, de construction. Jadis nécessaire à la verrerie de Gauzières, disparue à la fin du XVIIe siècle, il continue d'alimenter les scieries de Rivel, Bélesta, Puivert, le charbonnage, les forges, la production des barreaux de chaise, des comportes, des peignes en buis.
Entre 1825 et 1950, on assiste ensuite à une explosion de la croissance forestière. Celle-ci atteint par exemple le taux record de 120% à Caudeval, Tréziers et Puivert. Les photos aériennes prises entre 1971 et 2004 montrent ainsi qu'après les espaces de plateaux, tous les espaces de vallée, à leur tour, sont en train de se refermer, de telle sorte que les bois arrivent maintenant au contact direct des villages. Contrairement à ce qui se passe dans la France du Nord, c'est ici le défaut d'agriculture qui ruine la bio-diversité, constate d'un mot Eric Fabre.
Après avoir commenté quelques photos significatives, Eric Fabre observe que l'histoire des métairies languedociennes n'est pas linéaire, mais présente dans son cours de possibles "bifurcations évolutives". Certaines ruines des années 1850 ont plus tard été remontées. Le domaine de Piquetalen, près de Peyrefitte du Razès, a ainsi été repris et à nouveau exploité jusque dans les années 1980. Il constitue aujourd'hui la résidence de loisir d'un Européen du Nord.
Eric Fabre conclut cette conférence par une réflexion relative à ce qui fait en termes de territoire la fragilité des piémonts pyrénéens. Pourquoi, questionne-t-il, ces piémonts sont-ils particulièrement sensibles à la désertion ?
Il s'agit, rappelle-t-il, de terres morcelées, qui, à la différence de la montagne et de la plaine, pourvoyeuses d'herbe ou de blé, n'ont aucune spécialisation. Il s'agit également de lieux qui, suite au développement des moyens de transport, ont perdu leur rôle d'intermédiaire, de seuil-relais entre montagne et plaine. D'où le déclin, par exemple, de Bélesta. Il s'agit enfin de contrées dénuées de ce pittoresque des cimes et des gouffres "horribles" qui a suscité à partir de la fin du XVIIIe siècle la vogue de "l'exotisme montagnard". A ce titre, les piémonts ne sont point évoqués dans les récits de voyage. Arthur Young, à propos de la journée qu'il passe à Mirepoix 3, ne rapporte en gros que les mouches et la "chaleur accablante".
Quel visage les piémonts pyrénéens présenteront-ils demain ?
Rares au XVIIIe siècle en raison du morcellement des surfaces, sangliers et chevreuils ont depuis l'explosion de la croissance forestière déjà réinvesti le territoire. Les quelques loups, signalés de façon sporadique dans les années 1860 du côté de Gueytes, devraient pouvoir redevenir plus nombreux. L'espace désormais s'y prête : le taillis, jadis densément utilisé, a disparu, et avec lui, la mosaïque des parcelles, largement ouverte à la vue et à la présence des humains. La disparition de cette spatialité mosaïque est évidemment corrélative à l'avancée de la forêt.
La forêt ici va continuer à grandir, prévient Eric Fabre, avec ça et là, de façon plus locale et toujours pour des raisons spéculatives, des déboisements massifs. Les vues aériennes montrent qu'il résulte de ces déboisements, par effet-timbre poste, un paysage bizarrement mité, des trous lilliputiens, rapportés à l'étendue spectaculaire du manteau forestier.
Après l'histoire des piémonts pyrénéens, si clairement dessinée par Eric Fabre, René Dreuil vient nous raconter l'épopée des découvreurs du Vignemale, qui est le point culminant des Pyrénées françaises. Il le fait dans le cadre d'un film en deux épisodes. Le premier épisode est dédié à Miss Anne Lister, à Napoléon Joseph Ney, prince de la Moskowa, au guide Henri Cazaux ainsi qu'aux frères Guillembet, qui ont atteint le sommet du Vignemale en 1838 par la voie longue et délicate dite (par effet de préférence mâle) "de la Moskowa", aujourd'hui délaissée ; le second épisode se trouve tout entier consacré au comte Henry Russell, à l'excentricité de son approche de la montagne, mais aussi à la dimension contemplative, poétique et métaphysique de son expérience. La dynamique du film suit du va-et-vient entre le présent et le passé.
Quatre amis, membres du club alpin d'Agen, entreprennent de remettre leurs pas dans ceux de Miss Anne Lister, puis dans ceux de Napoléon Joseph Ney, puis encore dans ceux du comte Russell afin de répéter l'aventure de ces précurseurs, telle que ceux-ci l'ont possiblement vécue ou telle que les témoins et la chronique locale l'ont ensuite rapportée. Le récit de l'ascension des quatre randonneurs modernes alterne de façon plaisante avec, tourné en costumes d'époque, celui de l'ascension des premiers vainqueurs du Vignemale. Attention, vertige ! Les vues de la montagne coupent le souffle !
Je n'en dis pas plus. Il faut voir le film, que l'on peut se procurer en 2 DVD 4, ou peut-être gagner en septembre prochain, lors de la tombola de la journée d'automne de l'histoire locale à Mirepoix.
Quelques images pour le plaisir, façon bande-annonce :
En 1838, à gauche, la victoire de Miss Anne Lister ; à droite, quelques jours plus tard, la victoire de Napoléon Joseph Ney.
De gauche à droite : en 1869, la première hivernale du Vignemale par Henry Russell, Hippolyte et Henri Passet ; en 1889, bénédiction de la grotte Russell, dite "Villa Russell" ; pique-nique sur le toit des Pyrénées françaises.
Arrière-petite-fille d'Henry Russell-Killough, lui-même descendant en ligne directe de Pierre Pol Riquet, Monique Dollin du Fresnel, qui a retrouvé dans sa demeure familiale deux malles de photos et documents hérités de son illustre ancêtre, vient de publier Henry Russell (1834-1909) – Une vie pour les Pyrénées, 5 un beau livre dédié au grand voyageur et au héros de la légende pyrénéenne, mais aussi à l'homme sensible, secret, sans doute inguéri de l'échec d'un seul amour, par ailleurs solitaire dans l'âme sous les dehors du Palois mondain et de l'excentrique des grottes du Vignemale.
René Dreuil observait précédemment que nul ne sait en quoi consiste le pyrénéisme, sinon que les pyrénéistes le vivent, que certains alpinistes s'en réclament, et que, pour les pyrénéistes fervents, le pyrénéisme va mieux sans dire.
Concernant l'essence poétique et mystérieuse du pyrénéisme, Monique Dollin du Fresnel rappelle que Henry Russell, muni d'un duvet en peau d'agneau, rêvait de dormir une nuit, seul au sommet du Vignemale. Il l'a fait. Sous lui, la musique inquiétante du glacier. Au-dessus de lui, dans le froid stellaire, le gouffre du ciel. L'épreuve de l'angoisse cosmique a été si forte qu'il n'a pas souhaité la réitérer. Il a préféré par la suite dormir dans la grotte du Paradis, creusée à sa demande au pied de la Pointe Longue. Il remonte jusqu'à l'âge de 70 ans au sommet du Vignemale qu'il aura gravi ainsi 33 fois.
Monique Dollin du Fresnel rapporte qu'Henry Russell pyrénéiste réprouvait les exploits des "acrobates", surtout des "acrobates" pères de famille, qui, pour faire sensation, préfèrent les voies dangereuses aux voies sûres. C'est ainsi qu'en 1889, il critique sévèrement la première ascension du Vignemale par une cheminée de glace, dite "couloir de Gaube", située sur la face nord du massif, haute de 600 mètres et dotée d'une pente de plus de 50%. Henri Brulle, Jean Bazillac et Roger de Monts, conduits par les guides Célestin Passet et François Bernat-Salles, sont les inventeurs de cette voie d'accès.
Dédaigneux des exploits d'Henri Brulle et des siens, Henry Russell pendant ce temps loue le Vignemale via un bail emphytéotique de 99 ans. Il y fait creuser au total 7 grottes, dont la fameuse "Villa Russell". Il y vit l'été et il y donne des fêtes insolites, étranges ou folles, comme on veut. Lorsqu'arrivé à l'âge de 70 ans, il constate qu'il ne pourra plus monter au Vignemale, il se retire à Biarritz où il meurt de chagrin, puis meurt tout court.
René Dreuil observait tout à l'heure quant au pyrénéisme que ce qui fait le propre de dernier demeure question. La vie d'Henry Patrice Marie, comte Russell-Killough, fournit à cette question une réponse singulière autant qu'essentielle.
Une journée de rêve ! disais-je plus haut. Une journée à conserver en mémoire, riche de poésie, d'aventure et d'idées.
Une journée dont Martine Rouche, vice-présidente du Salon du Livre d'Histoire Locale de Mirepoix, a été l'initiatrice et le maître d'oeuvre inspiré. Qu'elle en soit ici remerciée au nom de tous. Grand merci aussi à Max Brunet, révéré et bien-aimé président du SLHLM.
1 commentaire au sujet de « Hommage aux Pyrénées – 13e journée d’hiver de l’histoire locale à Mirepoix »
Martine Rouche
Etant la plus mal placée pour rédiger ici un commentaire puisque je suis gratifiée de remerciements personnalisés, je fais fi de tout scrupule et j'y vais franchement !
Merci à toi pour ce récit incroyablement fidèle, riche et personnel de ce que toi et " l'amoureuse des Pyrénées venue spécialement de Pau " avez la gentillesse de qualifier de " journée de rêve " et de " folle journée ". (Nous comparer au " folles journées de Nantes " … j'en rougis de confusion et d'envie !)
Le projet était de faire un programme cohérent, en hommage aux Pyrénées et au pyrénéisme, existât-il ou non, et, en quelque sorte, un programme icônique d'une ascension nous emmenant de notre petite plaine vers les piémonts, puis vers l'exotisme des sommets. Hommage aussi aux habitants des piémonts, aux découvreurs des cimes, à Ann Lyster et à Henry Russell en particulier, et à nos brillants conférenciers aussi. Il semble que nous ayons atteint notre objectif ? En tout cas, les conférences comme les films ont su à la fois " décrire et peindre ", ne trouves-tu pas ? Et ce " décrire et peindre " sera aussi au coeur de la journée de septembre (samedi 25), puisque ce sera " Hommage aux Pyrénées II", ou les Pyrénées dans l'art et la littérature.
Je nous souhaite un très heureux second anniversaire de la rencontre de la dormeuse avec l'association du Salon du livre d'histoire locale de Mirepoix. Je renouvelle mes remerciements à Marie de Calages …
Martine Rouche
" C'est le 24 août que, pour la vingtième fois en trente étés, j'ai gravi le Vignemale : mais sur la cime, que je trouvai aussi méconnaissable que le glacier, tellement la foudre l'avait creusée & bombardée depuis l'année dernière, un vent glacial & menaçant soufflait avec une telle fureur, que mon séjour se réduisit à une apparition. Ce fut presque un martyre, & je redescendis à toute vitesse dans ma chère petite grotte, celle des Dames (3207 m), la plus aimable, la plus gracieuse & la plus chaude de toutes, la première à paraître à la fin de juillet, & la dernière à sombrer sous les neiges en octobre. Celle-là est mon plus grand succès : j'en suis très fier. Jamais par aucun temps, je n'y ai vu tomber une goutte : & cette fois-ci, dans les rafales de neige & de grésil qui nous gelaient les doigts devant la porte, son atmosphère nous semblait orientale. Si je disais que je la trouvai presque trop chaude, par son contraste avec l'air extérieur, on ne me croirait pas : je me contenterai donc de le penser …"
Henry Russell, Ma vingtième ascension au Vignemale, Revue des Pyrénées et de la France méridionale, tome III, année 1891, 2e trimestre, pages 276-277.
Anne-Marie Dambies
Compte rendu aussi brillant qu'à l'accoutumée!! c'est vrai! aussi bien Eric Fabre que Monique Dolin du Fresnel et René Dreuil , nous ont fait paresseusement voyager, et il faut en rendre hommage à Martine. Le phénomène soulevé par Eric Fabre ne se cantonne pas qu' au secteur qu'il a étudié mais à bien d'autres. Une seule critique, René Dreuil l'a aussi fait remarquer, dommage que le physique et le costume de l'acteur aient été aussi éloignés de la réalité
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