Christine Belcikowski

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Anne Antoinette de Belcastel. Un parcours de vie qui se dérobe. Seconde partie

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Comme indiqué dans la première partie de cet article, Anne Antoinette de Belcastel, qui est entrée à la Maison Royale de Saint Louis à l'âge de 9 ans le 14 octobre 1741, quitte cette maison à l'âge de 15 ans le 17 octobre 1747. Signalée infirme, elle bénéficie à ce titre d'une pension alimentaire de 100 livres qui lui sera servie jusqu'à ses vingt ans.

Où se rend-elle alors ?

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Anne Antoinette de Belcastel. Un parcours de vie qui se dérobe. Première partie

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En 1768, après un échec relatif de sa carrière à Paris, Gabriel Mailhol, écrivain né en 1725 à Carcassonne, retourne dans son Languedoc natal. Le 12 août 1768, il épouse à Saint-Papoul Jeanne Faure. Le 29 juin 1769 à Saint-Papoul, Jeanne Faure met au monde Marianne Pétronille Mailhol, puis, le 21 octobre 1772, un fils qui meurt à peine ondoyé. Elle meurt à son tour le 3 décembre 1772.

Vingt ans plus tard, le 8 avril 1792 à Mirepoix, il appert de l'acte de baptême de Michel Etienne Pascal Antoine Jean Jacques Gaston, enfant issu du mariage de Marianne Pétronille Mailhol et de Raymond Gaston, que Gabriel Mailhol, en un lieu et à une date que l'on ne sait pas, a épousé en secondes noces Anne Antoinette de Belcastel. Celle-ci est la marraine du nouveau-né.

belcastel_1792.jpg

« [Marraine], Dame Anne Antoinette Belcastel, épouse du Sieur Gabriel Mailhol, citoyen de Saint-Papoul et procureur de la commune, père de la Dame Gaston et aïeul maternel de l’enfant, laquelle en son absence a été représentée par Demoiselle Jeanne Hélène Mailhol, domiciliée à Mirepoix, grand-tante de l’enfant ». Archives dép. de l’Ariège. Mirepoix. Baptêmes, Mariages (1787-1792). Document 1NUM6/5MI665. Vue 196.

Un an plus tard encore, le 4 juin 1793, Gabriel Mailhol, « époux de Belcastel », meurt à Saint-Papoul.

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4 juin 1793. Acte de décès de Gabriel Mailhol. Archives dép. de l’Aude. Saint-Papoul (1792-1797). Document 100NUM/5E361/7. Vue 144.

Les deux actes reproduits ci-dessus constituent à ce jour les seuls témoins dont on dispose concernant le mariage de Gabriel Mailhol avec Anne Antoinette de Belcastel. J'ai cherché à savoir qui était Anne Antoinette de Belcastel.

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Arnaud de Mareuil. Dona, genser qu'ieu no sai dir... (extrait)

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Ci-dessus : Arnaud de Mareuil. BnF. MS 12473, folio 32r.

Arnaud de Mareuil, auteur de Dona, genser qu'ieu no sai dir... (Dame, plus gente que je ne sais dire...), est un poète de la fin du XIIe siècle. Né au château de Riberac, près de l'ancien village de Mareuil-sur-Belle, en Dordogne, issu d’une famille noble mais pauvre, Arnaud de Mareuil renonce rapidement à la cléricature pour se faire troubadour à la cour de Raimond V de Toulouse. Il dédie alors ses cansos à la comtesse Azalaïs de Toulouse, « Dona, genser qu'ieu no sai dir... », fille de Raymond V, épouse de Roger II Trencavel. Quand Alphonse II d'Aragon, également amoureux de la Dona, le supplante dans l'amitié de cette dernière, Arnaud de Mareuil quitte la cour de Raymond V pour se rendre à celle de Guilhem VIII de Montpellier. Vingt-cinq de ses cansos nous sont parvenus. Dante, Pétraque, Ezra Pound, spécialement dans l'art de la sixtine, ont admiré sa virtuosité. Admirons ici, dans le dernier huitain, l'art de la litote, ou l'art du « breu » : « E pueys farem breu viatge / Sovendet, e breu cami... »

Le texte reproduit ci-dessous, puis traduit délibérément au plus près, constitue la troisième partie de « Dona, genser qu'ieu no sai dir... », [Dame, plus gente que je ne sais dire...].

Belh m'es quand lo vens m'alena
En abril ans qu'intre mays,
E tota la nuegz serena
Chanta 'l rossinhols e'l jays ;
Quecx auzel en son lenguatge,
Per la frescor del mati,
Van menan joy d'agradatge ;
Com quecx ab sa par s'aizi !

E pus tota res terrena
S'alegra, quan fuelha nays,
No m puesc mudar no m sovena
D'un' amor don ieu sui jays ;
Per natur' e per uzatge
M' aven qu'ieu vas joy m' acli
Lai, quant fai lo dous auratge
Que m reven lo cor aissi.

Pus blanca es que Elena,
Belhazors que flors que nays,
E de cortezia plena,
Blanca dens ab motz verays,
Ab cor franc ses vilanatge,
Color fresca ab sauras cri :
Dieu qu 'l det le senhoratge
La sal, qu' anc gensor no vi.

Merce fara, si no m mena
D' aissi enan per loncs plays,
E don m' en un bais d'estrena,
E, segon servizi, 'l mays ;
E pueys farem breu viatge
Sovendet, e breu cami,
Qu' el sieu belh cors d'alegratge
M' a mes en aquest trahi. (1)

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Beau m'est quand le vent m'haleine
En avril, avant qu'entre mai,
Et que toute la nuit sereine
Chantent le rossignol et le jais,
Que chaque oiseau en son langage
Par la fraîcheur du matin
Va menant joie d'agrément ;
comme chacun auprès de sa pareille s'éjouit.

Et puisque toute chose terrestre
S'emplit d'allégresse, quand les feuilles naissent,
Ne puis empêcher qu'il me souvienne
D'un[e] amour par quoi je suis joyeux ;
Par nature et par usage,
Il m'advient que je vais à la joie enclin
Là, quand fait le doux orage
Qui me ravive le cœur ainsi.

Plus blanche est qu'Hélène,
Plus belle que la fleur qui naît,
Et de courtoisie pleine ;
Blanches dents et mots vrais,
Cœur franc sans vilénie,
Couleur fraîche et cheveu blond.
Dieu, qui lui donna la seigneurie,
[Qu'il] la sauve, car plus gente jamais n'en vis.

Merci fera, si elle ne me mène
D'ici là toutefois par de longs procès,
et me donnera un baiser d'étrenne
et selon mes services davantage ;
Et puis ferons bref voyage
Souvent et par bref chemin,
Car le sien beau corps d'allégresse
M'a mis en semblable train.

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1. Source : Pierre Bec. Les saluts d'amour du troubadour Arnaud de Mareuil. Coll. Bibliothèque méridionale. Série littéraire. Tome 31. Privat. Toulouse. 1961.

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Un miroir noir

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« Claude Gellée, dit Le Lorrain est connu pour avoir promené dans les paysages un "miroir noir". Ce miroir ovale, légèrement convexe, teinté au noir de fumée, était destiné à révéler à l’œil du peintre les compositions latentes dans les spectacles de la nature. » (1)

Déprends-toi du regard vison visu,
tourne le dos aux peupliers de la rive
au château qui tremble dans l’eau,
et vois dans le miroir
comme derrière toi l’horizon fuit
et comme s’ouvrent abracadabra
          dans sa fuite
des bras de lumière,
des bras de lumière à foison !
Ainsi éclairé,
          ordo mundi ? ordo Dei ?
le paysage se tisse
et dans son armure,
          nattée, reps ou cannelée,
le tableau se calcule,
un monde se fait.
Ut pictura,
          un poème aussi.

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Laurent Jenny. La Brûlure de l’image. Mimêsis. Sesto San Giovanni, Italie. 2019.

Jaufre Rudel. Amor de lonh

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BnF. Fonds français 854. Fol. 121v.

Il ne reste plus que six cansos, dont « Lanquan li jorn », de Jaufre Rudel, né entre 1110 et 1130 à Blaye, seigneur de Blaye, membre de la deuxième croisade (v. 1147-1149), mort vers 1170. La légende veut plutôt qu'il soit mort en 1148 dans les bras d'Hodierne de Tripoli, son amor de lonh.

Je tente ici une traduction au plus près du texte original de « Lanquan li jorn ». D'abord, l'original (attention ! le mot « amor » est féminin dans l'occitan médiéval) ; ensuite, la traduction. Ce poème a inspiré des textes contemporains.

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Lanquan li jorn son lonc en may
M’es belhs dous chans d’auzelhs de lonh,
E quan mi suy partitz de lay
Remembra·m d’un’amor de lonh :
Vau de talan embroncx e clis
Si que chans ni flors d’albespis
No·m platz plus que l’yverns gelatz.

Be tenc lo Senhor per veray
Per qu’ieu veirai l’amor de lonh ;
Mas per un ben que m’en eschay
N’ai dos mals, quar tan m’es de lonh.
Ai ! car me fos lai pelegrins,
Si que mos fustz e mos tapis
Fos pels sieus belhs huelhs remiratz !

Be·m parra joys quan li querray,
Per amor Dieu, l’alberc de lonh :
E, s’a lieys platz, alberguarai
Pres de lieys, si be·m suy de lonh :
Adoncs parra·l parlamens fis
Quan drutz lonhdas er tan vezis
Qu’ab bels digz jauzira solatz.

Iratz e gauzens m’en partray,
S’ieu ja la vey, l’amor de lonh :
Mas non sai quoras la veyrai,
Car trop son nostras terras lonh :
Assatz hi a pas e camis,
E per aisso no·n suy devis...
Mas tot sia cum a Dieu platz!

Ja mais d’amor no·m jauziray
Si no·m jau d’est’amor de lonh,
Que gensor ni melhor no·n sai
Ves nulha part, ni pres ni lonh ;
Tant es sos pretz verais e fis
Que lay el reng dels Sarrazis
Fos hieu per lieys chaitius clamatz !

Dieus que fetz tot quant ve ni vai
E formet sest’amor de lonh
Mi don poder, que cor ieu n’ai,
Qu’ieu veya sest’amor de lonh,
Verayamen, en tals aizis,
Si que la cambra e·l jardis
Mi resembles tos temps palatz !

Ver ditz qui m’apella lechay
Ni deziron d’amor de lonh,
Car nulhs autres joys tan no·m play
Cum jauzimens d’amor de lonh.
Mas so qu’ieu vuelh m’es atahis,
Qu’enaissi·m fadet mos pairis
Qu’ieu ames e nos fos amatz.

Mas so q’ieu vuoill m’es atahis.
Totz sia mauditz lo pairis
Qe·m fadet q’ieu non fos amatz !

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Quand les jours sont longs en mai
Me plaît le doux chant des oiseaux de loin
Et quand moi suis parti de là
Me souviens d’une amour de loin :
Vais de désir saisi et cloué
Si bien que ni chants ni fleurs d’aubépine
Ne me plaisent plus que les hivers gelés.

Bien tiens le Seigneur pour vrai
Par qui je verrai l’amour de loin ;
Mais pour un bien qui m’en échoit,
En ai deux maux, car tant elle m’est loin.
Ah ! me faire là-bas pèlerin,
Afin que mon bâton et ma cape
Soient par ses beaux yeux remarqués !

Bien me viendra joie quand lui querrai,
Pour l’amour de Dieu, l’auberge de loin :
Et s’il plaît à elle, logerai
Près d’elle, même si je suis de loin ;
Alors viendront les entretiens vrais
Quand l’amant lointain sera si voisin
Que de tels beaux dits tiendra joie !

Triste et joyeux m’en irai
Si je la vois jamais, l’amour de loin ;
Mais ne sais quand la verrai,
Car trop sont nos terres lointaines :
Beaucoup y a de voies et chemins,
Et, pour ce, ne suis pas devin...
Mais tout sera comme à Dieu plaît !

Jamais d’amour ne jouirai
Si ne jouis de cette amour de loin,
Car plus gente ni meilleure ne sais
Vue nulle part, ni près ni loin ;
Tant est son prix vrai et certain
Que, là-bas, en royaume des Sarrasins
Y voudrais, pour elle, me clamer captif.

Dieu qui fit tout ce qui vient et va
Et forma cette amour de loin,
Me donne pouvoir – car cœur je n’ai –
Que je voie cette amour de loin,
Véritablement, en tels lieux,
Que la chambre et le jardin
Me semblent en tous temps palais !

Vrai dit qui m’appelle friand
Et désireux d’amour de loin,
Car nulle autre joie autant ne me plaît
Que la jouissance d’amour de loin.
Mais ce que je veux m’est interdit,
Car ainsi m’a destiné mon parrain,
Que j’aime et non que sois aimé.

Mais ce que je veux m’est interdit.
Tout soit maudit le parrain
Qui m’a fait destin que je ne sois pas aimé !

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